DUCHÉ Tristan, Mathieu

Né à Sury-le-Comtal (Loire) le 21 février 1804, mort à Londres le 10 septembre 1865. Professeur, avocat des mineurs stéphanois et homme politique démocrate socialiste.

Régent de collège à Roanne (Loire) à partir de 1825, Duché fut préfet des études, de 1830 à 1832, dans divers établissements avant de devenir maître d’études au collège Henri IV à Paris, en 1835. Il fit alors son droit et s’établit comme avocat à Saint-Étienne (Loire).
Avec Antide Martin, il s’efforça de donner de la cohésion au bloc de la classe ouvrière stéphanoise dans les années Quarante. Dès 1841, il s’intéressait à la Société générale pour la fabrication des rubans. Avocat attitré des mineurs, il défendit particulièrement les grévistes arrêtés en 1846. Il reçut d’eux et de leurs camarades qui souscrivirent à cet effet, en témoignage de reconnaissance, une lampe en argent de modèle réduit.
Duché entra au conseil municipal de Saint-Étienne cette même année 1846. Il en faisait encore partie au moment de la révolution de Février. La municipalité orléaniste ayant été balayée par une manifestation populaire, on eut la mesure de sa popularité quand on le vit désigné en premier à la Commission municipale provisoire par les manifestants, envoyé aussitôt à la sous-préfecture pour s’y occuper essentiellement du problème des houillères, appelé le 9 mars à la Commission locale pour les travailleurs.
Le 3 mars, il avait usé de son influence sur les mineurs pour les engager à reprendre le travail partout interrompu et à ne plus parcourir les puits comme ils le faisaient depuis l’annonce des événements parisiens dans la Loire. Il avait été entendu, et le Gouvernement provisoire l’avait confirmé dans les fonctions de sous-commissaire ou de sous-préfet de Saint-Étienne, de concert avec Loviche.
Ami de César Bertholon, Duché ne cessa de jouer, jusqu’en 1851, sous la Seconde République, le rôle de premier plan qu’il détenait dans le mouvement ouvrier de la Loire depuis le milieu de la monarchie de Juillet. Les votes des rubaniers et des mineurs ne suffirent cependant pas pour faire de lui, le 23 avril, un représentant de la Loire à la Constituante. Mais il avait la majorité à Saint-Étienne et dans la banlieue proche, ce qui lui permit de redevenir conseiller municipal de Saint-Étienne en juillet 1848, et d’entrer au conseil général de la Loire à l’automne.
Le département l’envoya siéger à l’Assemblée législative le 13 mai 1849. Il se classa immédiatement parmi les Montagnards, signa l’appel aux armes du 13 juin, ce qui n’eut pas pour lui de conséquence, mais fut censuré le 10 juillet pour avoir dit à la tribune, dans sa protestation contre la proclamation de l’état de siège à Saint-Étienne, qu’« aucun désordre » survenu dans la ville ne justifiait la décision des autorités civiles et militaires.
En 1851, la police stéphanoise soupçonnait Duché de diriger une ou des sociétés secrètes républicaines recrutant dans la classe ouvrière le gros de leurs adhérents. Elle le soupçonnait aussi d’être à Saint-Étienne le fondé de pouvoir du « comité montagnard » pour l’acquisition d’armes.
Duché était naturellement hostile au coup d’État. Il s’exila en Angleterre en 1852 avec sa famille. Il vécut d’abord à Wimbledon, de son premier métier. Il gagnait 2 000 francs par an comme professeur de langue française à l’École militaire. Il céda la place à Martin Nadaud et se rendit à Londres pour assurer l’éducation de ses trois enfants, particulièrement pour les placer dans le commerce.
Quelques mois après sa mort, son fils Scaevola Duché rentra en France et reprit dans la Loire le combat pour la République démocratique et sociale auquel son père avait consacré le meilleur de ses forces.
Voir Moulinier*, Praire*.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article30297, notice DUCHÉ Tristan, Mathieu , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 11 octobre 2017.

SOURCES : Arch. Dép. Loire, 10 M 33. — Mémorial judiciaire (collection, et spécialement le n° du 4 mars 1848). — Martin Nadaud, Mémoires de Léonard... — Robert, Bourloton et Cougny, Dictionnaire des Parlementaires français.

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