Né le 20 août 1818 à Saint-Léonard-de-Noblat (Haute-Vienne), tué sur la barricade du Petit-Carreau, à Paris, le 4 décembre 1851.
Comme son frère aîné et grâce à l’aide de son oncle, Denis fit ses études au collège de La Jonchère, puis au collège royal de Limoges, ensuite à la Faculté de droit de Paris. Lors de l’emprisonnement de son frère, son oncle le rappela au Repaire. À la libération de son aîné, il les envoya tous les deux à Poitiers où ils continuèrent leurs études, tout en poursuivant la propagande républicaine parmi les étudiants. Son droit terminé, Denis se fit inscrire au barreau de Limoges. Comme son frère, il fut le disciple de Pierre Leroux et il eut même l’intention d’habiter près de lui à Boussac.
Le 25 février, il lut sur une place de Limoges (la place Dauphine, aujourd’hui place Denis-Dussoubs), entouré d’une foule nombreuse, la dépêche annonçant la chute de Louis-Philippe. Il fut membre du Comité administratif provisoire créé à Limoges à la nouvelle des événements parisiens et proclama la République. Voir l’acte d’accusation du procès de mars-avril 1849 à Poitiers. Son frère était alors absent de Limoges.
Il fut un des premiers adhérents de la Société populaire et exerça les fonctions de rédacteur en chef du journal Le Peuple, dont le premier numéro parut le 14 mars 1848 et qui interrompit sa publication après les journées de Juin, faute de pouvoir satisfaire aux prescriptions de l’article 6 de la loi du 18 juillet 1828 sur le cautionnement.
Le 27 avril 1848, le jour des désordres survenus pendant le dépouillement des votes, il avertit le procureur général que des gardes nationaux bourgeois avaient reçu des cartouches. Au début de l’après-midi, il harangua la foule réunie sur l’esplanade du Champ de Juillet où elle avait conduit des canons qu’elle redoutait de voir utiliser contre les ouvriers, et prononça un discours de ton modéré. Il se mêla ensuite à la foule dispersée à travers les rues et l’accompagna lorsqu’elle se rendit à la préfecture pour réclamer la création d’un nouveau comité de gouvernement. Il fut membre de ce comité administratif que le commissaire du Gouvernement organisa en y appelant les membres du comité du 25 février (dont Denis Dussoubs), des personnalités de la Société populaire et des éléments ouvriers.
Le 2 mai 1848, il fut envoyé à Paris auprès du ministre de l’Intérieur par les membres du comité administratif, pour faire le compte rendu des événements du 27 avril et contrebalancer celui du commissaire Chamiot-Avanturier.
Le 22 juin 1848, il fut arrêté pour sa participation aux événements du 27 avril. Il comparut en même temps que son frère devant la cour d’assises de Poitiers, défendu aussi par Théodore Bac, et fut condamné à deux ans de prison plus six mois de contrainte par corps pour couvrir les frais du procès (30 000 francs). Il accomplit sa peine à Poitiers, puis à Fontevrault, enfin à Belle-Île, où il retrouva Daniel Lamazière. Voir Briquet Ch.*
Libéré en 1851, il revint à Limoges et voulut fonder un journal. Mais les rédacteurs devaient payer les frais du procès de Poitiers ou revenir en prison. Denis Dussoubs préféra renoncer et il quitta Limoges en attendant les élections de 1852.
Le 4 décembre 1851, il remplaça son frère alité à la réunion des députés montagnards. Ceint de l’écharpe de celui-ci, il se dirigea vers les barricades par la rue Montorgueil. Tandis que, monté sur la barricade du Petit-Carreau, il essayait de haranguer les soldats, il tomba, frappé de balles. Victor Hugo a raconté ces faits de façon émouvante dans Histoire d’un Crime. Charpentier de Bellecour, qui se trouvait à ses côtés, tomba peu après.
SOURCES : Arch. PPo., E a/267 (11). — Compte rendu du banquet de Limoges, le 2 janvier 1848. Extrait de L’Éclaireur de l’Indre, brochure in-8°, Bibl. Nat. Lb 51/4416. — Compte rendu du procès de Poitiers devant la cour d’assises de la Vienne (mars-avril 1849) publié par L’Abeille de la Vienne, journal paraissant à Poitiers. — Victor Chazelas, « Un épisode de la lutte des classes à Limoges (juin 1847-mai 1848) », Revue d’histoire de la Révolution de 1848, juillet-août 1910-mars-avril 1911. — Alfred Talandier, Denis Dussoubs, plaquette in-18, Limoges, 1881. — Pierre Cousteix, « L’opposition ouvrière sous le Second Empire » (Bulletin de la Société archéologique et historique du Limousin, 1955). — Eugène Ténot, Paris en décembre 1851, Paris, Le Chevalier, 1868. — Victor Hugo, Histoire d’un Crime, écrite dans les premiers mois de l’exil à Bruxelles (décembre 1851-mai 1852), publiée seulement en 1877. Consulter particulièrement l’édition des œuvres complètes. Imprimerie Nationale, Histoire, t. 2. — John M. Merriman, Social conflict in France and the Limoges revolution of April 27, 1848, Societas – A Review of Social History, Vol. IV, No 1, Winter 1974, pp. 21-38. -– Robert Auclair, Il y a cent cinquante ans Denis Dussoubs, Généalogie Limousin, 2001, a. 9, n° 35, pp. 42-51.