DENIS Roger

Par Georges Clause

Cheminot de Châlons-sur-Marne (Marne), membre du Parti socialiste, secrétaire de la Bourse du Travail en 1934, militant de la réunification syndicale et du parti ouvrier unique.

Roger Denis, employé des chemins de fer de l’Est de Châlons-sur-Marne, appartenait, en 1934, à la tendance socialiste dite Zyromski ou « Bataille socialiste ». Déjà partisan à cette époque de la réunification syndicale, il s’était opposé, au XIXe congrès de l’Union départementale CGT de la Marne, en octobre 1933, à R. Belin qui représentait le Bureau national. Aussi joua-t-il un rôle très actif après le 6 février 1934 dans les contacts que prenaient entre eux les militants antifascistes. Il parla au meeting du 10 février et on le vit le 1er Mai au théâtre de Châlons aux côtés du représentant de la CGTU Bournet. Nommé par le préfet membre d’une commission de contrôle des prix, il en démissionna pour ne pas cautionner une politique de collaboration de classe. Il participa activement aux négociations qui permirent la réunification syndicale, prenant contact avec Frachon et Semard en vue de l’unification des syndicats des cheminots de Reims en janvier 1935 — union déjà pratiquement réalisée à Châlons depuis 1925. Il laissa d’ailleurs volontairement la place de secrétaire de la Bourse du Travail de Châlons à Moszkowski, professeur au collège et communiste.
En juin 1936, il joua un rôle de premier plan dans les grèves qui se poursuivirent durant presque tout le mois à Châlons. Le 6 avril 1936, il dénonça vivement la CFTC sur les plans local et national, et s’en prit à la Chambre de commerce, défenseur des intérêts de la bourgeoisie. Dans toutes les manifestations de l’époque, les représentants des partis politiques qui prirent la parole à Châlons étaient des professeurs ou des fonctionnaires, seul Denis apparut comme authentique représentant ouvrier et aucun mouvement de grève ne se déclencha ou ne s’arrêta sans son accord. Lors d’une grève totale à l’usine de papiers peints Grantil en novembre, il fut invité par le préfet à se joindre aux délégués qui négociaient sous son arbitrage. Lors d’une réunion de grévistes de l’alimentation, c’est lui qui invita le commissaire de police à se retirer, ladite réunion étant « privée ». Le Journal de la Marne l’appelait le « Jouhaux châlonnais ».
Denis affirma en 1937 et 1938 la solidité du Front populaire et la confiance qu’avaient en lui les travailleurs ; c’est ainsi qu’il déclara le 14 juillet 1938 : « Le Front populaire est aussi vivant, aussi puissant dans les masses travailleuses qu’aux premiers jours de 1936, mais... il n’en est pas de même au Parlement et nous nous demandons s’il existe encore au gouvernement ». R. Denis se montrait d’ailleurs partisan de l’unité socialiste, comme il l’avait été de l’unité syndicale et il pensait que, se réalisant à la base, elle forcerait l’assentiment des états-majors des partis. Il prit part, mandaté par sa section, avec quatre autres socialistes châlonnais Draveny*, Pain*, Dlévaque* et Waharte* à des contacts avec les communistes locaux, qui aboutirent à un accord le 30 juin 1938. Le 22 juillet eut lieu l’assemblée générale du « Parti unique de la classe ouvrière châlonnaise », qui réunit une centaine de participants. Denis y défendit la nécessité de l’unité politique parallèle à l’unité syndicale. Les statuts du « Mouvement d’unification de la classe ouvrière » étaient achevés en septembre mais la commission exécutive fédérale de la SFIO désavoua l’accord et les négociateurs ; le 4 mars 1939, ils furent exclus de la section SFIO et le mouvement d’unification se dissocia le 9 juin 1939.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article3094, notice DENIS Roger par Georges Clause, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 29 novembre 2011.

Par Georges Clause

SOURCES : Arch. Dép. Marne, 197 M 13. — Le Travail, 1935-1937. — L’Union républicaine (Châlons-sur-Marne). — J. Fallet, Le Front populaire à Reims 1934-1937, Mémoire de Maîtrise, Reims, 1972. — B. Barberousse, Le Front populaire à Châlons-sur-Marne, Mémoire de Maîtrise. — Compte rendu du XXIIe congrès de la CGT, Paris, 1933, p. 223.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable