FLACHAT Stéphane [MONY Christophe Stéphane], dit.

Par Notice revue et complétée par Ph. Régnier

Né le 14 février 1800 à Paris, mort le 10 mars 1884 à Moulins (Allier). Né sous le patronyme légal de Mony auquel il substitua jusqu’en 1852 celui de Flachat. Ingénieur civil et homme politique saint-simonien,.

Il substitua jusqu’en 1852 à son propre patronyme légal de Mony le patronyme de son frère aîné et utérin, Eugène Flachat, auquel sa carrière fut longtemps étroitement associée. Le nom de « Stéphane Flachat » est le seul qui apparaisse dans les publications et les archives saint-simoniennes.

Membre du « deuxième degré » en 1830, Flachat se prononça explicitement, dès août 1831, pour que le saint-simonisme adoptât une attitude médiatrice entre la bourgeoisie et le peuple. Selon lui, le peuple ne devait pas recourir à « la violence » pour s’emparer des « instruments du travail », mais les réclamer « pacifiquement et graduellement » (Rapport sur les travaux de la famille saint-simonienne). S’étant rallié à Enfantin après le schisme de Bazard, Flachat accepta par « abnégation », à la demande d’Olinde Rodrigues, de remplacer Fournel à la direction des ouvriers, devenue le « degré des industriels ». Quelque temps après, il confessa que ce contact avec les « prolétaires » lui avait donné une haute opinion de leurs qualités morales et l’avait personnellement transformé. Enfantin lui confia également, en janvier 1832, le soin d’organiser une correspondance spéciale du Globe avec les ingénieurs de province afin de les préparer à une grande action industrielle. L’importance de ces différentes responsabilités valut à Flachat d’être nommé au Collège en avril 1832. Mais sa participation à la Retraite de Ménilmontant fut interrompue le 4 juin de la même année à la suite d’un scandale interne suscité par l’infidélité de son amie, Annette Chevalier, une soeur de Michel Chevalier, avec Henri Cavel, un autre apôtre, pour épouser en fin de compte encore un autre apôtre, Gustave de Bouffard. Démoralisé, Flachat prit ses distances avec le saint-simonisme militant. Dès le mois d’octobre suivant, son nom apparaît, avec ceux de son frère Eugène, de Lamé et de Clapeyron, dans la liste des ingénieurs responsables d’une étude que les Péreire soumettent officiellement à la direction des ponts et chausées pour construire le chemin de fer français, de Paris à Saint-Germain-en-Laye. À partir de 1833, dans l’attente de ce chantier (le projet ne fut réalisé qu’en 1835), Flachat, qui avait écrit sur la politique industrielle dans Le Globe et signé avec Lamé et Clapeyron des Vues politiques et pratiques sur les travaux publics en France (Paris, 1832, 336 p.) donna des articles à différents journaux, dont le Moniteur du Commerce (avec le titre de rédacteur en chef) et Le Constitutionnel. Lorsqu’il se fut brouillé avec ce dernier journal, en 1834, il passa à la Revue des Deux Mondes et au Courrier français. Sous le Second Empire, Flachat devint en 1854 gérant des mines de charbon de Commentry et des forges et fonderies de Fourchambault, Montluçon et Torteron. Maire de Commentry en 1866, conseiller général de l’Allier en 1867, il représenta la troisième circonscription de l’Allier au Corps législatif à partir de 1868 et s’y fit remarquer par ses rapports sur les travaux publics ainsi que par sa participation, dans un sens très conservateur, aux débats sur les grèves du Creusot. Rentré dans la vie privée après la chute de l’Empire, il écrivit deux essais, De la Décentralisation (1871) et Étude sur le travail (1877), et refit une tentative électorale sans succès en 1877. Au plan local, Flachat combattit le socialisme naissant, animé par Christophe Thivrier. Voir Bayard.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article30957, notice FLACHAT Stéphane [MONY Christophe Stéphane], dit. par Notice revue et complétée par Ph. Régnier, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 7 juin 2017.

Par Notice revue et complétée par Ph. Régnier

SOURCES : Bibl. de l’Arsenal, Fonds Enfantin, ms. 7 619, f° 10, et Fonds d’Eichthal, 14 407/50. — Enseignements d’Enfantin, dans œuvres de Saint-Simon et d’Enfantin, t. XVI, p. 212 et suiv., et t. XVII, p. 11 et p. 121. — Henry-René d’Allemagne, Les Saint-Simoniens 1827-1837, Paris, Gründ, 1930, in-4°, p. 118, 126, 183, 187, 266, 277 et 279. Henry-René d’Allemagne, Prosper Enfantin et les grandes entreprises du XIXe siècle, Paris, 1935, p. 52-53. — A. Robert, E. Bourleton, G. Cougny, Dictionnaire des Parlementaires français, 1789-1889, Paris, Borl, 1891.. — Ernest Montusès, " Le Député en blouse », Cahiers du Centre, Nevers, s. d.

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