CORDELIER

Ouvrier serrurier-mécanicien de Périgueux (Dordogne). Sous l’influence des frères Dufraisse* et de Dulac Clément*, il fut, aussitôt après la révolution de février 1848, nommé par les commissaires Latrade* et Chavoix*, membre du conseil de préfecture de la Dordogne.
Cordelier était pour les ouvriers périgourdins, vivement frappés par la présence d’Albert* au Gouvernement provisoire, une sorte d’Albert à la mesure de Périgueux.
La bourgeoisie périgourdine en fit des gorges chaudes, et, en l’absence de témoignages laissés par Cordelier et ses amis, ou d’une trace administrative laissée par Cordelier et qui permettrait de juger sur pièces, et bien difficilement d’ailleurs, c’est à une source bourgeoise et particulièrement conservatrice que nous allons recourir pour dire la fin de l’aventure.
Albert de Calvimont, dans ses Mémoires inédits, a tracé de Cordelier un portrait cruel et peu charitable, c’est le moins qu’on puisse dire : « Ce pauvre homme, assez habile dans son état, se croyait évidemment capable de conduire un empire. Le premier jour où il vint au conseil, il fallut décompter. Les questions contentieuses lui parurent cruelles... Le malheureux suait sang et eau. Un de ses collègues m’a affirmé qu’il avait craint de le voir mourir d’un coup de sang. Enfin la séance finit et le conseiller-serrurier retourna chez lui. Là, il tomba dans un marasme tel que sa famille tremblait pour sa raison. Mais l’amour-propre dominait. Il sentait sa faiblesse, son ignorance absolue et cependant il ne voulait pas se retirer. Je suis convaincu qu’il se fût jeté à l’eau si Auguste Dupont*, représentant à la Constituante, n’avait placé sous les yeux du ministre de l’Intérieur un autographe de ce brave poseur de sonnettes, autographe tellement pittoresque que force fut, même à ce ministre de bricole, de le mettre à la porte. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article29070, notice CORDELIER , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 février 2009.

SOURCE : Georges Rocal, 1848 en Dordogne, Paris, 1933.

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