GARDÈCHE Jean, Henri, dit le Père Gardèche

Par Notice revue et complétée par Mickael Sibalis

Né le 25 messidor an V (13 juillet 1797) à Reims (Marne). Tisseur, fils de tisseur. Promoteur d’organisations ouvrières, propagandiste républicain.

Ouvrier tisseur à Paris au début de la monarchie de Juillet, Gardèche était président de la Société d’Union fraternelle et philanthropique des Ouvriers tisseurs, fondée le 14 octobre 1832. Le règlement de la société prévoyait, entre autres choses, l’établissement de véritables contrats pour chaque manufacture. L’application de ces contrats devait être contrôlée par des conseils de fabrique dont la réunion formait le « grand conseil ». La société avait pour annexe un organisme de secours mutuels, dont la cotisation de 30 centimes s’ajoutait, le cas échéant, aux 70 centimes mensuels demandés à tous les adhérents ; ceux-ci ne pouvaient être ni chefs d’atelier ni fabricants. Ouvrier passementier, il fut aussi le fondateur de la Société des Passementiers, en 1833.
Gardèche devint disciple de Louis de Tourreil* (1798-1863), un socialiste utopique qui fonda l’Église fusionienne en décembre 1845. Cette religion nouvelle prédisait la fusion du Dieu et de l’humanité et, par conséquent, une époque de « solidarité universelle ». Tourreil écrivait à ces disciples : « Je vous engage, mes bons amis, à suivre religieusement les enseignements de notre frère Gardèche, et à le regarder comme un second moi-même. ». Il lui donna le nom d’« Aléthospore » (celui qui sème la vérité). L’église prônait l’établissement de coopératives ouvrières. Gardèche fut, par conséquent, une des administrateurs de la Compagnie des Industries-Unies, sous la raison sociale « Gardèche et compagnie », fondée le 1er novembre 1845. La Compagnie était « une association de production qui se proposait d’exploiter plusieurs industries à la fois » (Jean Gaumont), mais elle eut peu de succès.
En 1848 Gardèche fut marchand de vin au 72, rue des Gravilliers (mais il habitait rue du Temple) et par ailleurs « gérant de l’association des marchands de vin ». Il était marié, mais sans enfants. Il était délégué des tisseurs puis des passementiers à la commission du Luxembourg. Il prétendit en 1852 : « J’ai en effet été nommé délégué par ma corporation, mais je n’ai pas tardé à donner ma démission, ». Il essaya aussi de former une société des ouvriers fileurs et passementiers, une association de travail des passementiers, rue Neuve-Chabrol. Candidat sur la liste du Luxembourg et sur celle du comité électoral des Libertés civile, politique et religieuse, il recueillit peu de voix lors des élections à l’Assemblée constituante.
Lors de coup d’État du 2 décembre 1851, on lui reprocha son socialisme et son adhésion à un club révolutionnaire (la Société des Ménages pour le VIe arrondissement). Gardèche était « noté comme ayant, depuis plusieurs années, fait partie des agitateurs et propagandistes politiques les plus actifs de la démagogie. " La police trouva chez lui « Des imprimés ; brochures ; correspondances ; listes ; livres ; traitant de politique et d’une religion dite Loi de Fusion ". Bien qu’il niât sa participation aux insurrections de juin 1848 et de décembre 1851, il avait déjà été poursuivi pour coups en mai 1851, le conseil de guerre de la première division militaire le condamna à la transportation (« Algérie plus »). Il bénéficia d’une remise de peine. Voir Barbaste Claude*, Blanc Louis*, Louis de Tourreil*.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article31386, notice GARDÈCHE Jean, Henri, dit le Père Gardèche par Notice revue et complétée par Mickael Sibalis, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 6 août 2021.

Par Notice revue et complétée par Mickael Sibalis

SOURCE : Arch. Nat., BB 22 190, Première division militaire : Liste générale des individus poursuivis à l’occasion de l’insurrection de décembre 1851, 2108. — Arch. Min. Guerre, B 1928. — Arch. Armée de Terre, justice militaire (1851), dossier 1928 (Gardèche). — Arch. Dép. Marne, 2 E 534/191, déclaration de naissance, 25 messidor an V. — Bibliothèque Nationale, 16š W 11,197, Société d’union fraternelle et philanthropique des ouvriers tisseurs, fondée à Paris le 14 octobre 1832, Paris, 1832-1833 ; Lb53 780, Gardèche, Appel aux ouvriers passementiers (s. d.). — œuvres de Louis-Jean-Baptiste de Tourreil : Religion fusionienne, ou doctrine de l’universalisation réalisant le vrai catholicisme : Livre de connaissance, Tours, 1879, p. 420, 446-449. — Octave Festy, Le mouvement ouvrier au début de la Monarchie de Juillet (1830-1834), Paris, Cornély, 1908. — Jean Gaumont, Histoire générale de la coopération en France Paris, 1923-1924, tome 1, p. 176, 225-27.

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