BUGNET Nicolas

Par M. Cordillot

Né le 24 septembre 1749 à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle), mort le 4 mai 1822 dans cette même ville. Co-auteur de la plus connue des utopies de l’époque napoléonienne.

N. Bugnet fit la connaissance de Pierre Jaunez-Sponville*, qui allait devenir son inséparable ami, à l’occasion d’un voyage que ce dernier fit à Saint-Petersbourg en Russie en 1779, où lui-même séjournait depuis deux ans.
Il y a tout lieu de penser que les deux hommes furent en 1790-1791 membre du Club des Amis de la Loi de Théroigne de Méricourt, lequel fut fondé le 10 janvier 1790 : l’historien Marcellin Pellet mentionne en effet parmi les fondateurs de ce club les citoyens Duguet (Bugnet ?) et Sponville.
Après la mort de Jaunez-Sponville en 1805, Bugnet entreprit de mettre en forme les notes que ce dernier avait rédigées à partir de leurs conversations. De là naquit la plus connue des utopies de l’époque napoléonienne.
À la fin de l’année 1808 parut le Catéchisme social ou exposition familière des principes posés par feu M.P.I.J.** S.** [Pierre Ignace Jaunez-Sponville], dans un ouvrage inédit auquel il a donné pour titre : Recherches sur la nature des êtres sensibles (Paris, chez Le Normant, 1808, 72 p et 2 ff d’errata).
Ce catéchisme fut ensuite inséré dans la célèbre utopie La Philosophie du Ruvarebohni, pays dont la découverte semble d’un grand intérêt pour l’homme, ou récit dialogué des moyens par lesquels les Ruvareheuxis, habitants de ce pays, ont été conduits au vrai et solide bonheur, par feu P.I.J.S** et Nicolas Bugnet ([Paris], de l’Imprimerie de Le Normand, s. d. [1809], 2 vol., 283 et 222 p., 1 f. d’avis et 2 ff. de table).
Ces deux ouvrages restèrent longtemps attribués à Grimod de la Reynière (pour le Catéchisme) et à Rétif de la Bretonne (pour le Ruvarebohni) avant que l’identité des véritables auteurs ne soit percée à jour.
Le Catéchisme social, est une tentative de définir « les conventions par lesquelles des hommes qui veulent établir entre eux une société générale se lient dans l’intention d’opérer le bonheur de tous. "
Ruvarebohni est l’anagramme de vrai bonheur et Ruvareheuxis l’anagramme de vrais heureux. L’utopie ne consiste pas seulement en un voyage imaginaire, comme il y en eut beaucoup, mais c’est également un brûlot politique. Les allusions à la France (Narcef), aux Français (Inarçafs) et à Napoléon (Ponelano) n’échappèrent pas aux lecteurs.
La rareté de ces deux ouvrages ainsi que le manque d’information concernant les auteurs a conduit certains bibliographes à émettre l’hypothèse que la quasi totalité des exemplaires du premier, sinon des deux ouvrages mentionnés auraient été saisis par la police impériale et détruits. Or, il n’en fut rien. La préface du manuscrit préparé par N. Bugnet vers 1820 pour une réédition jamais parue du Ruvarebohni (aujourd’hui propriété de la bibliothèque Waseda au Japon) ne mentionne nulle saisie du Catéchisme, mais précise en revanche que l’édition originale du Ruvarebohni, tirée à 420 exemplaires, ne fut jamais mise dans le commerce. Elle fut envoyée gratuitement à toutes les personnes jugées susceptibles d’être intéressées, en leur demandant de la payer en cas de satisfaction. Dix ans plus tard, 270 des quelque 400 destinataires avaient fait parvenir à Bugnet la somme demandée.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article27832, notice BUGNET Nicolas par M. Cordillot, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 février 2009.

Par M. Cordillot

SOURCES : Carle de Rash a réédité le Ruvarebohni (Paris, Fischbacher, 1881, 2 vols. in-12 ; Bibl. Nat., 8° R/3737), et identifié les auteurs. — A. Lehning, De Buonarroti à Bakounine, Paris, Champ libre, 1977, p. 37-43. — Marcellin Pellet, Étude historique et biographique sur Théroigne de Méricourt, Paris, Quantin, p. 37-38.

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