DELMAR Léonard

Ouvrier corroyeur à Lille (Nord). Candidat ouvrier en 1848 et 1849. Vice-président du conseil des prud’hommes de Lille en 1848.

Il appartint, sous la monarchie censitaire, à l’association « Aide-toi, le ciel t’aidera », puis à la société des Droits de l’Homme » (1833). À la veille de la révolution de Février, il participa à la campagne des banquets avec Bianchi et put se présenter, au moment des élections à la Constituante, comme un républicain de la veille. Voir Bianchi A.* Dans sa profession de foi, il réclamait « la République unitaire constituée avec une chambre unique » et il précisait ainsi ses idées sociales :
« Je veux l’organisation du travail qui donnera à l’ouvrier la certitude de pouvoir, sans mourir de faim, exercer ses droits politiques. Je veux cette organisation juste et combinée de façon à n’opprimer aucun intérêt, pas plus celui du maître que celui de l’ouvrier ; que la loi qui sera faite donne au travail les garanties qu’elle accordera au capital, que ces deux puissances sociales qui constituent le droit de propriété, droit sacré dans toute société bien organisée, soient également respectées comme elles sont également respectables. Pour que la loi sur le travail ne soit pas une fiction, je demanderai la création d’un ministère du Travail.
« Je veux l’instruction publique et gratuite pour tous les citoyens ; je la veux comme droit social pour chacun, comme devoir pour tous. Je veux la liberté des cultes, l’égalité entre toutes les sectes. Je désire que l’on apporte de grandes améliorations à l’agriculture, qu’on crée des fermes modèles et des greniers de réserve qui empêchent les prolétaires de mourir de faim comme cela s’est passé en 1847.
« Je veux que le travail devienne une fonction, que le travailleur soit honoré comme le soldat.
« Ma devise à moi, ouvrier est : TOUT POUR LE PEUPLE ET PAR LE PEUPLE. »
Delmar ne fut pas élu à la Constituante, mais il fut nommé inspecteur des ateliers de secours de Lille et, en juillet 1848, élu au conseil des prud’hommes dont il devint le vice-président. Il participa à l’activité de la société coopérative l’Humanité. Voir Lebrun Auguste*. En 1849, il fut candidat démocrate à la Législative sur une liste d’« Union républicaine », mais fut encore battu. (Il arriva trente-quatrième avec 74.614 voix.)
À la fin de l’Empire, on le trouve conseiller municipal de Lille. La police le considérait encore comme un individu dangereux, comme « un ivrogne, méchant, ayant une influence extrême sur les ouvriers de la section de Wazemmes, et les dirigeant constamment sur la voie mauvaise. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article29726, notice DELMAR Léonard , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 février 2009.

SOURCES : Arch. Dép. Nord, M 141/73. — Le Messager du Nord, 27 mars 1848. — A.-M. Gossez, Le Département du Nord sous la Deuxième République, Lille, 1904.

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