DEGEN Louis, Gustave

Par Didier Bigorgne

Né le 11 novembre 1915 à Romilly-sur-Seine (Aube), mort le 30 avril 1977 à Montpellier (Hérault) ; ajusteur aux ateliers de Mohon (Ardennes), révoqué en 1949 ; syndicaliste CGT ; membre du secrétariat de la Fédération des Ardennes du Parti communiste de juin 1948 à décembre 1949 ; conseiller municipal du Theux (Ardennes) de 1945 à 1949.

Louis Degen était le fils d’un frappeur à la Compagnie des chemins de fer de l’Est et d’une ménagère. Après l’obtention de son certificat d’études primaires, il entra en apprentissage, comme son frère aîné Jules, aux ateliers de la Compagnie des chemins de fer de l’Est à Mohon (Ardennes) où son père travaillait. Il y devint ajusteur en 1931. Marié à Marguerite Doquin, dactylo, il était père de deux enfants, un garçon et une fille. La famille habitait le village du Theux près de Charleville.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Louis Degen combattit dans le groupement d’aviation n° 6 basé en Algérie. En juin 1940, il fut cité à l’ordre de l’escadre aérienne pour avoir participé à Blida, au péril de sa vie, à l’extinction d’un incendie qui s’était déclaré sur un avion chargé de bombes à la suite d’un violent bombardement. Cette citation lui valut la Croix de guerre 1939-1945.
À la Libération, les époux Degen militaient au Parti communiste : Louis à la celule SNCF de Mohon, Marguerite à la section du Theux. Ils furent élus membres du comité fédéral de la Fédération des Ardennes par la 9e conférence départementale des 14 et 15 juin 1947. Louis Degen devint secrétaire fédéral à l’organisation lors de la 10e conférence fédérale des 5 et 6 juin 1948, puis secrétaire fédéral à la propagande à la 11e conférence fédérale des 19 et 20 février 1949. Il occupa cette responsabilité jusqu’en décembre 1949. Aux élections municipales d’avril-mai 1945, il fut élu conseiller municipal du Theux sur la liste présentée par le Parti communiste qui remporta douze sièges sur vingt-quatre. Il fut réélu au scrutin municipal d’octobre 1947.
Louis Degen était aussi membre de la CGT dans laquelle il était délégué du comité mixte des ateliers de Mohon, délégué du personnel de l’arrondissement de Mohon et délégué du comité mixte de la région Est SNCF. Dans le courant du mois d’octobre 1948, il participa aux grèves qui paralysèrent les centres ferroviaires ardennais de Charleville, Mohon, Lumes et Amagne. Il fit partie des grévistes qui firent circuler un train irrégulier qui s’approvisionna en lait à la laiterie de Challerange afin d’assurer le ravitaillement de la population de la vallée de la Meuse. La SNCF prit des sanctions, Louis Degen fut révoqué. Le 1er juin 1949, il était à la tête des quante-huit cheminots, inculpés d’entrave à la liberté du travail, qui comparurent devant le tribunal correctionnel de Charleville. Le jugement rendu le 29 juin condamné vingt-et-un grévistes ; parmi eux Louis Degen qui se vit infliger une peine d’amende de quatre mille francs et dut verser mille francs à la SNCF à titre de dommages et intérêts. La cour d’appel de Nancy, saisie par la direction de la SNCF, confima ce jugement le 17 novembre suivant.
Après sa révocation et sa condamnation, Louis Degen quitta le département des Ardennes pour le Maroc où il travailla pendant cinq années. Il revint en France et s’installa à Béziers. Il y exerça son métier d’ajusteur à la Société méridionale de rectification. Il divorça le 19 mars 1962. Il épousa, en secondes noces, Sabine Marie Solange Dedieu, sans profession, le 10 novembre 1965 à Béziers. De cette nouvelle union naquit une fille. En outre le couple Degen éleva trois enfants de l’Assistance publique.
Malade d’un cancer, Louis Degen dut subir une grave opération en 1974. Il fut en invalidité jusqu’à sa mort.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article2906, notice DEGEN Louis, Gustave par Didier Bigorgne, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 26 janvier 2012.

Par Didier Bigorgne

SOURCES : Arch. Dép. Ardennes 3 M 8 et 9. Arch. Fédération CGT des cheminots. — Liberté, 1947-1949. — L’Ardennais, 2 juin 1949 et 30 juin 1949. — Renseignements et documents communiqués par Sabine Degen, épouse de l’intéressé. — Notes de Jean-Pierre Bonnet. — Etat civil de Romilly-sur-Seine et de Béziers.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable