GAFFNEY François Georges

Par Gauthier Langlois

Né le 1er décembre 1821 au Havre (Seine-Maritime), mort le 8 mars 1854 à Jersey ; journaliste et militant socialiste ; opposant au coup d’État du 2 décembre 1851 il avait participé à l’insurrection parisienne, fait pour lequel il fut condamné par contumace au bagne en Algérie. Il mourut en exil à Jersey.

« Gaffney Georges - Seine-Maritime - Mort le 8 mars 1854 »
« Gaffney Georges - Seine-Maritime - Mort le 8 mars 1854 »
Médaillon en cuivre placé à sa mort sur la stèle des proscrits du cimetière Macpela à Jersey (source : Wikimedia)

François Georges était le fils de Barnaby Gaffney (né vers 1784) et Élisabeth Crawford (née vers 1793) sujets britanniques originaires de Waterford, port situé au sud-est de l’Irlande où ils s’étaient mariés en 1809. Le couple s’était installé en France comme approvisionneur de navires, d’abord à Bordeaux, 15 rue du Couvent, où Barnaby était qualifié de négociant puis au Havre, 23 Petit quai Notre-Dame, où Barnaby était qualifié d’épicier. Le couple eut plusieurs garçons. Selon Albert Anthiaume l’aîné s’appelait David et serait né en 1813 à Bordeaux. Mais nous n’avons pas retrouvé d’actes d’État civil à son nom et Anthiaume confond sa carrière avec celle du cadet. Barnabé James né en 1816 était le second. Le troisième, Jacques, naquit le 12 février 1819 au Havre. François Georges, né en 1821 dans la même ville était le quatrième.

Si le père ne semble pas avoir fait d’études poussées (sa signature toujours tracée d’une manière malhabile indique une pratique peu régulière de l’écriture), il a fait bénéficier ses enfants de la meilleure éducation en les faisant étudier au collège du Havre.

François Georges et son frère Barnabé se firent un nom dans la littérature, et surtout dans le journalisme. Barnabé James avait racheté en 1844 à Lepetit, d’Ingouville, une imprimerie et la direction du Journal de l’Arrondissement, créé en 1838. Après dix-huit mois d’exploitation, d’abord avec son frère puis seul, Barnabé vendit sa maison à un certain Roquencourt.

Les deux frères étaient d’ardents militants socialistes. François Georges s’opposa au coup d’État du 2 décembre 1851 en combattant sur les barricades à Paris, puis il prit la fuite. Pour ces faits la commission mixte de la Seine inférieure (aujourd’hui Seine-Maritime) le condamna à la transportation dans un bagne d’Algérie. Sa décision était motivée par le commentaire suivant :

« Gaffney (François), anglais d’origine, naturalisé, après avoir écrit successivement dans plusieurs journaux socialistes, s’est jeté avec une sorte de fureur dans le mouvement révolutionnaire, faisant de la propagande dans les lieux publics, proférant hautement contre le chef de l’Etat et contre les dépositaires du pouvoir les injures les plus violentes, vivant d’ailleurs dans une immoralité complète. Cet individu se trouvait à Paris, le 2 décembre 1851. Il est rentré au Havre le 5 du même mois, annonçant qu’il avait pris part aux barricades et paraissant effectivement ne les avoir désertées qu’au moment où l’insurrection était vaincue. Gaffney a quitté la France, devançant ainsi la mesure de sûreté publique dont il se sentait si justement menacé ».

Réfugié à Jersey il s’y retrouva avec nombre de proscrits parmi lesquels Victor Hugo. Il participa à leurs activités politiques. Le 21 octobre 1853 il était présent à l’assemblée générale des proscrits républicains résidant à Jersey, qui déclara le sieur Julien Hubert comme espion et agent provocateur de la police de Napoléon III.

Malade, il reçut la visite de ses amis dont le jersiais Philippe Asplet, qui nota ce commentaire sur son album photo : « Mars 2-1854. Je suis allé voir le pauvre Gaffney cet après-midi. Il ne doit pas selon toute apparence vivre bien longtemps, et il ne s’en doute pas, pauvre garçon. Il est absolument insensible au sort qui l’attend. Il m’a donné 4 exemplaires de la romance qu’il composa à Noël dernier. Ph. Asplet. »

Il mourut à Jersey le 8 mars 1854 et fut inhumé le 10. Selon l’article d’Alphonse Bianchi publié le 14 dans l’Homme son cortège funèbre était constitué de plus de 150 exilés, « reliés par le pavillon unitaire, le drapeau rouge ». Il rejoignit son épouse qui l’avait précédée dans la tombe, dans le cimetière réservé aux proscrits, situé dans la paroisse Saint-Jean (aujourd’hui cimetière Macpela à Sion). Sur sa tombe Jean Édouard Bonnet-Duverdier prononça son éloge funèbre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article31289, notice GAFFNEY François Georges par Gauthier Langlois, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 4 décembre 2021.

Par Gauthier Langlois

Georges Gaffney photographié à Jersey entre 1853 et début 1854
Georges Gaffney photographié à Jersey entre 1853 et début 1854
(Source : Maison de Victor Hugo - Hauteville House, Album Apslet, f° 6)
« Gaffney Georges - Seine-Maritime - Mort le 8 mars 1854 »
« Gaffney Georges - Seine-Maritime - Mort le 8 mars 1854 »
Médaillon en cuivre placé à sa mort sur la stèle des proscrits du cimetière Macpela à Jersey (source : Wikimedia)

ŒUVRE : Compte rendu du procès intenté par M. Provence, directeur du théâtre du Havre, à M. F. Gaffney, gérant du "Journal de l’arrondissement du Havre". Défense en vers..., Ingouville : Gaffney frères, 1845. — Lettres électorales : Aux électeurs de la Seine-Inférieure. Havre, le 4 mai 1849. (Signé : Un électeur) ; 2. - A M. Jules Ancel, maire du Havre, candidat à l’Assemblée législative. Havre, le 8 mai 1849. (Signé : F.-G. Gaffrey.), Le Havre, imp. de A. Lamy, 1849. — A Christmas Carol, by F. G. Gaffney, french exile, Jersey, December the 25, 1853.

SOURCE : État civil du Havre, 1821, acte de naissance 601, vue 154/181. — Maison de Victor Hugo - Hauteville House, Album Apslet, f° 6. — Pierre Leroux, « La Grève de Samarez. Poème philosophique. chapitre XXX - Gaffney », L’Espérance. Revue philosophique, politique, littéraire, avril 1859, p. 245. — Pierre Angrand, Victor Hugo raconté par les papiers d’État, Paris, 1961, p. 124. — Jules Clarétie, « La vie à Paris », Le Temps, 4 août 1883. — Abel Dechêne, « Les proscrits du deux-décembre à Jersey (1852-1855) », Études, avril 1917, p. 601-625, 730-764. — Albert Anthiaume, Le Collège du Havre, contribution à l’histoire de l’enseignement secondaire en France et particulièrement au Havre (1579-1865), Le Havre, impr. du Havre-Éclair, 1905, p. 408-410. — Jean-Claude Farcy, Rosine Fry, « Gaffney - François Georges », Poursuivis à la suite du coup d’État de décembre 1851, Centre Georges Chevrier - (Université de Bourgogne/CNRS), [En ligne], mis en ligne le 27 août 2013. — A la France. L’agent provocateur Hubert, Jersey : imp. universelle, [1853]. — Victor Hugo, « 1853-L’espion Hubert », Œuvres inédites de Victor Hugo. Choses vues, 1888, p. 291-330. — Notes de M. André Dubuc.

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