DUBIEF Isidore, Jacques

Par André Jeannet, Pierre Lévêque

Né le 5 juin 1817 à Varennes-lès-Mâcon (Saône-et-Loire), mort en 1862 à Hyères (Var) ; l’un des chefs montagnards de Mâcon ; un des organisateurs de l’insurrection mâconnaise du 4 décembre 1851 ; exilé avant sa condamnation en 1852.

Petit-fils et fils d’un meunier, propriétaire du château de Beaulieu, Isidore Dubief, avocat, n’aurait jamais plaidé. La police se trompe en le présentant comme "mal vu" par les « personnes honorables » de Mâcon pour avoir épousé peu avant 1848 « la fille d’une femme entretenue ». Il s’agit en fait de son frère.

Après février 1848, il fut quelque temps conseiller de préfecture, à Mâcon. Au banquet démocratique tenu dans cette ville, le 5 novembre 1848, il porta un toast aux « socialistes de toutes les écoles » ce qui entraîna sa révocation.

Par la suite il fut l’un des principaux chefs montagnards de Mâcon. Il aurait correspondu avec les chefs du « complot de Lyon ».

Il participa, avec Pierre-Casimir Ordinaire, à la fondation du journal Le Progrès de Saône-et-Loire et du Littoral de la Saône, en 1842. Il fut compromis dans le complot de Lyon. Membre du comité électoral de Mâcon déclaré le 12 mars 1849, lequel fit suite au Cercle du collège, constitué le 30 janvier 1849 et dissous par le préfet. Ce comité électoral définissait les sociétés ainsi :

Monarchie = subir ses maîtres

Démocratie = choisir ses maîtres

Socialisme = se passer de maîtres

Il fut l’un des organisateurs de l’insurrection mâconnaise du 4 décembre. Prévenu d’une arrestation imminente, il se rendit en Suisse puis gagna la Belgique où sa femme le rejoignit. Il était arrivé à Bruges avec un passeport d’emprunt ce qui lui valut quelques jours de prison. C’est par contumace qu’il fut condamné à la déportation (Algérie plus) par la Commission mixte de Saône-et-Loire, le 9 février 1852. Sa fille Jeanne naquit à Bruges vers 1854. Son fils, le futur ministre radical Fernand Dubief, fut élève dans l’école publique moyenne de la ville de Bruges.
Son père, Étienne Marie Dubief, qui était aussi condamné par contumace pour les mêmes incidents à Mâcon, l’avait rejoint en Belgique et mourut sans sacrements à Bruxelles en 1852. Ses funérailles civiles furent les premières d’une série qui causa des problèmes (la fabrique d’église refusait la civière, le corbillard etc., enfin toute l’infrastructure sur laquelle elle avait encore un monopole). Ces incidents menèrent à la constitution de L’Affranchissement, la première société de libre pensée de Belgique.

Isidore Dubief eut une fille et deux fils dont l’un, Fernand (1845-1916), fut député radical de Saône-et-Loire et ministre sous la Troisième République. Son autre fils, Emmanuel, né en 1848 à Maçon (mort en 1923), élève de l’école centrale de Lyon, fut entrepreneur de travaux publics à Paris.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article30207, notice DUBIEF Isidore, Jacques par André Jeannet, Pierre Lévêque, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 18 août 2017.

Par André Jeannet, Pierre Lévêque

SOURCES : Arch. Nat., BB 30 400 ; F1GI 15712. — Arch. Dép. Saône-et-Loire, M 122, série U, commission mixte, dossier 11. — Arch. Dép. Côte-d’Or, U IV E5. — Amédée Saint-Ferréol, Les proscrits français en Belgique, op. cit. — Notes de Jeffrey Tyssens.

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