DUCHESNE Julien

En 1830, il fut régent de philosophie au collège de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire). Après la révolution de Juillet, il obtint, avec l’appui du général Thiard, député de Saône-et-Loire, du sous-préfet de Chalon-sur-Saône et du préfet, le brevet d’imprimeur (22 octobre 1830). A partir de mars 1831, il fut à la fois gérant, imprimeur et rédacteur en chef du journal Le Patriote de Saône-et-Loire.

Bientôt rallié à la République, le journal fut l’objet de nombreuses poursuites sous la monarchie de Juillet, mais parvint à survivre, en partie grâce au concours financier du général Thiard. Avant tout « radical », J. Duchesne s’intéressa cependant aux différentes écoles socialistes. Membre du Comité électoral de la Montagne, président honoraire de la Société démocratique de Chalon-sur-Saône dont le programme était : « Souveraineté du Peuple — Suffrage universel et direct — Liberté absolue d’association — Liberté de la presse — Liberté individuelle des cultes — Éducation nationale gratuite et obligatoire — Organisation progressive du travail industriel et agricole — Respect de la famille et de la propriété — Impôts équitablement répartis — Réforme de tous les abus ».

Sous la deuxième République, Duchesne fit du Patriote le principal organe démocrate-socialiste du département. Son attitude en juin 1849 (il publia un supplément intitulé « Déchéance sans phrases » emprunté à un article de la Révolution démocratique et sociale lui vaut de nouvelles poursuites. Il dut se soustraire à l’arrestation par la fuite (il gagna la Suisse). On a en effet saisi à Paris, le 13 juin, au Conservatoire des Arts-et-Métiers, une lettre signée de cinq représentants de Saône-et-Loire et adressée à Duchesne, contenant un véritable appel à l’insurrection. Le 28 décembre 1849, il fut condamné par contumace à la déportation. Malgré l’appui que lui consentaient les Dejussieu, imprimeurs à Chalon-sur-Saône, et plusieurs notables chalonnais, madame Duchesne se vit refuser le transfert du brevet d’imprimeur de son mari, et le Patriote accablé d’amendes dut cesser de paraître, le 18 juin 1850.