Par notice complétée par Gauthier Langlois
Né le 7 janvier 1808 à la Mothe-Saint-Héray (Deux-Sèvres), cafetier à Saint-Maixent (Deux-Sèvres), militant révolutionnaire de la Deuxième République. Opposant au coup d’État du 2 décembre 1851, il fut expulsé et se réfugia en Belgique puis à Jersey.
Il était fils de François Clerc boulanger et de Magdelaine.
Certains documents le signalent également comme « pâtissier, cafetier à Saint-Maixent ». Il fut candidat socialiste aux élections du 23 avril 1848 à l’Assemblée constituante dans les Deux-Sèvres, mais ne fut pas élu.
Dans une lettre ouverte datée du 12 juin 1850 et publiée par le journal socialiste L’œil du Peuple (n° du 30 juin 1850), Louis Clerc et trois autres démocrates de Saint-Maixent protestaient contre plusieurs infractions commises par l’administration municipale en ce qui concernait la loi du 22 mars 1831 sur la garde nationale.
Une liste des « chefs des sociétés secrètes » et des « meneurs du parti socialiste » dans les Deux-Sèvres, établie par la police après le coup d’État, dépeint Clerc en ces termes :
« Cafetier. Agent actif de propagande dans toutes les communes environnantes (de Saint-Maixent) ; c’est chez lui qu’avaient lieu les conciliabules communistes ; chez lui que s’arrêtaient les voyageurs de la propagande ; il les faisait héberger. C’est chez lui aussi que se dressaient les listes de proscription ; le niveau et l’équerre sont les emblèmes peints dans son café ; on a dû les faire disparaître de son enseigne. Actif, agressif et très ardent... »
Le 11 février 1852, la Commission mixte des Deux-Sèvres le désigna pour être expulsé du territoire, avec les attendus suivants :
« Attendu que Clerc s’est fait de tout temps l’agent le plus hardi et le plus remuant du parti démagogique à Saint-Maixent ; qu’il en était en toute occasion l’émissaire le plus actif et souvent l’orateur ; que son café était notoirement le lieu de réunion du parti ; qu’il avait même pris soin de l’indiquer par les emblèmes révolutionnaires dont il l’avait décoré ; qu’il était toujours l’un des promoteurs et des orateurs des banquets politiques organisés dans les campagnes environnantes ;
« attendu que Clerc était en outre l’intermédiaire entre les anarchistes de Niort et ceux de Parthenay et Bressuire, et que toutes les réunions de quelque importance qui ont eu lieu dans l’arrondissement de Parthenay ont eu lieu avec sa participation ;
« attendu que le 3 décembre il a envoyé chercher Allard et s’en est servi comme d’émissaire pour se mettre en rapport avec les hommes du parti à Niort et ceux de Bressuire... »
Avec ses compatriotes Auguste Allard et Edmond Allain il se retira d’abord en Belgique, puis à Jersey.
Par décision impériale du 25 octobre 1854 sa peine fut commuée en surveillance. Revenu en France il fut déporté en Algérie par mesure de « sûreté publique », le 16 mars 1858. Il adressa sa soumission au gouvernement impérial et sollicita l’autorisation de rentrer en France « pour y reprendre, comme par le passé, sa profession de commis voyageur » (?)
Dans un rapport du 22 avril 1859 au ministre de l’Intérieur, le préfet des Deux-Sèvres rappelait que Clerc, « après avoir obtenu la remise de son expulsion de France, prononcée en 1852, n’avait en rien modifié son passé et était resté un homme assez dangereux pour que la surveillance s’exerçât toujours à son égard.
J’ai lieu de craindre, poursuivait-il, qu’après avoir si mal reconnu un premier acte de clémence, il ne persévère dans ses antécédents... » Aussi, le préfet proposait-il que le séjour dans les Deux-Sèvres fût interdit à Clerc.
Par décision ministérielle du 25 juillet 1859, Clerc fut autorisé à rentrer provisoirement en France, sous la condition de demeurer soumis à l’internement hors des Deux-Sèvres, le département assigné étant la Loire-Inférieure.
Par notice complétée par Gauthier Langlois
SOURCES : Arch. Dép. Deux-Sèvres, 4 M 6/17, 4 M 15/4. — Émile Monnet, Archives politiques du département des Deux-Sèvres, t. I. — Antonin Lévrier, Histoire des Deux-Sèvres, 1885. — Jean-Claude Farcy, Rosine Fry, « Clerc - Louis », Poursuivis à la suite du coup d’État de décembre 1851, Centre Georges Chevrier - (Université de Bourgogne/CNRS), [En ligne], mis en ligne le 27 août 2013. — Notes de Gauthier Langlois.