DUROY Jean, Michel

Né à Bernay (Eure) le 16 décembre 1753, guillotiné à Paris le 29 prairial an III (17 juin 1795). Avocat et Conventionnel démocrate.

Fils d’un maréchal-ferrant, il devint avocat au présidial de sa ville natale. Il fut élu, le 5 juillet 1790, membre du Directoire du district de Bernay. Député suppléant du département de l’Eure à l’Assemblée législative, en 1791, juge à Bernay, enfin député de l’Eure à la Convention en septembre 1792, Duroy était lié avec les deux frères Lindet, également membres de la Convention : Robert, qui dirigera l’approvisionnement des troupes et celui des grandes villes au Comité de Salut public montagnard de 1793-1794, et Thomas, évêque constitutionnel du département de l’Eure.
Montagnard lui-même, Duroy vota la condamnation à mort de Louis XVI sans appel au peuple ni sursis. Fréquemment envoyé en mission, il n’eut pas à prendre position, dans l’hiver 1793-1794, entre les groupes rivaux de la Montagne.
Mission en Normandie pour la levée des 300 000 hommes (mars-avril 1793). Mission à l’armée du Rhin (avril-juin). Mission dans l’Eure et le Calvados (juillet-août) pour combattre les fédéralistes girondins. Longue mission à caractère principalement militaire dans les Ardennes, à l’armée du Rhin et sur les arrières, pour organiser la cavalerie, installer le gouvernement révolutionnaire (octobre-1793-août 1794). Partout il se montra ferme et humain.
Rentré à la Convention après le 9 thermidor, il resta fidèle à la Montagne, défendit à la tribune le club des Jacobins, dont il n’avait jamais fait partie, au moment où les Thermidoriens qui l’avaient quitté étaient décidés à le fermer. Interrompu par des clameurs, il attaqua de front : « J’ai été singulièrement étonné, dit-il, de voir à mon retour des gens qui, avant mon départ, vivaient républicainement, qui, comme nous, marchaient à pied, étaler aujourd’hui un faste insolent et fréquenter les aristocrates... »
Il demanda que la loi des suspects fût rapportée, car il estimait qu’elle avait fait plus de mal que de bien.
Le Ier prairial an III (20 mai 1795), lorsque la Convention fut envahie par les faubouriens affamés, il ne se joignit nullement à eux. Le soir, après avoir siégé neuf heures, il proposa simplement que soient mis en liberté les patriotes incarcérés depuis le 9 thermidor et contre lesquels il n’y avait aucun chef d’accusation précis. Il pensait certainement à ses collègues de la Convention arbitrairement détenus depuis le 12 germinal (1er avril 1795). Mais il fut nommé à la commission des quatre, avec Bourbotte, Duquesnoy et Prieur de la Marne.
Arrêté aussitôt que la Convention eut été dégagée par la troupe, Duroy fut accusé de s’être laissé nommer à la commission extraordinaire destinée à remplacer le Comité de sûreté générale, à la suite de sa proposition en faveur des patriotes persécutés, voire d’en avoir réclamé l’institution, et enfin d’avoir promis d’en remplir les fonctions avec courage.
Interné avec Bourbotte, Duquesnoy, Goujon, Romme et Soubrany dans la baie de Morlaix, au fort du Taureau, comme Auguste Blanqui en 1871, Duroy refusa de s’évader à deux reprises sur le trajet d’aller et sur le trajet de retour, lorsque le convoi traversa la Normandie, où il conservait de nombreux amis dévoués, en venant de Paris puis en y revenant. Condamné à mort, ainsi que ses amis, le 29 prairial (17 juin 1795), par une Commission militaire qui avait ordre de les faire mourir, Duroy, moins heureux que Goujon, Romme et Duquesnoy qui réussirent leur suicide, manqua le sien comme Bourbotte et Soubrany. Soubrany mourut avant d’arriver à la guillotine sur la place de la Révolution (place de la Concorde). Bourbotte et Duroy furent seuls décapités par Sanson, qui avait reçu l’ordre de préparer sa machine dès l’ouverture du procès (24 prairial).
Duroy laissa le souvenir d’un homme qui avait eu le souci constant de lutter contre la misère et d’assurer le mieux possible la subsistance des classes populaires. Sa réputation de démocrate était telle qu’on l’avait surnommé le « Défenseur des pauvres ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article30539, notice DUROY Jean, Michel , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 septembre 2017.

SOURCES : A. Kuscinski, Dictionnaire des Conventionnels, Paris, 1919. — A. Galante-Garrone, Gilbert Romme. Storia di un Rivoluzionario, Turin, Einaudi, éditeur, 1959.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable