DUGAILLON Auguste, Eudes

Né en 1803 ; journaliste, rédacteur en chef de l’Union Républicaine, feuille auxerroise d’opinions socialistes.

En 1836, Auguste Dugaillon devint gérant du Patriote de la Meuse et des Vosges. À ce titre, il fut condamné pour outrage à la morale publique à la suite de la reproduction d’un article intitulé : « La guillotine a tort, la guillotine infâme ». Il collabora également aux journaux Les Droits de l’Homme, La Montagne, Le Républicain rouge. Mais l’essentiel de son activité journalistique se déroula à Auxerre, de 1848 à 1851, où il était rédacteur en chef du journal L’Union républicaine dont il rédigeait la plupart des articles. Cette feuille bihebdomadaire de tendance « montagnarde » affichait des idées nettement socialistes (voir Gally).

Le 21 mars 1848, Auguste Dugaillon devint président du club auxerrois la « Fraternité ouvrière ». Il en définit les buts dans L’Union républicaine du 25 mars : « Club ouvrier qui, par-dessus les rivalités passées, en particulier celles des compagnonnages, veut résoudre les problèmes du travail. Propose l’association, le partage des bénéfices entre le Capital et le Travail. Veut essayer d’équilibrer les intérêts du “capital-argent” et du “capital-travail”, du patron et de l’ouvrier ».

Le typographe Rousseau* était le vice-président du club de la Fraternité ouvrière ; le corroyeur Bernard* son secrétaire ; le cordonnier Laplanche son secrétaire-adjoint ; le menuisier Coutant son trésorier ; le menuisier Brigaudiot, le charpentier Joly, le menuisier Champmoreau et le serrurier Boly étaient respectivement premier, second, troisième et quatrième adjoints au bureau.

Auguste Dugaillon prit une position hostile à l’insurrection de Juin (cf. L’Union républicaine, 27 juin 1848), dans la mesure où elle lui sembla se dresser contre le verdict du suffrage universel, mais il reconnut que la médiocrité du gouvernement républicain l’avait rendue inévitable. Ses idées sociales, qui n’avaient absolument rien d’original à ce moment, Auguste Dugaillon les avait exprimées dans un article de L’Union républicaine du 5 août 1848, intitulé « Socialisme et Communisme » : « Socialisme : science sociale ou l’art de combiner dans la société les divers intérêts de chacun, de manière à garantir à tous la plus grande somme de bien-être intellectuel et matériel et cela sans porter atteinte à la propriété privée et à la liberté individuelle. Communisme : société où tous les biens et les intérêts sont en communauté, c’est-à-dire où personne ne possède rien en propre et où l’État pourvoit à la vie intellectuelle et matérielle de tous ses administrés. Le socialisme n’est, selon nous, nullement incompatible avec la forme de notre gouvernement, tandis que le communisme ne peut guère s’adapter qu’à un régime exclusif de toute action pondérée, de toute liberté politique. Le socialisme est le corollaire d’une organisation gouvernementale perfectionnée, tandis que le communisme, au contraire, fait reculer l’humanité vers l’enfance des sociétés humaines ».

De 1849 à 1851, Auguste Dugaillon fut victime de nombreuses poursuites, perquisitions, procès, en raison de ses articles. Arrêté après le coup d’État du 2 décembre, il fut transporté en Algérie. Quand il fut gracié, il s’installa à Paris (en 1853).

Voir Claude Colas, Charles Cœurderoy, Defrance.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article30378, notice DUGAILLON Auguste, Eudes, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 décembre 2009.

SOURCES : Arch. Dép. Yonne, série M. — L’Union républicaine.

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