CHENU Adolphe (Jacques-Etienne-Adolphe CLÉRISSE)

Né 18 avril 1816 à Paris (VIe arr.) ; ouvrier cordonnier travaillant sans doute à son compte ; combattant de février et de juin 1848.

Adolphe Chenu fut l’un des plus jeunes inculpés pour l’insurrection des 5 et 6 juin 1832. Il avait été arrêté dans la soirée du 5 sur le quai de la Cité, en même temps que quatre autres individus légèrement plus âgés que lui : Adolphe Birtet (tourneur sur cuivre, 23 ans), Antoine Morsaline (tabletier, 18 ans), Joseph Hendrickx (cordonnier, 18 ans), François Frèrejean (serrurier, 20 ans). Il fut de nouveau arrêté pour fraude en février 1835 et pour désertion en octobre 1842, il semble que dès lors sa participation aux affaires politiques qui lui valurent de nouvelles arrestations en septembre 1843 et en juillet 1847 (affaire des bombes incendiaires) ait été inspirée par la police. Le 24 février 1848, il occupa la préfecture de police en compagnie de Caussidière qui fit de lui un capitaine de Montagnards. Il chercha à s’éloigner de Paris en s’enrôlant dans les bandes qui seront dispersées en Belgique, dans l’affaire de Risquons-Tout, puis dans les volontaires polonais. Pour éviter les vengeances de ceux qui connaissaient sa vie antérieure, il décida de se mêler activement à l’insurrection de Juin tout en se réservant un alibi, comme atteint de fluxion de poitrine. Place des Trois-Bornes, il se joignit aux individus étrangers à son quartier qui voulaient faire des barricades malgré les capitaines : « Il faut en élever, dit-il, on saura bien se passer de leur consentement, je me f... d’eux et les retrouverai plus tard. » Il fit fouiller les maisons et prit le commandement de la barricade. Il inspira le désarmement d’une unité de dragons, auxquels il enleva des armes et un cheval. Il avait commandé le feu alors que les capitaines de sa compagnie s’étaient retirés. Le 25 juin, il figurait encore sur la barricade, mais il rentra dans l’après-midi. Arrêté le 26 juillet sur dénonciation, il fit des dépositions contre divers insurgés et contre les chefs des Montagnards qu’il avait connus. Par la suite, gracié de la transportation de septembre 1848, il publia contre les révolutionnaires des sociétés secrètes de la monarchie de Juillet et de 1848 plusieurs libelles diffamatoires qui ne sont peut-être pas tous sortis de sa plume et qui n’ont même pas l’intérêt des livres de Delahodde* , signés de La Hodde, dont les erreurs passent cependant trop souvent pour des témoignages fiables. En ce qui concerne Chenu, il s’agit d’anecdotes, pour la plupart controuvées ou invérifiables.

Il vivait encore en 1872 puisqu’il publia Le Mémorial de Napoléon III, une charge virulente contre l’empereur déchu.

Dans l’Intermédiaire des chercheurs et curieux des 20-30 octobre 1920, col. 187, « Hy. » posait une question sur « Adolphe Chenu, auteur des "Conspirateurs" (1816-1884) » et écrivait en particulier : "... Clérisse, plus connu sous le nom de Chenu (Jacques-Etienne-Adolphe) est né à Paris, sur le 6e arrondissement ancien, le 18 avril 1816. de Jacques-Étienne Clérisse ... ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article28643, notice CHENU Adolphe (Jacques-Etienne-Adolphe CLÉRISSE), version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 1er août 2022.

ŒUVRE : Les Conspirateurs. Les Sociétés secrètes. La Préfecture de police sous Caussidière. Les Corps-francs, édition belge, Bruxelles, 1850 ; édition française, Paris, Garnier, 1850. — Les Chevaliers de la république rouge (avec Lucien de La Hodde), Paris, Giraud et Dagneau, 1851. — Le Mémorial de Napoléon III, 1872.

SOURCES : Arch. Min. Guerre, A 11963. — Bibl. Hist. Ville de Paris, manuscrit 1213. — — Journal des débats politiques et littéraires, 13 décembre 1843. — Notes de Thomas Bouchet, Jacques Grandjonc, Ch. Dupêchez et Pierre Baudrier.

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