DELVAL Charles, Marcel

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

Né le 30 novembre 1894 à Tergnier (Aisne) ; mécanicien aux chemins de fer, révoqué en 1929 ; syndicaliste CGTU puis CGT, secrétaire général de la Fédération syndicale de la Batellerie ; militant socialiste puis communiste ; conseiller général de Charenton-le-Pont (Seine, Val-de-Marne) de 1935 à 1941.

[Le Conseil municipal. Nos édiles…, op. cit.]

Né dans une famille ouvrière de l’Aisne, Charles Delval fut élevé à Denain puis à Valenciennes (Nord) avant de faire son apprentissage d’ouvrier mécanicien dans une école professionnelle de Saint-Quentin (Aisne). Il vécut dans les usines métallurgiques les mouvements sociaux de 1910 et 1911. Dès 1912, il adhéra au Parti socialiste et s’affirma un militant actif des Jeunesses socialistes de l’Aisne. Mobilisé comme matelot pendant la Première Guerre mondiale, il aurait, d’après les renseignements biographiques qu’il fournit lui-même aux services du conseil général de la Seine, été « poursuivi pour sa lutte contre la guerre tant en France qu’en Orient » (Le Conseil municipal : nos édiles, op. cit., 1937).

Après sa démobilisation, Charles Delval participa activement aux grèves de mai 1920. Il entra par la suite à la Compagnie des chemins de fer du Nord comme ouvrier aux ateliers de La Chapelle (Paris). Il adhéra à la CGTU en 1922 et au Parti communiste en 1924. Delval fut, en 1926 et 1927, trésorier de l’Union des syndicats unitaires des cheminots du réseau Nord — voir Raymond Tournemaine. Après avoir été le gérant du journal Le Paria du Rail, organe des cheminots unitaires du Nord de Paris, il succéda, en 1929, à Jean Kraemer au secrétariat de l’Union des syndicats unitaires des cheminots de la région parisienne. Son arrestation lors d’une réunion clandestine de militants communistes de la région parisienne à Villeneuve-Saint-Georges, en juillet 1929, provoqua sa révocation pour absence illégale malgré le non-lieu dont il avait bénéficié.

En 1932, il était secrétaire du Syndicat des Cheminots Paris Nord et membre de la Commission exécutive fédérale et parallèlement secrétaire de la fraction communiste de cette même branche. Il était également membre du SRI, des Comités de défense de l’humanité et du syndicat des locataires. Il suivit l’école de la CGTU en mai-juin 1932. Victor Fay notait à la fin de l’école « bien travaillé. Progrès. Peut occuper poste de direction ». Albert Vassart proposait de le passer au Parti pour le travail syndical. Il devint permanent à la direction de l’Union des syndicats unitaires de la région parisienne (20e UR) puis, après la réunification syndicale, secrétaire général du syndicat de la batellerie (1936-1939) et membre de la commission exécutive de la Fédération des ports et docks (1938-1939).

Domicilié à Charenton-le-Pont (Seine, Val-de-Marne), Charles Delval prit sans succès la tête de la liste communiste aux élections municipales de mai 1935. Selon l’Humanité du 5 mai 1935, la liste du Parti communiste aurait obtenu 1 007 voix de moyenne, la liste socialiste SFIO 650 et la liste de droite 2 500. Il fut plus heureux aux élections au conseil général, les 26 mai et 2 juin 1935, dans la première circonscription de Charenton (Alfortville, Charenton). Au premier tour, les voix s’étaient réparties ainsi : Delval 4 535 suffrages, Thévenin conseiller sortant, maire de Charenton, 4 401, D’Espinassous, socialiste SFIO, 415, sur 13 324 inscrits et 9 515 votants. Le désistement socialiste lui permit d’être élu au deuxième tour par 5 393 voix contre 4 578 au docteur Thévenin (10 080 votants). Au conseil général, Delval fit partie de la 7e commission d’hygiène de l’arrondissement de Sceaux.

En désaccord avec le Pacte germano-soviétique, Charles Delval démissionna publiquement du Parti communiste le 18 novembre 1939 et signa deux mois plus tard le manifeste de l’Union populaire française (UPF) intitulé « À tous les travailleurs, à l’opinion publique : pourquoi nous avons démissionné du Parti communiste » - voir Marcel Brout et Marcel Capron. Le gouvernement de Vichy ne le déchut pas de son mandat électif en février 1940 mais ne le désigna pas à l’assemblée départementale en 1941. Il fut maintenu à la Commission administrative de la Seine en 1941. Le Parti ouvrier et paysan français (POPF) de Marcel Gitton et Marcel Capron indiqua son nom comme signataire de la « Lettre ouverte aux ouvriers communistes » du 6 septembre 1941. Il était membre de cette organisation depuis février 1941.
Dans la deuxième « lettre ouverte » diffusée vers la fin du printemps 1942, Delval était dit membre du Comité central du POPF. Il adhéra au Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot en 1942 (S. Courtois, op. cit.), participa au Front social du Travail (mars-avril 1942) et collabora à La France socialiste. Jules Crapier fut nommé à son siège de conseiller général à la Libération.
La CGT prononça le 18 octobre 1944 l’exclusion à vie de Delval du mouvement syndical. Il fut condamné en avril 1948 à cinq ans de dégradation nationale.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article3038, notice DELVAL Charles, Marcel par Jean Maitron, Claude Pennetier, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 29 septembre 2023.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

[Le Conseil municipal. Nos édiles…, op. cit.]

SOURCES : RGASPI, 517/1/1313, rapports sur l’école de la CGTU (note de Sylvain Boulouque). — Arch. Nat. F7/13671, rapport du 6 juillet 1929 et F7/13681. — Arch. PPo. 101, rapport du 25 mai 1941 et PPo. 308, octobre 1926. — Arch. Dép. Seine, Versement 10441/64/2. — l’Humanité, mai 1935. — Le Conseil municipal : nos édiles, op. cit., 1937. — S. Courtois, thèse, op. cit., Annexe n° 18.

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