Par A. Potofsky
Imprimeur.
Ouvrier imprimeur, vivant rue Séverin à Paris , Noël Claud a mené une grève sous le Directoire à l’initiative des ouvriers dans l’atelier de la fabrication des assignats. Il fut arrêté et interrogé avec trois autres ouvriers de l’atelier : Blanchard, Landais, Postriant (prénoms inconnus). Leur mouvement de grève a eu lieu le 6 novembre 1795 au début d’un hiver particulièrement rude et pendant une époque d’hyper inflation. Les conditions du travail dans cet atelier de l’État se sont dégradées afin d’augmenter la production des assignats. La veille, Claud a contribué à lancer une pétition, signé par 225 ouvriers imprimeurs, appelant à une diminution des heures de travail qui pendant cette crise monétaire et économique étaient quatorze heures par jour (une heure pour le repas). La pétition exigeait aussi une augmentation des salaires par deux : de 40 francs à 80 francs par jour !
La grève n’a duré qu’une journée car le nouveau Directoire exécutif, installé depuis le 2 novembre 1795, a invoqué le notoire article 145 de la Constitution de l’an III. Celui-ci a permis au Directoire — et donc le pouvoir exécutif — de décerner des mandats d’arrêt pour protéger la sécurité du gouvernement constitutionnel. Noël Claud et la grève des ouvriers imprimeurs dans l’atelier de la fabrication des assignats ont donc figuré dans le début de l’histoire de la répression sous les nouveaux termes de la Constitution de l’an III.
Par A. Potofsky
SOURCES : Arch. Nat., AF III 314 dos. 1241. — Raymond Guizot, « Une Grève sous le Directoire, » Revue d’histoire du XVIIe au XXe siècle, 3, 1910. — Michael Sibalis, « Parisian Labor During the French Revolution », Historical Papers/Communications historiques, Ottawa, Canada, 1986. — Isser Woloch, Jacobin Leqacy The Democratic Movement Under the Directory, Princeton, New Jersey (USA), Princeton University Press, 1970.