CONSIDÈRE Claude, François, Xavier

Par Pierre-Jacques Derainne, Jacques Grandjonc, Jean Risacher et Jean-Claude Vimont

Né vers 1807 à Montbozon (Haute-Saône) ; républicain, animateur du complot des Tours de Notre-Dame, devenu communiste révolutionnaire, membre des Travailleurs égalitaires.

La Tribune du 9 avril 1833 revendiqua pour Claude Considère l’honneur d’avoir dirigé le complot des Tours de Notre-Dame. Il s’agissait, le 2 janvier 1832, d’y faire éclater un incendie qui donnerait le signal de la révolution. Il y eut un commencement d’exécution — le tocsin sonné — sans autre effet de choc que de rassembler quelques amis sur le parvis, le 4 et non pas le 2 janvier. La police procéda à sept arrestations dans les tours mêmes, celles de André, Audouin, Boussaton, Brandt, Deganne, Migne et Siriot.
Considère avait pu s’échapper. Il fut vite pris. Il déclina dans ses réponses au commissaire de police « la qualité d’émeutier » et déclara ne savoir signer, alors qu’il lisait et écrivait parfaitement.
Le 21 mars, il fut condamné par les assises de la Seine à cinq ans de prison. Il s’agissait vraisemblablement d’une provocation. Le préfet de police prétendra avoir été averti au dernier moment. Il l’était bien avant. Le ton de ses Mémoires le prouve assez.
À vingt-cinq ans, Considère était certainement un républicain convaincu, mais seulement sans doute un égalitaire en puissance. Il devint communiste révolutionnaire durant sa détention et son périple carcéral mérite d’être résumé. Il séjourna d’abord à Sainte-Pélagie du 24 mars 1832 jusqu’au 1er avril 1832, date d’un premier transfert à la prison de la Force. C’était la conséquence d’une mutinerie du quartier politique de Sainte-Pélagie, en relation avec une manifestation à l’extérieur, le 1er avril 1832. Lors d’un procès en septembre 1832, sa peine de cinq ans d’emprisonnement fut augmentée de trois mois de prison pour participation à ce désordre. Il fut conduit à Poissy (Seine-et-Oise), ce qui émut les feuilles républicaines, en particulier La Tribune qui comparait son sort à celui de l’infortuné Magalon, incarcéré en cette maison une dizaine d’années auparavant. Il quitta Poissy pour la maison centrale de Clairvaux (Aube) lorsque Thiers décida d’y créer, le 7 juillet 1834, un quartier politique réservé aux opposants républicains. Il s’en fut ensuite dans la maison centrale de Fontevrault (Maine-et-Loire), où il fut écroué le 13 janvier 1835 avec son futur beau-père Deganne. Il ne semble pas y être resté très longtemps, peut-être jusqu’en mars 1835, et retourna à Clairvaux. Considère bénéficia de l’amnistie du 8 mai 1837. Un rapport policier de cette époque le décrivait ainsi : « C’était la plus mauvaise tête de Clairvaux. Il n’a renoncé à aucune des mauvaises habitudes et il est bien capable de recommencer à la première occasion. Il a montré la plus complète indifférence en recevant la nouvelle de son élargissement, seulement il a trouvé que le secours de soixante francs n’était pas suffisant. »
Il épousa la fille de Deganne, Rosalie, et, à partir de cette période, travailla comme garçon de caisse chez Laffitte et Cie. Sa femme tenait en 1840 à Montmartre un cabaret fréquenté par les communistes.
Soit parce qu’il était membre de la Société des Saisons, soit parce qu’il était considéré comme suspect, il fut arrêté le 20 juillet 1839, suite à l’insurrection des 12 et 13 mai, mais fut libéré, bénéficiant d’un non-lieu.
Considère était membre de la Société des Travailleurs égalitaires en 1839 et 1840 (Voir Louis Racarie). Il participa au premier banquet communiste de Belleville le 1er juillet 1840 (Voir Jean-Jacques Pillot) et Darmès alla se restaurer chez lui avant l’attentat du 15 octobre 1840. Inculpé avec sa femme dans ce procès, il fut arrêté le 19 décembre, mais faute de preuve de sa complicité avec Darmès, Considère fut remis en liberté à la fin mai 1841. Voir Edmond Darmès. Il fut de nouveau arrêté le 28 juillet 1841 comme membre de la Société des Travailleurs égalitaires, inculpé dans l’affaire François Quénisset, et encore arrêté le 12 avril 1842, avec Jean Ory et d’autres, pour fabrication de bombes incendiaires...
Par la suite il entra en relation avec une des notabilités du parti légitimiste, Charbonnier de la Guesnerie, puis tenta, en janvier 1847, d’organiser un banquet bonapartiste.
En 1847 il fut acquitté dans l’affaire des bombes incendiaires.
Durant les premières semaines de la révolution de 1848, placé sous la direction de Guillaume Hygonnet, il commandait un groupe de soixante hommes armés qui assurait la protection des ministres Ledru-Rollin et Crémieux*. Sous ses ordres se trouvaient entre autres Penaud, ancien maître-maçon, Goudchaux, Cahaigne*... Il participa ensuite avec une partie de ses hommes à l’envahissement de l’Assemblée nationale.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article29016, notice CONSIDÈRE Claude, François, Xavier par Pierre-Jacques Derainne, Jacques Grandjonc, Jean Risacher et Jean-Claude Vimont, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 13 septembre 2022.

Par Pierre-Jacques Derainne, Jacques Grandjonc, Jean Risacher et Jean-Claude Vimont

SOURCES : Arch. Nat., série C 934. — Arch. Dép. Paris (Seine), DY 8. — Arch. PPo D A 245 — Procès de Darmès devant la Cour des pairs..., Paris, Pagnerre, 1840-1841. — Cour des pairs. Attentat du 15 octobre. CC 741, 773, 780. — Gazette des Tribunaux, 8 septembre 1832 et 15 novembre 1841. — Mémoires de M. Gisquet, ancien préfet de police, écrites par lui-même, Paris, Marchant, 1840, 4 volumes. t. I, p. 371-374, t. 2, p. 48. — J.-Cl. Vimont, Enfermer les politiques. Aux origines des régimes de détention politique (1810-1848), Thèse dact., Paris VII, 1991, 1295 p. — Journal des débats, 13, 14, 17 octobre 1847.

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