COLMANCE Charles

Par Philippe Darriulat

Né et mort à Paris (26 avril 1806, 13 septembre 1870)  ; chansonnier.

Charles Colmance
Charles Colmance
Communiqué par Philippe Darriulat

Dans une de ses chansons intitulée Ma Biographie, ce graveur sur bois pour impression sur étoffes dit avoir été « en classe (…) quelques mois », mais y avoir surtout récolté des « bonnets d’âne » : « avec moi, la secte savante/ Perdait son temps et ses discours ». Il est avant tout une des principales vedettes des goguettes parisiennes qu’il fréquente dès son plus jeune âge. Dans un premier temps il n’écrit pas de chansons mais se contente d’interpréter celles d’autres auteurs et notamment de son ami Ambs [Dalès]. Il a trente-cinq ans lorsqu’il propose ses premières productions qui rencontrent immédiatement un grand succès dans les sociétés chantantes et notamment Au sacrifice d’Abraham et à la Lice chansonnière où il est tout de suite admis. Il a alors déjà effectué son service militaire, au moins partiellement en Afrique, pendant sept ans. Contrairement à la plupart des goguettiers il n’écrit pas de chansons politiques mais préfère des chansons légères qui rencontrent d’importants succès populaires. Mis à part un texte de 1847 violemment opposé à Guizot – Fich-Tong-Kang, acclamation Chinoise dédiée à Lord Guizot, Paris, Durand, 1847 – la seule exception à cette règle date de la deuxième République. Emporté par la vague de politisation qui touche alors tous les chansonniers, il propose dans Le Républicain lyrique d’avril 1849 « La République en 1849, ou les beaux jours perdus ». La guerre de Crimée lui permet aussi de rédiger quelques refrains patriotiques. Il participe à de nombreux livrets destinés au colportage comme La Lyre du ménestrel parisien chez Eyssautier ou Les Joyeux drilles, chansonnier nouveau chez Durand. La plupart de ses compositions sont publiées par Vieillot qui fait imprimer en 1862 un volume de ses œuvres complètes. On y trouve notamment une chanson en l’honneur de [Charles Gille] « Qui vit la liberté du monde,/ Avec les yeux de l’avenir. » En 1844 il avait participé au recueil La Chanson de nos jours dont ce même Charles Gille avait assuré la coordination (« Le Cochon d’enfant », « Le Cabaret des trois lurons »). Pourtant il semble qu’il n’ait jamais partagé les convictions républicaines et socialistes de l’auteur du Vengeur. Défenseur de la chanson apolitique il a même été proposé, dans les années 1860, comme censeur de la commission de l’estampille. En 1854 il ouvre à Paris un petit restaurant et en 1864 nous le retrouvons libraire au coin du boulevard de la Chapelle et de la rue du Faubourg-Poissonnière. L’influence qu’il exerça sur les chansonniers parisiens, qui se retrouvent tous à son enterrement en septembre 1870, fut considérable. Il a par ailleurs été particulièrement actif pour valoriser la poésie ouvrière qu’il appelait « la dixième muse ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article28946, notice COLMANCE Charles par Philippe Darriulat, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 24 décembre 2010.

Par Philippe Darriulat

Charles Colmance
Charles Colmance
Communiqué par Philippe Darriulat

œUVRE : Charles Colmance, Chansons, L. Vieillot, Paris, s. d., [1863].

SOURCES et bibliographie : AN : AB XIX 712(collection Bachimont) ; F18 271, d. 15 ; F18 1679 ; F18 270. BNF, Département arts et spectacles Fonds Rondel : Ro 14544. — Henri Avenel, Chansons et chansonniers, Paris, C. Marpon et E. Flammarion, 1890 (cet ouvrage publie une chanson inédite de Colmance intitulée Ma biographie). — Pierre Brochon, La Chanson sociale de Béranger à Brassens, Paris éditions ouvrières 1961. — Philippe Darriulat, La Muse du peuple, chansons sociales et politiques en France 1815-1871, Rennes, PUR, 2010. — Alphonse Leclercq « Les Goguettes d’autrefois » dans Les Echos parisiens, artistiques et littéraires, n°3, 5 et 7, 1ère année, juin, juillet et août 1873.

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