Par Gauthier Langlois
Né le 8 février 1818 à Tours (Indre-et-Loire), mort le 27 novembre 1878 à Nantes (Loire-Atlantique) ; menuisier, inspecteur municipal, journaliste ; franc-maçon, quarante-huitard de tendance socialiste, opposant au coup d’État du 2 décembre il fut déporté en Algérie mais s’évada et se réfugia à Jersey et en Angleterre. Il fut le gérant du principal journal républicain de l’Ouest à la fin de l’Empire et au début de la IIIe République.
Fils de Jacques Alexandre Douard, perruquier âgé de 29 ans et de Sylvine Beaucher.
Pendant la campagne présidentielle de 1848 il avait constitué un comité des travailleurs de Tours pour organiser un banquet politique. A cet effet il avait publié un tract signé par l’ouvrier cordonnier Séguier, trésorier, le voyageur de commerce A. Proust, secrétaire, et lui-même en tant que président. Ce tract appelait les travailleurs à s’unir pour choisir un président conforme à leur idéal démocratique et socialiste, dont voici un extrait : « Laboureurs, artisans, exploités de tous les régimes, la terreur de nos ennemis nous indique la voie que nous devons suivre. Le socialisme c’est le salut du peuple, c’est le salut de la société. Élevons donc avec ferveur au-dessus de nos têtes son étendard, et que cet étendard nous rallie tous dans une commune pensée d’émancipation fraternelle, nous le peuple des travailleurs, nous le vrai peuple, chaque fois que l’élection nous appellera à exercer notre part de souveraineté reconquise ».
Il fut poursuivi à Tours en 1849 comme membre de la Solidarité républicaine mais fut acquitté. À Paris depuis juillet 1850, il travaillait comme menuisier dans les ateliers de Boutry, fabricant de roues, 12, rue du Chemin-Vert. Il habitait alors 69 Rue Ménilmontant (8e arr. ancien). Membre du conseil social de la Société de la Presse du travail et de la Société dite Typographique, décrit comme socialiste ardent, il fut poursuivi pour cela en janvier 1852, et ne pouvant rendre compte de l’emploi de son temps, lors de l’insurrection de décembre, il fut transporté (« Algérie moins »). Voir Victor Langrand et Auguste Desmoulins.
Il fut interné dans la banlieue d’Alger, au camp de Birakem puis à celui de Douera, où il se lia d’amitié avec Léon Goupy et Auguste Claverie. Contrairement à ses deux amis il ne bénéficia pas de la décision de grâce du 5 janvier 1853 qui permit la libération d’une vingtaine de prisonniers. Il s’évada et rejoignit l’île de Jersey où il retrouva beaucoup de proscrits. C’est là qu’il revit en 1855 son ami Léon Goupy, qui arrivait en exil pour fuir une nouvelle arrestation. Pendant son séjour en Angleterre il était affilié à la loge « Les Philadelphes » de Londres, comme beaucoup de proscrits. En 1869 il était affilié à la loge « La libre conscience » de Nantes.
Revenu en France il trouva un emploi comme inspecteur municipal au théâtre de Nantes, fonction qu’il occupait à son décès. Parallèlement il était depuis 1869 le gérant du journal républicain Le Phare de la Loire. À ce titre il fut condamné par le Tribunal correctionnel de Rennes en 1874 pour avoir publié une version erronée d’un rapport attribué à une commission du Conseil général. Il avait épousé Claire Antoinette Leretz.
Par Gauthier Langlois
ŒUVRE : Aux travailleurs d’Indre-et-Loire, Paris, imp. de E. Duverger, 1848.
SOURCE : Arch. Min. Guerre, B 1547. — État civil Tours, naissances 1818, acte 107. — Archives de Nantes, décès 1878, 5e canton, acte 300. — Bnf, Fichier Bossu, Douard Alexandre. — Léon Goupy, La transportation en Afrique, pour faire suite au "Coup d’État dans la Mayenne", 14 juillet 1886, Domfront, impr. de F. Renault, 1887. — Bulletin des arrêts de la Cour de cassation rendus en matière criminelle, tome 79, n° 8, 1874. — Paul Eudel, Le Comité républicain de Nantes 1870-1874, L. Clouzot, 1903, p. 10-18. — Jean-Claude Farcy, Rosine Fry, « Douard - Alexandre Jean Baptiste », Poursuivis à la suite du coup d’État de décembre 1851, Centre Georges Chevrier - (Université de Bourgogne/CNRS), [En ligne], mis en ligne le 27 août 2013.