FIESCHI Joseph

Né à Murato (Corse) le 13 décembre 1790, guillotiné à Paris le 19 février 1836 ; auteur d’un attentat contre Louis-Philippe.

Sa famille n’avait ni feu ni lieu. On lit son histoire dans la Gazette des Tribunaux des 21 et 22 septembre 1835, p. 1223, 27 septembre 1835, p. 1244. Lui-même garda les chèvres. À 16 ans, il s’engagea dans l’armée napolitaine, apprit à lire et à écrire, fut nommé sergent en 1808. Ambitieux et sans scrupules, sa conduite donna crédit au pire soupçon : celui d’être un espion autrichien et d’avoir trahi en 1815 à trois reprises la cause de Murat, qu’en apparence il servait avec zèle. Ses trahisons eurent de graves conséquences : défaite de Tolentino, en 1815, qui provoqua la perte de ses États, échec du débarquement à Pizzo de Calabre. Il se mit à couvert, abandonnant Murat et ses compagnons qui sont pris et fusillés.
Rentré en Corse, pris en flagrant délit de vol et usage de faux, ses antécédents bonapartistes le font condamner à dix ans de prison en 1819 qu’il purgea à Embrun (Hautes-Alpes). Il semble après cette longue détention avoir tenté de vivre honnêtement de son travail, de 1828 à 1830, sous un nom d’emprunt, dans les manufactures de drap de Lodève (Hérault). D’après d’autres sources, il erra en France.
Venu à Paris en 1830, après les journées de Juillet, il se présenta comme un ancien sous-officier de l’armée napoléonienne, se faisant passer pour une victime de la Restauration et obtint un emploi réservé, sergent à la garde du moulin de Croulebarbe. D’après Louis Blanc, il jouait aux fiers à bras en décembre 1830. Ses mœurs, — il fut l’amant de Nina Lassave … et simultanément de sa mère, Laurence Petit, également d’Annette Bocquin et Agarithe Daurat – ses mœurs donc et probablement des difficultés de tout ordre avec la police l’obligèrent, en octobre 1834, à se cacher. Il avait été en fait démasqué et devint plus ou moins indicateur de police.
Il trouva refuge auprès d’irréprochables républicains, l’épicier Pépin et le bourrelier Morey. Il prépara avec leur aide une machine infernale consistant en 24 canons de fusil soudés et tirant en même temps. Le 28 juillet 1835, la machine infernale installée, 30, boulevard du Temple, fut braquée sur le cortège royal qui se rendait à la Bastille pour célébrer l’anniversaire de la révolution de Juillet. Le maréchal Mortier fut tué. Il y eut de nombreux blessés. L’explosion d’un canon de son engin avait causé à Fieschi une commotion et une blessure sans gravité, qui aidèrent simplement la police à le capturer.
Les récits complaisants de Nina Lassave, fanfaronne du vice, permirent de saisir Pépin et Morey. Après un procès qui dura du 30 janvier au 15 février, la cour des pairs condamna Fieschi et ses compagnons à la peine de mort et ils furent exécutés le 19 février 1836. Pour le peuple républicain de Paris, Fieschi, malgré son incontestable courage devant la Cour des pairs, n’était pas un héros. Pépin et Morey, au contraire, étaient des héros et des victimes. Voir aussi Bescher Tell, Boireau Victor.
En juillet 1836, le simulacre de Fontelle et Oursel, de préparation d’un attentat contre le roi, suffit à faire annuler la revue.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article30926, notice FIESCHI Joseph , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 24 mai 2022.

SOURCES : Arch. Nat., BB 18/1368. — Cour des pairs, Attentat du 28 juillet 1825, Paris, 1836, 6 vol. in-4°. — Notes de Pierre Baudrier.

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