BUTTOUD Antoine ou BUTTOUT Antoine ou BUTHOUD Antoine

Par Thomas Bouchet

Né vers 1780 à Paris., mort vers 1850 ; limonadier ; républicain, insurgé des 5 et 6 juin 1832.

Dans les premières années de la monarchie de Juillet, Antoine Buttoud habitait au 33 rue Saint-Antoine (VIIIe arr. ancien, actuel XIIe) ; il était marié et il avait un enfant. Pour sa participation à l’insurrection des 5 et 6 juin 1832, le premier conseil de guerre le condamna à mort, le 29 juin 1832. Il était reconnu coupable de « constitution d’une association de malfaiteurs » pour « attentat dont le but était de détruire ou de changer le gouvernement [...], d’exciter les citoyens et habitants à s’armer contre l’autorité royale », et de tentative de meurtre. Quatre des insurgés arrêtés en même temps que lui, appartenant à la classe des artisans et des petits commerçants, furent condamnés à des peines de travaux forcés. La présence parmi eux d’un décoré de Juillet qui ne semble pas être républicain signifie sans doute qu’il s’agissait de mécontents, irrités par la politique gouvernementale et aigris par la persistance de la crise économique (Voir Hennebaud*). Son affaire fut jugée à nouveau en cour d’assises de la Seine, et c’est à la déportation qu’il fut cette fois condamné (21 ou 22 novembre 1832). Alors âgé de 52 ans, il comptait parmi les vétérans de l’insurrection.
Incarcéré dans un premier temps à Sainte Pélagie, il fut transféré dans le quartier politique de la maison centrale du Mont-Saint-Michel le 4 juin 1833, au même moment que Charles Jeanne, Victor Prospert*, Henry Hassenfratz* et d’autres condamnés de juin 1832. Il s’y comporta en ardent républicain, participant à de nombreuses manifestations séditieuses (chants, port du bonnet rouge, etc.), s’opposant avec fermeté aux détenus légitimistes incarcérés dans la même enceinte. En mai 1834, le directeur du Mont-Saint-Michel l’accusa d’avoir tenté de convertir au républicanisme deux détenus de droit commun. Des proclamations furent saisies à cette occasion dans sa cellule. Buttoud fut condamné à dix jours de cachot. Selon le directeur, il faisait alors partie d’un groupe d’opposants inflexibles, hostiles à toute perspective de compromis avec les autorités. Il y demeura jusqu’au 18 mai 1836.
Transféré à Doullens, il bénéficia de la grâce du 6 octobre 1836. Il décéda probablement en 1850 : à compter de cette date, les secours qu’il touchait comme condamné politique du régime de Juillet furent versés à sa veuve.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article27900, notice BUTTOUD Antoine ou BUTTOUT Antoine ou BUTHOUD Antoine par Thomas Bouchet, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 26 juillet 2022.

Par Thomas Bouchet

SOURCES : Arch. PPo, Aa/367. Arch. Nat, F16/411, BB18/1330, CC/597. — Arch. Min. Guerre, justice militaire (dossiers non classés). — Gazette des Tribunaux, 30 juin 1832. — Edmond L’Hommedé, Le Mont-Saint-Michel, prison politique sous la monarchie de Juillet, Paris, Boivin et Cie, 1932, 195 p. — J.-C. Vimont, La prison politique en France, genèse d’un mode d’incarcération spécifique, XVIIIe-XXe siècles, Paris, Anthropos, 1993, 504 p. — Note de J.-C. Vimont.

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