BRUYS Antoine, Amédée [BRUIS]

Par Notice revue et complétée par J. Risacher

Né le 29 octobre 1817 à Cluny (Saône-et-Loire), mort le 28 décembre 1878 à Saint-Pierre-le-Vieux (Saône-et-Loire). Avocat et représentant de Saône-et-Loire en 1848 et 1849. Démocrate socialiste.

Fils du maire de Cluny, Philibert Amédée Bruys, sous la monarchie de Juillet. Républicain militant, Antoine Bruys s’affilia aux sociétés secrètes et mena contre la monarchie de Juillet une lutte sans merci. Étudiant en droit à Paris en 1836 demeurant 16, Passage Dauphine, hôtel du Buffet (Xe arr., maintenant VIe), ami de Dussoubs*, il partagea les activités de la Société des Familles. Le 2 juin 1836, alors que le commissaire de police Yon perquisitionnait chez Genin*, rue Dauphine, il saisit chez la portière une lettre de Villedieu*, l’un des inculpés au procès des poudres, adressée à Bruys, saisie qui amena l’arrestation de Bruys. Il fut écroué à La Force le 5 juin 1836 puis transféré à Sainte-Pélagie, le 26 août, inculpé au procès de fabrication de cartouches du 29 septembre et condamné à 4 mois d’emprisonnement et 500 F d’amende, pour association, complot et détention d’armes. Il fit appel et, cette affaire ayant été jointe au procès des poudres d’août, comparut au procès d’appel d’octobre où il vit ses peines confirmées, le 23 octobre. Libéré le 26 janvier 1837, peine expirée, il fut de nouveau poursuivi en 1838, toujours pour les mêmes raisons mais dans le cadre de la Société des Saisons, le 19 septembre 1838, il fit l’objet d’une ordonnance de la Chambre du Conseil du tribunal de première instance du département de la Seine le renvoyant en correctionnelle avec Raban*, Raisant*, Dussoubs*, Dubosc*, Lardon*.Il fut condamné pour fabrication de munitions de guerre à 18 mois de prison, peine confirmée en appel le 30 janvier 1839. Emprisonné d’abord dans la centrale de Melun, à cause de la réorganisation des emprisonnements consécutive à la prise d’armes du 12 mai 1839, il fut transféré avec Giraud*, entre la fin mai et la mi-juillet, à Doullens où il retrouva Dussoubs, venant du Mont-Saint-Michel. Le 1er octobre il était considéré comme calme et se livrant à l’étude. Le 6 octobre 1839 il écrivit au préfet de la Somme pour lui demander le droit pour les prisonniers de se réunir pour écrire une pétition aux députés. Il participa, à des manifestations républicaines, en général bruyantes à l’intérieur de la prison et fut mis au cachot le 6 février 1840 avec 10 autres prisonniers pour injures au directeur. Les enfermés entretenaient une lutte farouche. Après un refus de grâce début mars, il sera libéré le 9 avril 1840. Il partit à Paris avec un certain Bianchi et un nommé Vexiot, représentant en librairie, qui ne fut pas retrouvé.
Républicain démocrate de tendances socialistes, il représenta à Cluny, de 1840 à 1848, les idées les plus avancées. Son surnom était Bruys le Républicain, bien avant la révolution de Février. Il participa activement à la campagne des Banquets.
Le 23 avril 1848, il fut élu représentant de Saône-et-Loire, par 67 178 voix (votants : 131 092 ; inscrits : 136 000). Il vota constamment avec la gauche : le 9 août 1848, contre le rétablissement du cautionnement ; le 1er septembre contre le rétablissement de la contrainte par corps ; le 26 août contre les poursuites à l’égard de Louis Blanc et de Marc Caussidière ; le 18 septembre pour l’abolition de la peine de mort ; le 7 octobre pour l’amendement Grévy ; le 2 novembre pour le droit au travail ; le 4 novembre contre l’ensemble de la Constitution ; le 28 décembre pour l’abolition de l’impôt sur le sel ; le 16 avril 1849 contre l’expédition de Rome ; le 2 mai, pour l’amnistie aux transportés de juin 1848.
Il fut réélu à la Législative, le troisième sur douze, toujours en Saône-et-Loire, par 74 975 voix (votants : 109 200 ; inscrits : 152 441). Il siégea à la Montagne et vota, notamment, la mise en accusation du président de la République et de ses ministres, qu’il avait déjà réclamée, sous la Constituante, le 11 mai 1849. Il signa l’appel des parlementaires du "Comité central des Associations démocratiques et corporatives ouvrières" pour "renforcer la phalange décimée des Représentants de la République démocratique" (voir Gambon Charles*) et appeler à voter pour Cabet, Raspail et Thoré* lors des élections législatives de mai 1849
En 1850, en compagnie d’Alphonse Gent, chef du « complot de Lyon », il entra en relations avec les républicains révolutionnaires réfugiés en Suisse, pour leur donner connaissance du plan de soulèvement élaboré par Gent.
Lors du coup d’État de 1851, il dut se réfugier en Belgique. Il vécut à Louvain d’où il revint après l’amnistie de 1859.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article27797, notice BRUYS Antoine, Amédée [BRUIS] par Notice revue et complétée par J. Risacher, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 26 août 2018.

Par Notice revue et complétée par J. Risacher

SOURCES : Arch. Nat., BB 30/394, P. 414 bis. — Arch. Dép. Paris (Seine), Registres d’écrou DY4/32- 2415 ; DY8/10-2934 (1836). — Arch. Dép. de la Somme, Registres d’écrou, série Yb15 (1839) — A. Robert, E. Bourleton, G. Cougny, Dictionnaire des Parlementaires français, 1789-1889, Paris, Borl, 1891. — P. Maritain, « La famille Bruys en Mâconnais », Annales de l’Académie de Mâcon, 1904, p. 1-77. — Cour des pairs. Procès politiques, 1835-1848, Inventaire dressé par J. Charon-Bordas, Paris, Archives Nationales, 1984, CC 725. — Jean-Claude Vimont, La prison politique en France, Paris, Anthropos, 1993. — L.-A. Blanqui, œuvres I. Des origines à la Révolution de 1848, textes présentés par D. Le Nuz, Nancy, Presses Universitaires, 1993. — Gazette des Tribunaux, 30 septembre 1836, p. 1072

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