GAUTHIER Victor, Eugène [GAUTHIER Eugène, Jacques, Victor]. Pseudonyme : THAGRIEU Jacques

Par Michel Cordillot mise à jour par Marie-Cécile Bouju

Né le 2 mai 1822 à Lyon (Rhône), mort le 24 juin 1879 à Nice (Alpes-Maritimes) ; ouvrier typographe puis maître imprimeur ; en 1860, président de la Société typographique ; défenseur des revendications exprimées par les membres de cette profession.

Victor Eugène
Victor Eugène
Cliché communiqué par Martine Robert

Le père de Victor Gauthier, originaire de Luisans, un village franc comtois, vint s’installer à Lyon ; il fut un temps fabricant de cordonnettes, dont il était fait grand usage dans les métiers à tisser. Il mourrut vers 1835.
Son fils Victor Gauthier multiplia alors les métiers à partir de ses 13 ans. Vers 1839, Il découvrit le monde de l’imprimerie en travaillant comme coursier. Analphabete, il fut néanmoins aidé son nouvel apprentissage tardif par un ouvrier. En 1848, Gauthier travaillait à Paris à l’imprimerie Boullé. Il a épousé Jeanne Lajoye marié le 18 octobre 1847 à Paris IXe arr, (devenu IVe arr.).
Gauthier s’engagea dans le mutualisme, mais aussi dans la politique. Membre de la Société typographique, il participa après les journées de juin à la souscription en faveur des détenus et condamnés politiques.
En 1853, il entreprit la publication d’un annuaire, qui fut continué jusqu’en 1856, et qui constitue une source irremplaçable de statistiques et de renseignements sur l’Imprimerie en France. Il habitait alors 37, rue Mauconseil.

En mai 1860, il fut nommé par l’Empereur président de la Société typographique qui venait de se transformer en société de secours mutuels approuvée - Gauthier travaillait alors chez Dubuisson. Sous sa houlette, la Société connut un important essor en aidant à la création d’associations typographiques dans la plupart des grandes villes de France dans le cadre de la législation en vigueur. Lorsque Nice fut cédée par le Piémont à la France en 1860 il y créa le journal L’Éclaireur.

En 1861, suite à sa demande de révision du tarif, il obtint la création d’une Commission mixte ouvriers/patrons. En 1862, il fut accusé de complicité avec les typographes de l’imprimerie Paul Dupont qui firent grève en mars pour empêcher l’embauche de femmes dans cette imprimerie. Il fut toutefois relaxé ; il n’en avait pas moins été détenu durant cinq semaines. Durant l’été, il joua un rôle actif dans la lutte des typographes parisiens pour obtenir le relèvement des salaires. Après la condamnation de plusieurs dirigeants et ouvriers de la typographie, il alla plaider leur cause auprès de l’Empereur et obtint leur grâce. Cette décision de l’Empereur allait de plus ouvrir la porte à l’abrogation de l’interdiction des grèves.

En septembre 1871, V. E. Gauthier fit paraître dans les colonnes du journal L’Imprimerie un projet de réglementation de l’apprentissage typographique. Il était alors installé comme maître-imprimeur. Pourtant il ne renia jamais son passé d’ouvrier et resta toujours en contact avec la Société typographique. Lorsqu’il mourut le 24 juin 1879, il laissa par testament une rente perpétuelle de trente francs pour que soit payée la cotisation du sociétaire n° 313 (lui-même). L’unique condition était que cette cotisation soit inscrite mensuellement « comme celle d’un sociétaire toujours en règle avec la comptabilité ».

Il a été le fondateur du journal Le Phare du littoral.

Il fut enterré à Beaulieu-sur-Mer (Alpes-Maritimes).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article31506, notice GAUTHIER Victor, Eugène [GAUTHIER Eugène, Jacques, Victor]. Pseudonyme : THAGRIEU Jacques par Michel Cordillot mise à jour par Marie-Cécile Bouju, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 4 avril 2020.

Par Michel Cordillot mise à jour par Marie-Cécile Bouju

Victor Eugène
Victor Eugène
Cliché communiqué par Martine Robert

ŒUVRE : Annuaire de l’imprimerie pour 1853, ou guide des typographes de province et de Paris, Paris, chez l’auteur, 1853, in-8°, 32 p. — Annuaire de l’impression et de la presse pour 1854, ou guide des typographes et des éditeurs, Paris, Dentu, 1854, in-8°, 96 p. — Annuaire de l’Imprimerie, de la Presse et de la Librairie pour 1855-1856, Paris, Dentu,1855, 154 p. — Pacification de l’industrie par l’alliance des patrons, des contre-maîtres et des ouvriers. Projet d’un conseil de famille de la typographie parisienne et d’une assurance mutuelle entre les typographes parisiens pour le cas de manque de travail involontaire, Paris, Jondé, 1862, in-8°, 16 p. — V. E. Gauthier était en outre l’auteur de plusieurs recueils de poésies, de chansons, de pièces de théâtre, d’essais historiques et de manuels techniques.

SOURCES : Bib. Forney Fonds BAG-Morin coupure de presse. - Armand Lévy, Mémoire pour les ouvriers typographes, Paris, Poulet-Malassis, 1862. — Paul Chauvet, Les Ouvriers du Livre en France, de 1789 à la constitution de la Fédération du Livre, avant-propos d’E. Ehni, Paris, Marcel Rivière, 1956. — Renseignements communiqués par Martine Robert.

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