DESSAUX Jean-Baptiste

Né le 22 octobre 1815 à Mainneville (Eure), mort le 21 octobre 1870 à Grand-Puits (Seine-et-Marne). Socialiste d’affinités fouriéristes et patriote français.

Dessaux fit ses études à Sainte-Barbe, puis prépara la pharmacie. Après l’obtention de son diplôme, il s’installa à Montereau (Seine-et-Marne) et épousa la fille du directeur et associé de la Faïencerie de Creil et Montereau.
Dessaux devint vite l’ami et le collaborateur du docteur Goupil des Pallières, vénérable de la loge maçonnique de Montereau, qui avait son siège, 12, rue des Bordes (actuellement rue Paul-Delair).
Sous la République de 1848, Dessaux se lia intimement avec Auguste Luchet, nommé conservateur du Palais de Fontainebleau par le Gouvernement provisoire. Ce personnage joua alors un certain rôle dans la contrée, où il fut candidat, en 1848, à l’Assemblée nationale, et en 1849 à l’Assemblée législative. Mais il échoua aux deux élections.
Le parti démocratique, hostile à la candidature de Louis-Napoléon à la présidence de la République, prenait appui sur les loges, pour s’opposer aux visées du prince. À Montereau, Dessaux fut un des principaux agents de la résistance. Sa qualité de pharmacien-chimiste le désignait éventuellement pour la préparation de la poudre dont on aurait besoin, en cas de conflit armé. Ceux qui s’occupaient de cette dangereuse fabrication se réunissaient, rue de Provins, faubourg Saint-Nicolas, dans les bâtiments servant à la confection de la chaux hydraulique. Cette entreprise était dirigée par Delseau, d’origine belge, gagné, comme son presque homonyme Dessaux, aux idées socialistes.
Voir Delsaux C.* et Delseau*.
C’est là qu’eut lieu l’explosion qui blessa grièvement tous les républicains présents et qui défigura Dessaux. Le Dr Alexandre Goupil, brûlé gravement au bras et sur le corps, put se cacher dans les bosquets de la montagne de Surville, puis gagner le bois de Valence ; il resta longtemps dans un grenier à fourrages de la Prieuré, ermitage en ruine dans les marais de la Grande-Paroisse. Après sa guérison, il gagna l’Angleterre d’où il revint après l’amnistie. Il s’établit alors médecin à Moret, puis à Sergines (Yonnes), où il mourut. Quant à Dessaux, il fut trouvé râlant dans un roncier. Transporté chez lui et gardé à vue par les gendarmes, il fut soigné avec dévouement et sauvé par le Dr Goupil, père du Dr Alexandre Goupil. Aussitôt après sa convalescence, il fut traduit en justice, mais, grâce à l’influence du futur sénateur Lebeuf, il fut acquitté. Après l’amnistie, il reprit la direction de sa pharmacie.
Vers 1864, il fonda à Montereau un phalanstère qui était, en même temps qu’un lieu de réunion, une société coopérative de consommation. C’est alors que fut composée la chanson, intitulée le « Chant des Travailleurs », dont chaque couplet se termine par :
« O mes amis, d’où nous vient ce bien-être ?
Du bon Dessaux, l’ami du travailleur. »
La société coopérative du philanthrope, montée par actions, était appelée par les Monteralais « la Grand’Maison ». L’entreprise, on ne sait pour quelles raisons, ne réussit pas.
Vint la guerre de 1870. Dessaux, bien qu’ayant atteint un âge le dispensant du service actif, prit part avec les volontaires de la région au combat de Grand-Puits. Au moment de la retraite, il ne put ou ne voulut fuir et fut trouvé couché dans un fossé par les Allemands qui le fusillèrent.
Son cadavre découvert quelques jours après celui des autres, ne put être inhumé en même temps. On fit donc pour Dessaux une cérémonie spéciale. Le Journal de Montereau du 27 octobre 1870, après l’avoir relatée, disait :
« Nous avons remarqué dans l’assistance un nombre considérable d’ouvriers. C’était justice. M. Dessaux s’était constitué l’ami du peuple ; un de ses rêves avait été d’améliorer le sort du travailleur ; ses illusions étaient mêmes allées jusqu’au détriment de sa propre fortune. En lui faisant cortège funèbre, l’ouvrier acquittait une dette de reconnaissance envers un homme qui, en définitive, était humain et généreux. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article29971, notice DESSAUX Jean-Baptiste , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 février 2009.

SOURCES : Albert Catel, Quelques souvenirs d’enfance, Montereau, 1920, pp. 33 à 46.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable