DUHEM Pierre, François

Le 31 mars 1848, Duhem adressa à Bianchi, rédacteur en chef du Messager du Nord, la lettre suivante :
« Sachant la bienveillance avec laquelle vous accueillez les plaintes que vous donnent les ouvriers, je viens vous faire connaître la manière dont certains maîtres traitent leurs ouvriers.
« J’étais employé chez le citoyen Louis Watine, fabricant à Roubaix. Hier, il apprit que j’étais secrétaire du Comité d’instruction des ouvriers, il me fit appeler et me dit que les ouvriers ne devaient pas s’occuper de politique, et que je faisais partie d’une société de canailles ; que si je ne donnais pas ma démission sur-le-champ à toute société républicaine, il me mettrait à la porte ; comme la Révolution qui vient de se passer donne à tout citoyen le droit d’avoir une opinion et que l’intérêt personnel ne doit pas faire quitter la cause républicaine quand on est convaincu qu’elle seule peut faire le bonheur de chacun, j’ai refusé net ses propositions et, immédiatement, il m’a renvoyé de ses ateliers. Je vous soumets ces faits ; ils intéressent la cause commune de tous les travailleurs. »
Quelques jours plus tard, Le Messager du Nord, inséra, sans autre commentaire, la lettre suivante du fabricant Louis Watine à Duhem : « Si votre position de secrétaire du Comité d’instruction vous empêche de travailler, et de laisser travailler les autres, vous resterez chez vous...
« S’il est permis à tout citoyen de faire valoir son opinion, il est aussi permis à un chef d’établissement de renvoyer un citoyen qui ne veut pas s’occuper de son emploi... »
Duhem se brouilla après le 2 décembre 1851 avec les militants qui fréquentaient l’estaminet du Dr Piscart en Belgique. Voir Bianchi A.*