MARTIN, Fulbert [MARTIN François, Louis, Sylvestre, Fulbert]

Par Gauthier Langlois

Né le 16 mars 1809 à Mézières-en-Brenne (Indre), mort en 1864 à Madrid ; avoué et avocat, célibataire ; quarante-huitard, poursuivi par la Réaction, il se cacha entre 1849 et 1851 chez son amie George Sand à Nohant ; opposant au coup d’État du 2 décembre 1851, il fut libéré suite à l’intervention de l’écrivaine et expulsé à Jersey puis en Espagne.

Fils de François Martin, huissier, et d’Adélaïde Taillefert.
Il avait été condamné en 1840 à 8 jours de suspension pour avoir instruit une cause sans huissier.

Militant républicain, il participa à la Révolution de 1848 dans le Cher. Poursuivi suite à la Réaction en 1849, il se réfugia chez son amie George Sand. Elle l’hébergea et le cacha à Nohant en même temps que le révolutionnaire allemand Hermann Müller-Strübing et le militant républicain Émile Aucante. Dans son roman dialogué Le diable aux champs, elle évoque Fulbert sous le pseudonyme de Florence Marigny, jardinier caché à Noirac.

En 1851 Fulbert était domicilié à La Châtre (Indre). Opposant au coup d’État du 2 décembre 1851, il fut arrêté le 21 décembre à Paris, 5 rue du Bouloy, puis emprisonné au fort d’Ivry et au fort de Bicêtre. George Sand se démena pour sa libération comme celle de tous ses amis et de tous ses compatriotes de l’Indre. Elle intervint plusieurs fois auprès de Napoléon III et du ministre de l’Intérieur Victor de Persigny. En réponse celui-ci, par une lettre datée du 1er avril, l’informa que Fulbert et Émile Aucante avaient obtenu un sursis d’un mois avec obligation de résider à Nohant. Pendant ce séjour Fulbert demanda à George Sand d’intervenir en faveur de ses codétenus.

La condamnation de Fulbert avait été renvoyé devant la commission mixte de l’Indre. Celle-ci le condamna à l’éloignement momentanée du territoire en l’expulsant vers l’Angleterre. La commission motiva sa décision par le commentaire suivant : « Secrétaire du gouvernement provisoire dans le Cher en 1848, se disant décoré en Juillet. Accompagnait chez les frères et amis les représentants démocrates de passage à la Châtre, Nadaud, Marc Dufraisse, etc. Est venu à Châteauroux dans les premiers jours de décembre à la réunion des chefs du parti. A quitté La Châtre dans la première quinzaine de décembre et s’est retiré à Bourges où il a demandé un passeport pour la Belgique. A été arrêté à Paris. Signalé par l’instruction comme l’un des chefs de la démagogie dans l’Indre. Désigné au représentant Lagrange comme un homme auquel il pouvait s’assurer de toute confiance dans l’intérêt du parti. »

Fulbert bénéficia d’une grâce le 10 avril 1852, commuant son expulsion en internement, c’est à dire en assignation à résidence. Mais pour conserver sa liberté d’action il préféra se réfugier à Jersey. Il y vécut en donnant des cours de français, d’italien, de littérature et de musique. Il continuait à s’investir politiquement. Le 21 octobre 1853 il était présent à l’assemblée générale des proscrits républicains résidant à Jersey, qui déclara le sieur Julien Hubert comme espion et agent provocateur de la police de Napoléon III. Il fit partie des 35 proscrits qui signèrent, le 17 octobre 1855, la protestation rédigé par Victor Hugo contre l’expulsion de Jersey de Charles Ribeyrolles, du colonel Louis Pianciani et de Philippe Thomas. Cette signature lui valu, comme tous les autres, l’expulsion de l’île.

Il se réfugia en Espagne où il retrouva d’autres proscrits dont Xavier Durrieu et Hippolyte Magen, avant de mourir au début de l’année 1864. Magen, suivant ses dernières volontés, le fit enterrer civilement et en informa George Sand. Celle-ci en informa à son tour la sœur de Fulbert, qu’elle nommait madame Y.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article31259, notice MARTIN, Fulbert [MARTIN François, Louis, Sylvestre, Fulbert] par Gauthier Langlois, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 5 octobre 2022.

Par Gauthier Langlois

SOURCES : A la France. L’agent provocateur Hubert, Jersey : imp. universelle, [1853]. — Thomas C. Jones, « A “coup d’État” in Jersey ? », Diasporas, n° 33, 2019, En ligne. — Victor Hugo, Oeuvres complètes de Victor Hugo. Actes et paroles. 2 publiées par Paul Meurice, puis par Gustave Simon, 1937-1940, p. 123-125. — Le Temps, 4 août 1883. — Jean-Claude Farcy, Rosine Fry, « Martin - Fulbert », Poursuivis à la suite du coup d’État de décembre 1851, Centre Georges Chevrier - (Université de Bourgogne/CNRS), [En ligne], mis en ligne le 27 août 2013. — Hippolyte Magen, Histoire du second Empire, Bordeaux, 1878, p. 212. — Wladimir Karénine, George Sand, sa vie et ses oeuvres, Paris, Plon et Nourrit, 1926, vol. 4 (1848-1876), p. 153, 188, 205, 211, 218, 229, 232, 235, 249, 356, 504, 635. — « François Louis Silvestre Fulbert Martin : notice biographique », George Sand, Correspondance. T. 9. Janvier 1849-1850. [Textes réunis classés et annotés par Georges Lubin], 1972, p. 911-942. — Notes de Georges Lubin.

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