COIGNET Clarisse, née GAUTHIER.

Par J.-C. Dubos

Née le 17 novembre 1823 à Montagney (Doubs), morte le 2 juin 1918 à Dampierre-sur-le-Doubs (Jura). Éducatrice et femme de lettres. Fouriériste et républicaine.

Fille du maître de forges Joseph Gauthier et de Virginie Génisset, nièce de Clarisse Vigoureux, Clarisse Gauthier, après la faillite de son père en 1841, passa à Paris un brevet d’aptitude à l’enseignement et partit en 1847 comme lectrice de français à Liverpool (Angleterre) où elle se convertit au protestantisme. A son retour en France, Aimée Beuque* l’introduisit dans le milieu fouriériste lyonnais où elle fut présentée par le docteur Barrier* à François Coignet* qui l’épousa en 1850. De ce mariage naquirent trois enfants dont une fille Lucy Coignet (1850) qui, veuve du comte de Gérando-Teleki se remaria avec Auguste Kleine, ingénieur des Ponts-et-Chaussées. C’est Auguste Kleine qui, à la mort de Julie Vigoureux* (1880), épouse de Victor Considerant*, recueillit chez lui de dernier qu’il entoura de soins filiaux et dont il fut l’exécuteur testamentaire.
Collaboratrice de La Morale indépendante, revue du franc-maçon Alexandre Massol* et de la Revue bleue fondée par Eugène Yung, gendre de son mari, elle publia de nombreux ouvrages dont une biographie d’Élisa Lemonnier* et surtout en 1895 la première biographie de Victor Considerant, son cousin par alliance, ouvrage de première main auquel on a toujours intérêt à recourir (il s’agit en fait de chapitres détachés de ses Mémoires). Sous le Second Empire et la IIIe République, Clarisse Coignet tint à Paris un salon républicain, fréquenté par Louise Ackermann, Marie d’Agoult, Louis de Ronchaud, et même Barbey d’Aurevilly (ils avaient une grande amie commune, Louise Read). Tous ces personnages sont évoqués avec beaucoup de bonheur dans ses Mémoires publiés hors commerce, mais dont un exemplaire a été déposé à la Bibliothèque Nationale et un autre à la Bibliothèque de Besançon.
Amie de Jules Ferry et de Ferdinand Buisson, Clarisse Coignet joua un rôle important (quoique discret) dans l’organisation de l’enseignement féminin sous la IIIe République.
Son petit-fils Jean Garnier-Coignet (1895-1978), neveu d’Auguste Kleine, a fait en 1968 au Musée du Palais Granvelle à Besançon un don très important de portraits, peintures ou sculptures de la famille qui ont rejoint au Palais Granvelle le célèbre portrait de Fourier commandé à Jean Gigoux par Clarisse Vigoureux en 1834.
Deux lettres de Clarisse Coignet (1869 et 1871, celle-ci sur la mort d’Aimée Beuque), cataloguées sous le nom de son mari François Coignet sont conservées aux AN. I0 AS 37 (4). Une autre (1842) est à la Bibliothèque municipale de Besançon.
Voir : Beuque Aimée*, Gauthier Joseph*, Génisset François-Joseph*, Lemercier Élisa*, Massol Alexandre*, Vigoureux Clarisse*, Vigoureux Paul*.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article28892, notice COIGNET Clarisse, née GAUTHIER. par J.-C. Dubos, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 février 2009.

Par J.-C. Dubos

œUVRE : De l’enseignement public, au point de vue de l’Université, de la commune et de l’État, Paris, 1856. — Biographie de Mme Lemonnier, fondatrice de la Société pour l’enseignement professionnel des femmes, Paris, 1866. — La Morale indépendante dans son principe et son objet, Paris, 1869.— De l’affranchissement politique des femmes en Angleterre, Paris, 1874.— Cours de morale à l’usage des écoles laïques, Paris, 1874.— De l’éducation dans la démocratie, Paris, 1881 — La morale dans l’éducation, Paris, 1883. — La Réforme française avant les guerres civiles..., Paris, 1890 ; 2e éd. 1898. — Victor Considerant, sa vie, sonœuvre, Paris, 1895.. — Enfin, ses mémoires intitulés C.C. Mémoires parurent à Lausanne, impr. Pache-Vadel, en 4 volumes, de 1899 à 1903.

SOURCES : Juliette Adam, Mémoires, v. II, p. 109 et III, p. 41. — J. Balteau, M. Barroux, M. Prévost, R. d’Aman, T. de Morembert, Dictionnaire de Biographie française, Paris, Letouzey, 1933 sq. (l’article la présente à tort comme « agnostique d’origine protestante » c’est l’inverse qui est vrai : « protestante d’origine agnostique ». — Marie-Lucie Cornillot, « La salle des sociologues comtois au Palais Granvelle »,.Procès-Verbaux et Mémoires de l’Académie de Besançon, 1976. — Janine Joliot, « Clarisse Coignet », Procès-Verbaux et Mémoires de l’Académie de Besançon, années 1983, 1984 et 1986. — Jean-Claude Dubos, « Une famille de maîtres de forges, les Gauthier », Bulletin de l’Académie de Lettres, Sciences et Arts de la Haute-Saône, vol. 17, 1984. — Mary Helen Waithe ( dir.), A History of Women philosophers, Khuwer, Academy Publishers, 1991, vol. 3, p. 171-183.

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