GEOFFROY Michel, Auguste

Né vers 1808 à Paris ; artiste peintre ; insurgé des 5 et 6 juin 1832.

Arrêté le 21 juin 1832, à la suite de l’affaire des 5 et 6 juin, Geoffroy fut jugé le 18 juin 1832 par le deuxième conseil de guerre de la première division militaire, pour « attentat dont le but était de changer ou de détruire le gouvernement, et d’exciter les citoyens et habitants à s’armer contre l’autorité royale », mais aussi pour « avoir exposé dans un lieu public un signe ou symbole destiné à propager l’esprit de rébellion ou à troubler la paix publique ». Cette dernière accusation était grave : Geoffroy était considéré comme le mystérieux homme au drapeau rouge aperçu quelques minutes avant le déclenchement de l’insurrection. Lors de son procès, il reconnut avoir été en possession d’un drapeau. Il affirma cependant qu’il s’agissait d’un tout autre étendard, qui lui avait été remis pendant l’insurrection par un insurgé polytechnicien, au passage du Saumon. Il assura également qu’il ne l’avait déployé à aucun moment. Mis hors de cause sur l’épisode du drapeau - le véritable porteur fut arrêté plus tard -, il n’en fut pas moins condamné à mort.
Odilon Barrot, son avocat, plaida l’incompétence des conseils de guerre et fit appel du jugement. La cour de cassation donna raison à Geoffroy dans un arrêt qui conduisit à la levée de l’état de siège ; Geoffroy fut renvoyé devant la cour d’assises qui le condamna le 31 juillet 1832 à 10 ans de travaux forcés, commués en 10 ans de détention. Son itinéraire carcéral peut être reconstitué. Enfermé à la Conciergerie le 11 juillet 1832, puis à Sainte-Pélagie le 23 août 1832, puis à Bicêtre le 14 juillet 1833, puis à Sainte-Pélagie le 12 août 1833, puis à Bicêtre le 9 octobre 1834, puis à Sainte-Pélagie le 23 octobre 1834 et extrait en janvier 1836 pour la citadelle de Doullens.où il apprit l’amnistie qui le rendit à la liberté, en mai 1837.
En 1848, membre de la Commission d’enquête pour les récompenses nationales, siégeant à l’Hôtel de Ville, il fut chargé par elle, en Juin, d’explorer les différents quartiers pour rendre compte à l’autorité municipale de la nature et de l’état de l’insurrection. Le 24, il fit le coup de feu par la porte cochère de son domicile, Vieille-Rue-de-l’Estrapade, cependant que sa compagne, Friedlander Jeanne, née Biber, artiste peintre, fondait des balles. Ayant fréquenté comme elle le club de la Révolution de Barbès, dont il passait pour être le secrétaire, il fut transporté, mais gracié en septembre ou en novembre 1848.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article31586, notice GEOFFROY Michel, Auguste , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 février 2009.

SOURCES : Arch. Min. Guerre, A 2462 et A 8890, Justice militaire, juin 1832 (non classé). — Arch. Dép. Paris (Seine) D Y 8, registres d’écrous de Sainte-Pélagie. — Arch. PPo., DA 239 et DA 245. — Arch. Dép. Somme Y 250. — J.-Cl. Vimont, Enfermer les politiques. Aux origines des régimes de détention politique (1810-1848), Thèse dact., Paris VII, 1991, 1295 p. — J. C. Vimont, La prison politique en France, genèse d’un mode d’incarcération spécifique, XVIIIe-XXe siècles, Paris, Anthropos, 1993, 504 p. — Notes de T. Bouchet et J.-C. Vimont.

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