DORNÈS Auguste, dit DORNÈS aîné

Né à Lyon en 1799, mort à Paris le 20 juillet 1848 des suites d’une blessure reçue pendant les journées de Juin, au cours d’une visite de députés aux troupes de l’ordre.

Avocat journaliste et homme politique. Fils d’un général mort en 1812 en Russie, Dornès aîné fut un des éléments les plus hardis de l’opposition libérale messine sous la Restauration et avait fondé avec Émile Bouchotte* en 1829 une Société constitutionnelle qui prit le nom, après Juillet, de Société patriotique et populaire, dont il était secrétaire, créant l’un des premiers journaux d’opposition, Le Courrier de la Moselle. Secrétaire général de la préfecture de la Moselle après la révolution de Juillet, il se démit en 1831. C’était désormais un républicain convaincu, le chef du parti dans la région. La Société patriotique et populaire donna, en 1831, naissance à l’Association nationale pour l’indépendance du pays et l’expulsion des Bourbons qui réunit 1 500 adhérents, puis devenue en septembre 1832, l’Association pour la liberté de la presse, à l’origine de deux almanachs : le Messager patriote de l’Est et Dieu protège la France, et d’un nouveau mensuel populaire : L’Utile. Dornès en était le secrétaire (Assemblée de février 1833, Lb 51 1721). Il avait fondé, toujours avec Bouchotte le Comité polonais de Metz. Sans adhérer à un système socialiste, il demandait des réformes sociales, l’établissement d’un impôt unique et progressif, dès 1833, en retrait cependant sur Émile Bouchotte et Charles Woirhaye* sur ce plan-là.
Défenseur, en 1835, devant la Cour des pairs, des insurgés républicains d’avril 1834 au procès connu sous le nom de Procès d’avril, il résida à Paris à partir de ce moment, plaidant pour les détenus politiques républicains de toutes nuances, et collaborant au National.
Il fut, après la révolution de Février, un des rares rédacteurs qui ne fût pas pourvu d’un nouvel emploi ; aussi prit-il une part très grande au journal jusqu’à la fin d’avril, s’intéressant toujours aux problèmes sociaux.
Il avait été élu à l’Assemblée constituante par le département de la Moselle sur le programme du National.
Les circonstances exactes dans lesquelles Dornès aîné fut blessé le 23 juin 1848 sont matière à discussion. Les auteurs ci-dessus allégués affirment qu’il conduisait la troupe à l’assaut d’une barricade. Son attitude semble avoir été autre, presque conciliante, selon le récit le plus autorisé (Dr Scoutetten, Relation de la Cérémonie funèbre qui a eu lieu à Metz le 22 juillet 1848, en l’honneur d’Auguste Dornès..., Metz, 1848, 47 p., in-8°).
En tout cas Dornès envoya le 10 juillet une lettre aux journaux parisiens, sollicitant des secours pour les veuves des insurgés morts au combat et pour les orphelins.
C’est dans l’été que la légende d’un Dornès répressif prit corps chez les adversaires messins du socialisme et de la classe ouvrière parisienne, au moment même où à Paris, et pour des raisons de classe également, la mort de l’archevêque Mgr Affre était mise sur le compte des vaincus, contre toute vraisemblance étant donné les déclarations des témoins.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article30127, notice DORNÈS Auguste, dit DORNÈS aîné, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 février 2009.

œUVRE : Société patriotique et populaire de Metz. Séance générale du 15 février 1833. Discours de MM.Bouchotte, président, et Dornès, secrétaire général, Metz, Imp. de S. Lamort, 1833, in-12, 24 p.

SOURCES : Biographie des 900 députés..., Paris, 1848. — Dictionnaire des Parlementaires français. — H. Contamine, Metz et la Moselle de 1814 à 1870, Nancy, 1932, t. I, pp. 267, 391, etc... — Notes de J. Risacher et R. Skoutelsky.

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