Né le 6 juin 1802 à Reims (Marne), mort en cette ville le 16 avril 1885. Ouvrier en tissage, puis contremaître. Militant mutuelliste sous la monarchie de Juillet. Représentant du peuple sous la Seconde République.
Ouvrier tisseur, il devint contremaître à la fabrique de tissus Charles Patriau, de Reims. Le 26 mars 1836, il fonda la « Société fraternelle de la Fabrique » qui, en 1848, groupait cent adhérents et était la plus importante des sociétés de secours mutuels de Reims. À ce propos, il n’est peut-être pas sans intérêt de rappeler que, depuis 1833, ces sociétés s’étaient beaucoup développées dans la ville. À la veille de la révolution de Février, il en existait dix-sept. Elles groupaient, ensemble, 1 020 membres recrutés parmi les ouvriers du textile, les ouvriers serruriers, les scieurs de long et les charpentiers, les cordonniers, les tailleurs de pierre, les ébénistes, les tailleurs d’habits, etc. Toutes accordaient des secours temporaires aux sans-travail, aux malades, aux accidentés. Seize d’entre elles avaient un compte ouvert à la caisse d’épargne et possédaient, ensemble, un capital d’une trentaine de mille francs.
En 1843, Ferrand obtint que toutes ces sociétés unissent leurs efforts, sans, pour cela, fusionner entre elles, du moins semble-t-il.
Au moment des élections générales d’avril 1848, Ferrand fut candidat dans le département de la Marne, sur une liste de républicains démocrates dressée par le « Club démocratique du Faubourg Cérès » (Reims), et ceci, grâce au désistement d’un autre ouvrier, le tisseur Maufroy. Le comité socialiste dit « Comité électoral de la Démocratie rémoise », présidé par l’icarien Gonzalle, repoussa cette candidature car il estimait Ferrand trop ouvertement soutenu par le patronat et la bourgeoisie. Ferrand figura, finalement, sur une liste modérée qui avait l’appui du National de Paris. Il fut élu, septième sur neuf, par 63 168 voix (inscrits : 101 527, votants : 93 184).
Un biographe parlementaire a pu écrire : « M. Ferrand n’est pas, comme on pourrait le croire, envoyé à l’Assemblée par les ouvriers de Reims ; il paraît même certain que ceux-ci, loin de lui donner leurs suffrages, se sont opposés à son élection ; peut-être, le contremaître, prenant les intérêts de ses patrons, s’est-il souvent opposé aux prétentions de ses anciens camarades. Toujours est-il que les manufacturiers, qui l’avaient choisi pour défendre leurs intérêts à l’Assemblée ont dû avoir recours aux habitants des campagnes pour lui faire obtenir un nombre suffisant de suffrages » (Biographie des 900 députés..., Paris, 1848).
Il faudrait, cependant, ajouter que, le 3 mai 1848, lorsque Ferrand partit pour Paris, les ouvriers tisseurs de la fabrique Patriau où il avait été employé le conduisirent en cortège jusqu’à la diligence.
À l’Assemblée constituante, Ferrand fit partie du Comité de travail. Il refusa de fréquenter les réunions de la rue de Poitiers. Il vota contre le rétablissement du cautionnement, contre les poursuites à l’égard de Louis Blanc et de Caussidière, contre le rétablissement de la contrainte par corps, pour la suppression de l’impôt sur le sel. Par contre, il se prononça contre l’inscription du droit au travail dans la Constitution, pour l’ordre du jour de félicitations en faveur de Cavaignac, contre l’amnistie aux transportés de Juin, pour l’expédition de Rome, contre l’interdiction des clubs.
Il fut battu aux élections à la Législative du 13 mai 1849. Il figurait sur une liste de candidats républicains modérés, mais les conservateurs le rejetèrent à cause de certains de ses votes, à leurs yeux trop républicains. En avril 1852, alors qu’était venu à Reims un haut fonctionnaire du ministère de la Police générale, pour enquêter sur la « situation politique et économique » des sociétés de secours mutuels, soupçonnées d’avoir pris part à l’agitation socialiste, Ferrand invita les sociétaires à se soumettre à ces investigations.
Le 24 décembre 1853, l’empereur imposa à chacune des sociétés de secours mutuels autorisées un président de son choix, pris parmi les autorités locales ou les notables présentant le plus de garanties pour le pouvoir : Ferrand fut maintenu à la tête de la « Société fraternelle de la Fabrique ».
SOURCES : Georges Boussinesq, Reims à la fin de la monarchie de juillet et pendant la période révolutionnaire de 1848, Angers, 1923. — Boussinesq et Laurent, Histoire de Reims..., t. II, 2e partie. — Robert, Bourloton et Cougny, Dictionnaire des Parlementaires.