CROMBACH Louise [CROMBACH Claudine, Augustine, dite Louise] (orthographiée aussi CROMBAK).

Par Laurence Dupérier et Christine Planté

Née le 24 décembre 1815 à Lons-Le-Saunier (Jura) ; couturière, puis inspectrice de prison ; écrivain ; féministe.

Fille d’une paysanne franc-comtoise et d’un juif alsacien, réfugié à Lons-le-Saunier, Louise Crombach fut d’abord couturière, et aurait été en contact avec les milieux saint-simoniens. Pendant son adolescence, Louise composa quelques vers sincères et maladroits, publiés à l’occasion par un journal local. Mais c’est à seize ans qu’elle fut véritablement découverte par la bourgeoisie de Lons, qui se mobilisa si fort pour elle que le préfet du Jura, Heim, en personne, la conduisit vers la capitale avec sa propre famille.
A Paris, Mme Tastu l’accueillit et Amable Tastu la présenta à l’Arsenal, où elle rencontra C. Nodier. Mme Geoffroy Saint-Hilaire la présenta dans les cercles les plus fermés. Elle fut également protégée par Lamartine. Louise fréquenta donc les milieux littéraires et rencontra de nombreuses autres personnalités comme Marie d’Agoult, Vigny, Victor Cousin, George Sand*, qui l’emploiera comme préceptrice pour sa fille, ou Marceline Desbordes-Valmore...
Elle écrivit des livres pour enfants, et en 1839, elle publia un ouvrage Le Jeune libéré, qui obtint le prix Monthyon de l’Académie française en 1840. Durant cette même année 1839, en janvier, elle accoucha d’une petite fille désavouée par son père, ce qui ne manqua pas de choquer une partie de ses nombreux protecteurs.
En 1841, Louise Crombach publia Hélène et Laurence mais le crédit de la nouveauté qui s’attachait à elle, commençait à s’épuiser et la curiosité parisienne se portait déjà sur d’autres objets. Devant désormais s’occuper de sa fille et de sa mère, veuve depuis peu, Louise menait une vie difficile qui se trouvait heureusement adoucie par l’aide et l’amitié que lui portait Marceline Desbordes-Valmore.
En 1842, Mme de Lamartine qui avait beaucoup employé Louise dans ses œuvres de charité, lui obtint un poste de surveillante-bénévole ou surnuméraire, à la prison de femmes de Saint Lazare. Elle partagea donc comme gardienne, la vie austère de cette prison et s’émut des sévères conditions de détention. Manquant elle-même du nécessaire pour élever sa famille, Louise Crombach se sentait solidaire de cette misère féminine et devint l’amie, la confidente de nombreuses prisonnières. On lui reprocha rapidement de se laisser trop facilement attendrir par le sort des prisonnières.
En 1843, lorsque Flora Tristan* organisa une souscription pour éditer L’Union ouvrière, Louise lui aurait apporté son aide pour collecter les fonds.
En 1844, Louise Crombach obtint d’être enfin nommée inspectrice titulaire à la prison de Saint Lazare, mais se trouva dès l’année suivante, sérieusement compromise dans une affaire d’évasion.
En effet, Louise s’était laissée toucher par Joséphine Chaylius, une petite aventurière qui, arrêtée pour faux en matière d’écritures de commerce, protestait de son innocence et menaçait de mettre fin à ses jours. « Pour sauver une âme en empêchant son suicide », Louise n’hésita pas, le 6 février 1845, à ouvrir les serrures de la prison afin de faire évader la jeune femme.
Après enquête, la police qui démasqua aisément Louise Crombach, découvrit l’existence d’une correspondance compromettante avec une autre détenue : Joséphine Magnier dite femme Quinard.
Accusée également d’être intervenue auprès du ministre de la Justice pour la libération d’un prévenu, Morin, son procès s’ouvrit le 30 mai 1845 : la lecture de certaines lettres ambiguës laisse planer le doute d’une relation homosexuelle. Elle reçut la peine maximum prévue par la loi et se vit condamner, en juin, à deux ans de prison. Marceline Desbordes-Valmore hanta les bureaux du ministère de la Justice et les couloirs de la Conciergerie en faveur de Louise : son jugement fut cassé pour vice de procédure. En novembre 1845, un nouveau procès eut lieu à Versailles. Mais après les présomptions de saphisme portées contre Louise, Marceline Desbordes-Valmore s’abstint de venir à l’audience. Ceci marqua d’ailleurs la véritable rupture entre les deux femmes et, malgré cette défection qui privait la défense d’un précieux concours, Louise Crombach fut acquittée.
Rendue à la liberté, elle quitta définitivement la capitale et se réfugie avec sa famille chez l’abbé Savornin, curé de la Villette.

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Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article29295, notice CROMBACH Louise [CROMBACH Claudine, Augustine, dite Louise] (orthographiée aussi CROMBAK). par Laurence Dupérier et Christine Planté, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 2 septembre 2020.

Par Laurence Dupérier et Christine Planté

SOURCES : F. Ambrière, Le Siècle des Valmore : Marceline Desbordes-Valmore et les siens, Paris, Seuil, 1987, 2 vol. — George Sand, Correspondance générale, publiée par Georges Lubin, Paris, Garnier, 1964-1994 25 vol., t. V.

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