DESPRÉAUX

Ouvrier passementier à Saint-Étienne (Loire), Despréaux avait participé, en 1840-1841, à la création de l’Association rubanière, connue plus tard sous le nom de Société générale des passementiers.

C’était le premier essai de coopérative de production dans la Loire. Les associés avaient, peut-être sur le conseil de juristes de métier, tourné les articles du code et la loi sur les associations, en donnant par acte notarié un caractère commercial et industriel à leur entreprise, qui n’était plus ainsi soumise qu’aux règles du droit privé.
Sans attendre l’autorisation du préfet, des sections de l’Association comptant jusqu’à 200 rubaniers se réunissaient chaque semaine. Les adhésions étaient enregistrées par le notaire.
Les pouvoirs publics s’émurent. Le ministre de l’Intérieur, consulté par le préfet, fit répondre par un maître des requêtes au Conseil d’État, le 5 mars 1841 : « On aurait peu à redouter les démarches que les meneurs font pour accueillir les adhésions à leur projet, s’il n’était essentiel d’éviter que cette tentative ne prît une trop grande consistance, et ne fît fermenter dans la classe ouvrière de dangereuses idées d’association empruntées à l’école phalanstérienne et aux rêves du saint-simonisme. Sous ce rapport, je ne saurais trop approuver la détermination que vous avez prise de neutraliser par tous les moyens légaux mis à votre disposition la réalisation du projet des passementiers. »
Le souvenir de cette tentative avortée persista chez les passementiers. En 1848, Despréaux, qui habitait Firminy et qui était devenu voyageur de commerce, dans une lettre envoyée aux maîtres et ouvriers rubaniers de Saint-Étienne, le 4 mars 1848, disait : « Le jour de la délivrance est enfin arrivé. Aujourd’hui, le pouvoir vient en aide à la grande œuvre que nous avons commencée en 1840-1841, ayant pour titre Association rubanière. Le pouvoir d’alors nous poursuivit rigoureusement jusqu’à faire subir à quelques-uns de nous une détention et un jugement peu mérités. Que défendions-nous ? De rétribuer le travail de chacun dans des proportions égales, arrêter les écarts d’une concurrence aveugle [...], régler les heures de travail, respecter les dimanches et fêtes, fixer le salaire avec équité, procurer un moyen sûr de faire fructifier ses économies, garantir des secours aux infirmes, aux veuves, aux orphelins, aux vieillards, assurer une instruction gratuite aux enfants... Allons, mes amis, à l’œuvre ! »
Il ne semble pas que l’Association rubanière ait repris vie, après ce chaleureux appel de Despréaux.
Voir aussi Curat J.-B.*, David M.*, Gillier A.*, Laurent*, Malassagny P.-M.*, Menut*, Pauze J.*, Reynaud J.*

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article29960, notice DESPRÉAUX , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 17 août 2021.

SOURCES : Arch. Dép. Loire, 94 M 1. — Mercure ségusien, 24 mai 1848.

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