DECROIX Pascal, Joseph, Philippe

Par Alain Rustenholz

Né le 7 avril 1806 à Béthune (Pas-de-Calais) ; condamné à 8 ans de bannissement dans l’affaire de l’Hippodrome ; s’exila dans le Missouri, rejoint Charles Marche, mais revint mourir à Paris.

Pascal Decroix est né le 7 avril 1806 à Béthune (Pas-de-Calais) d’un père aubergiste au faubourg d’Arras. Il fit huit ans de service militaire, dans la garde royale sous la Restauration, dans la garde municipale ensuite. Il est condamné en 1827 à un mois de prison pour rébellion à main armée et à nouveau dix ans plus tard pour coalition, coups, blessures et guet-apens. Il fut douze ans tailleur de cristaux, ce qui était aussi le métier de son frère aîné, pour un maître verrier de la rue Mouffetard, à Paris. Quand il épousa, le 11 mai 1839, Marguerite Bobillot, née le 23 septembre 1797, il habitait 36 rue des Tournelles (4ème arr.). En 1848, il était entrepreneur de cimenterie pour la Compagnie française d’éclairage au gaz de Vaugirard. Il demeurait à Passy et s’était lié avec le maire et président du club, Tard. Le 15 mai, il fut arrêté chez Sobrier* au moment de la manifestation et soupçonné d’avoir préparé la rupture des conduites de gaz. Lors de l’insurrection de Juin, il se rendit à Paris, puis, les 25 et 26, s’abstint de paraître dans les rangs de la garde nationale de Passy. Arrêté après l’insurrection, il fut transporté à Belle-Île à la fin de septembre ; il fut gracié en décembre 1849. Voir Tard*.
En 1853 il était marchand de futailles à La Chapelle Saint-Denis. Il fut arrêté le 9 juin dans l’affaire du complot de l’Hippodrome, « attentat contre la vie de l’empereur et contre la sûreté du gouvernement ». Au terme des audiences, il demanda, s’il devait être condamné, à être banni avec sa femme. Il avait épousé, le 11 mai 1839, à Paris, Marguerite Bobillot, âgée de 42 ans ; ils n’avaient pas eu d’enfant.
Pascal Decroix fut effectivement condamné, le 16 novembre 1853, comme deux de ses co-inculpés, à 8 ans de bannissement. Voir Ribault de Laugardière. Le verdict rendu, les condamnés comme les acquittés – ces derniers n’étant pas libérés – furent tous renvoyés, avec dix-neuf nouveaux prévenus, devant le tribunal de police correctionnelle pour délit de société secrète, accusés d’avoir fondé ou été membre d’une telle société résultant de la fusion du Cordon sanitaire, de la Société des Écoles et de la Société des Deux-Cents. A quoi s’ajoutait pour Decroix, Commes et Ruault, le délit de détention d’armes de guerre. Tous furent déclarés coupables en janvier 1854, mais sans peines supplémentaires pour ceux qui étaient déjà condamnés pour l’affaire de l’Hippodrome.
Le 27 mars 1855, Pascal Decroix demandait sa naturalisation américaine à Saint Louis, Missouri. Le 10 juin 1857, on le retrouvait à l’office foncier de Saint-Louis, 61 Walnut Street, comme quelques autres Français ce jour-là ; il y achetait, 80 acres de terre dans le canton de Crawford du comté d’Osage, section 32, pendant que Charles Marche* en achetait 120 dans la section 33. Les époux Decroix étaient recensés en 1860 dans leur canton de Crawford.
Le 29 juin 1861, Pascal Decroix s’engagea, à Linn, dans la compagnie D (capitaine Josias McKnight, 77 hommes) du bataillon de gardes territoriaux unionistes qui se formait dans le comté d’Osage. Ce bataillon aurait pour mission de surveiller la ligne de chemin de fer du Pacifique et le télégraphe, de patrouiller le long du Mississippi, de détruire les embarcations des rebelles et d’empêcher ces derniers de traverser pour rejoindre le général confédéré Sterling Price ; enfin, de monter la garde à Jefferson City pendant la session de la Convention. Decroix fut démobilisé le 5 octobre 1861 ; pour ses 3 mois et 6 jours de service, il perçut une solde de 50 $ et 79 cts.
Puis les époux Decroix rentrèrent en France à une date inconnue mais avant 1875, puisque l’on retrouve Marguerite Bobillot, épouse Decroix, à Paris, à son décès, à 78 ans, le 1er décembre 1875 au domicile du couple, 74 rue de l’Ouest, (XIVe arr.). Pascal, Joseph, Philippe Decroix, rentier, s’y éteint à son tour le 21 juin 1882.

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Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article29587, notice DECROIX Pascal, Joseph, Philippe par Alain Rustenholz, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 22 février 2022.

Par Alain Rustenholz

SOURCES : Arch. Min. Guerre, A 10080. — Arch. PPo., A a/434. – Gazette des Tribunaux, 7 et 8 novembre 1853, 17 novembre, 11 décembre. — : Tribunal de 1ère instance de Saint-Louis, Missouri, registre des naturalisations. — Archives militaires du Missouri, Guerre Civile. — Registre foncier de Saint-Louis, Missouri. — Recensement de 1860, Missouri, comté d’Osage, canton de Crawford.

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