FLOCON Ferdinand

Né le 1er novembre 1800 à Paris, mort à Lausanne (canton de Vaud, Suisse), le 15 mars 1866. Démocrate de 1848, que l’on croyait et qui se croyait parfois socialiste.

Fils d’un employé du télégraphe Chappe, Flocon fit ses études et participa à l’action politique des étudiants libéraux et républicains. Il fut sans doute membre de la Charbonnerie.
Il apprit la tachygraphie, ancêtre de la sténographie, et fournit les journaux en comptes rendus parlementaires. Il collabora d’abord au Courrier français , puis, en 1824, publia un pamphlet contre les jésuites : Dictionnaire de morale jésuitique. Critique littéraire et artistique, il publia un compte rendu du Salon de 1824, puis un recueil de Ballades allemandes, (1827) et un roman de mœurs, Ned Wilmore. Partisan de la révolution de Juillet, sans que son rôle soit précisé, il fut quelques temps attaché au Constitutionnel, puis rentra à La Tribune, où il défendit les idées de l’opposition radicale. Il fut membre de la Société des Amis du Peuple. À la suite du coup de pistolet tiré sur le roi le 19 novembre 1832, il fut arrêté et écroué quelques jours à Sainte-Pélagie et libéré par non-lieu. Il fut défenseur des accusés d’avril 1834. Plus tard, il se rapprocha des Nouvelles Saisons. En juillet 1843, il participa à la création et, avec Grandmesnil* et Baune*, à la direction de La Réforme, qui, deux ans après, remplaçait le Journal du Peuple, disparu prématurément.
Il écrivit plusieurs articles sur le droit au travail. Il soutint contre Ledru-Rollin*, partisan avec Le National de l’enseignement privé, le droit à l’État seul de l’enseignement. Cavaignac* était rédacteur en chef de La Réforme. Après sa mort, en 1845, Flocon le remplaça, secondé par Ribeyrolles*, de Toulouse. Le comité de rédaction de La Réforme comprenait en 1846 Étienne Arago*, Félix Avril*, Baune*, Louis Blanc*, Dupoty*, Pascal Duprat*, Flocon, Guinard*, Joly*, Lamennais*, Ledru-Rollin, Lemasson*, Lesserré*, Recurt*, Ribeyrolles, Schœlcher*, Vallier*. Flocon eut dès lors une grande notoriété dans le parti républicain et dans les sociétés secrètes où se groupaient les républicains les plus décidés. On appréciait sa camaraderie et ses manières à la bonne franquette de fumeur de pipes et d’habitué de brasseries, qui donnèrent à croire que ses opinions étaient beaucoup plus avancées qu’elles ne l’étaient.
En 1847 et début 1848, il participa aux banquets. Flocon joua un rôle important dans la révolution de Février 1848. Le 23, il salua les morts de la fusillade du boulevard des Capucines : « [...] Que l’exécration publique anéantisse la tyrannie ! ». Le 24, il fut l’auteur du placard de La Réforme : « Louis-Philippe vous fait assassiner comme Charles X : qu’il aille rejoindre Charles X ! ». Ces deux jours furent les sommets de sa carrière.
Membre du Gouvernement provisoire, du 24 février au 11 mai, Flocon délivrat, le 10 mars, au « brave et loyal Marx » un sauf-conduit sous forme de lettre (datée par erreur du 1er mars par Marx lui-même et les éditeurs à sa suite), lui précisant qu’il était autorisé à rentrer en France d’où les ministres de Louis-Philippe l’avaient expulsé. Au surplus, il se prononça le plus souvent pour Ledru-Rollin contre Albert et Louis Blanc. Élu de la Seine à l’Assemblée constituante, il reçut le ministère de l’Agriculture et du Commerce, le 11 mai, et le conserva jusqu’au 28 juin. Il fit aboutir une réforme des conseils de prud’hommes. Dépassé par les journées de Juin, au cours desquelles il se trouvait dans le parti de l’ordre, Flocon fut battu aux élections de mai 1849.
Il se rendit à Strasbourg. Il y donna son aide au soulèvement badois du mois de juin 1849 et y dirigea Le Démocrate du Rhin.
Sur son activité politique en Alsace en 1850 les lettres de Toulgaët à Nefftzer relatives à l’élection d’Émile de Girardin donnent quelques indications. (Arch. Nat., 113 AP 3.)
Le 2 décembre 1851, il fut retenu à Strasbourg par un accès de goutte et se cacha plusieurs semaines en Alsace avant de gagner Genève sous le faux nom de Devise. Le chef du gouvernement radical genevois, James Fazy*, l’invita à s’éloigner de Genève (des mesures avaient été prises contre les réfugiés français, qui étaient internés à une certaine distance de la frontière). Il s’établit à Lucerne jusque vers 1854. Eugène Sue* lui proposa alors de se charger de la publication des Mystères du Peuple. Flocon accepta et se fixa à Lausanne ; il engagea Vésinier pour le seconder dans ce travail.
En 1854 aussi, le procureur général de Besançon avertissait le gouvernement impérial des activités de Flocon qui, avec Eugène Sue, et Étienne Arago, et en rapport avec les loges suisses du Locle et de La Chaux-de-Fonds, essayait de recruter des troupes pour la révolution espérée au Piémont.
Sur demande du gouvernement français, le gouvernement suisse interna Flocon à Zurich (il était accusé officiellement de publication de brochures hostiles à l’Empire). Il y vivra dans la pauvreté la plus complète et sous la surveillance incessante de la police. Il apprit l’allemand à fond, traduisit un traité d’hygiène et divers autres ouvrages. Sa vue s’affaiblissant de plus en plus, il demanda l’autorisation de se rendre à Lausanne pour y consulter un oculiste, en 1864. Il y resta jusqu’à sa mort, le 15 mai 1866. Il était devenu complètement aveugle. Sur sa tombe parlèrent Victor Chauffour, Barni, Étienne Arago, Robadez (un Suisse), et Chassin, qui lut un texte d’Edgar Quinet. (Voir le compte rendu dans La Rive gauche du 27 mai 1866.)
Selon les articles publiés par Vésinier dans la Tribune du Peuple de Bruxelles, entre le 3 juin et le 1er juillet 1866, ce que n’ont pas dit les amis de Flocon sur sa tombe, « c’est qu’il est mort de la douleur profonde que ces deux votes terribles ont laissée dans son cœur ulcéré » (il s’agit du vote par Flocon de la mise en état de siège de Paris en juin 1848 et de la transportation des insurgés) Certitude que Vésinier prétendait tenir de ses nombreux entretiens avec Flocon en Suisse.
Ferdinand Flocon est l’arrière grand-oncle de l’antinazi et graveur Albert Flocon.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article30996, notice FLOCON Ferdinand , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 3 mars 2021.

ŒUVRES : Articles dans les journaux : Le Courrier français, Le Constitutionnel, la Tribune, La Réforme, Le Démocrate du Rhin. — Un recueil de Ballades allemandes traduites (1827) et un roman de mœurs, Ned Wilmore (1827). — Un pamphlet, Dictionnaire de morale jésuitique (1824).

SOURCES : Arch. Nat., BB 30/394, P. 414 bis. — Arch. PPo. E a/43-13. — — Arch. Dép. Paris (Seine), registres d’écrou, DY8 7 n°580. — Arch. Dép. Bas-Rhin, 3 M 102. — Karl Marx, Herr Vogt, Londres, 1860. — I. Tchernoff, Le Parti républicain au coup d’État et sous le Second Empire. — Robert, Bourloton et Cougny, Dictionnaire des parlementaires français. — Jean Dautry, 1848 et la Seconde République, Paris, 1957. — Notes de J. Grandjonc et J. Risacher.

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