CROUZAT Louise.

Par Laurence Dupérier

Née vers 1802 dans la région lyonnaise ; saint-simonienne ; militante de la liberté des femmes.

Louise Crouzat était Issue de la famille Du Parc. Elle épousa un notaire de Lyon et mena tout d’abord, une existence aisée. Après la mort de son mari, ruinée, Louise Crouzat se trouva dans l’obligation de travailler pour survivre.
En 1831, quand J. Reynaud vint prêcher le saint-simonisme à Lyon, Louise Crouzat découvrit cette religion à laquelle elle adhéra avec enthousiasme et devint ainsi, l’une des premières saint-simoniennes de Lyon. Rapidement, elle diffusa et enseigna la doctrine dans la région lyonnaise afin de faire partager au peuple les espoirs suscités par le saint-simonisme.
Au sein de la famille saint-simonienne de Lyon, elle reconnut tout d’abord l’influence de Madame Rogé (épouse de l’apôtre Clorinde Rogé*). Mais en 1833, elle finit par refuser l’existence d’une directrice puisqu’elle considérait dorénavant que seule la Mère attendue pourrait devenir leur chef. Souhaitant échanger ses convictions avec d’autres femmes, elle entama une correspondance avec Claire Démar*. Dans une lettre datée du 18 mai 1833, elle déclara « ressentir » depuis longtemps l’égalité entre les sexes et s’être senti investie d’une mission — en tant que femme libre — pour le triomphe de cette égalité. Ainsi, elle soumit à Claire Démar, le projet d’un appel aux femmes de Paris, afin qu’elles puissent se mettre elles-mêmes en quête de la Mère : « Seule une femme peut ressentir ce que les femmes désirent et améliorer leur sort. » En effet, elle contestait la démarche d’Émile Barrault en Orient car elle ne concevait pas que des hommes puissent se mettre en quête de la « femme nouvelle » : ils ne pourraient s’empêcher de l’influencer et de travestir cette liberté que les femmes seules devaient penser. De plus, la Mère ne saurait se trouver en Orient car « ce sont les mêmes hommes qui ont ouvert des sérails qui pensent maintenant la liberté des femmes ». Pour Louise Crouzat, la « femme nouvelle » devait apparaître dans le nouveau monde. Dans ce projet d’appel, elle proposa donc un voyage en Amérique pour trouver la Mère : « C’est de cette Amérique si riche, si fortunée que doit sortir la grande richesse de l’esprit et de la moralité. »
Dans sa réponse, Claire Démar approuva le projet de Louise Crouzat mais celui-ci ne rencontra pas de véritable écho auprès des saint-simoniennes.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article29311, notice CROUZAT Louise. par Laurence Dupérier , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 février 2009.

Par Laurence Dupérier

SOURCES : Bibl. Arsenal, Fonds Enfantin, ms. 7 64, f° 50. — Livre des Actes, p. 41. — Claire Démar, L’Affranchissement des femmes, (textes annotés par V. Pelosse), Payot, Paris, 1976. — Note de Ph. Régnier.

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