FAYET Jean ou FAYETTE Jean

Ouvrier cordonnier et militant révolutionnaire, né à Mauzé-sur-le-Mignon (Deux-Sèvres) le 16 mai 1811.

Commandant de la garde nationale à Mauzé après la révolution de Février 1848, il fut révoqué de ses fonctions à la suite d’une manifestation révolutionnaire qu’il avait dirigée et au cours de laquelle on chanta le « Chant des Vignerons » de Claude Durand. Voici comment L’Écho républicain, journal modéré publié à Melle-sur-Béronne, rendait compte de cette manifestation :
« La petite ville de Mauzé a été dernièrement le théâtre de désordres assez graves. Quelques « frères » et « amis » de l’endroit se sont ingéniés de parcourir la cité, ceints d’écharpes rouges et coiffés du bonnet phrygien. Le simulacre de la Liberté enchaînée a été promené dans les rues ; la démonstration « patriotique » était conduite par le commandant de la garde nationale de Mauzé. L’autorité a fait saisir plusieurs des « figurants » et la justice informe. » (N° du 24 février 1850.) Traduit devant la cour d’assises des Deux-Sèvres avec d’autres manifestants, Fayet fut acquitté, le 30 mars 1850.
Ami d’Audouin, il faisait partie du groupement socialiste de Mauzé ; aussi fut-il arrêté à la suite du coup d’État du 2 décembre 1851 et détenu au donjon de Niort.
Le 9 février 1852, il fut condamné, par la Commission mixte des Deux-Sèvres, à la transportation en Algérie.
Fayet vit sa peine commuée, le 29 mars 1852, en simple expulsion de France par décision du colonel Espinasse, commissaire extraordinaire.
Il reçut un passeport pour la Belgique, le 3 avril 1852 ; il se retira en Angleterre (son nom figure sur une liste des proscrits résidant à Jersey). Mme Fayet écrivit au préfet des Deux-Sèvres, le 1er octobre 1852, peu avant le passage du prince-président à Niort, pour demander la grâce de son mari : « C’était un pauvre ouvrier, sans autre ressource que son travail pour nourrir sa famille et qui, je vous l’assure, avant Février, ne s’occupait guère de politique. Mais si, depuis cette époque, il s’est livré à ces dangereuses querelles qu’avaient suscitées, parmi les populations les plus tranquilles, de funestes utopies, il expie aujourd’hui bien amèrement ses torts en Angleterre et se repent bien sincèrement d’avoir laissé chez lui la misère en partant... » Cette lettre nous apprend que Fayet avait, outre sa femme, sa mère à charge et quatre enfants en bas âge ; sa famille était absolument sans ressource et vivait de la charité publique depuis le départ de son chef.
Compris dans un décret de grâce collective, en février 1853, Fayet rentra à Mauzé. Un rapport du commissaire de police de la ville, en date du 25 juillet 1854, annonçait au préfet des Deux-Sèvres le départ de Fayet pour Fontenay-le-Comte, où il devait fixer sa résidence ; il ajoutait : « Fayette avait été militaire et condamné pour vente d’effets d’équipement appartenant à l’État. Depuis son retour de l’armée, il n’avait cessé de professer des opinions anarchiques [ :...] Sa rentrée à Mauzé, après un an d’expulsion, n’a pas donné lieu à penser qu’il ait renoncé à ses anciennes opinions. [...] »
En 1861, Fayet habitera au Gué-de-Velluire (Vendée). Voir Durand Claude*, Goutière Jean-Jacques*, Leroy Louis*

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article30850, notice FAYET Jean ou FAYETTE Jean , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 février 2009.

SOURCES : Arch. Dép. Deux-Sèvres, 4 M 6/17, 4 M 15/4. — L’Écho républicain, (journal paraissant à Melle).

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