GILBERT Antoine, Martin, Raphaël, dit Miran, dit aussi Gilbert MIRAN

Organisateur de la Société des Droits de l’Homme dans le département du Doubs ; opposant républicain dans ce département sous la Monarchie de Juillet.

Né vers 1791 à Paris, Employé de bureau, puis journaliste à Besançon (Doubs) au début de la monarchie de Juillet, avocat selon certaines sources. Il était, en 1833, le rédacteur du Patriote franc-comtois. Au mois d’octobre, après une visite de Garnier-Pagès, il organisa la Société des Droits de l’Homme dans le département et devint le chef d’un Comité central qui avait autorité sur les dix-huit sections du chef-lieu ainsi que sur les sections de Pontarlier, de Baume-les-Dames, de Gray, de Vesoul et de Lure, dans le premier trimestre de 1834.
Le Patriote franc-comtois avait d’abord été une feuille philippiste.
« Non, écrivait encore Miran en juillet 1832, ils ne combattaient pas avec la faction carlo-républicaine les patriotes qui aux jours de Juillet surent conquérir la liberté ! » Mais, dès la fin de l’année, Miran s’affirmait républicain. Cela suffit pour que ses adversaires conservateurs, dynastiques et carlistes, découvrissent qu’en 1828 il avait été condamné pour outrage à la morale publique, ce qui était présenté comme un attentat aux mœurs, alors qu’il s’agissait d’un banal délit politique d’atteinte aux institutions et à la religion établie, qui justement avait contribué au crédit de Miran en 1830.
Au mois d’avril 1834, Miran représenta les patriotes du Doubs au rassemblement régional d’Arbois (Jura) qui groupait sept cents républicains, pour protester contre la nouvelle loi sur les associations, laquelle visait strictement les réunions de plus de vingt personnes afin de rendre illégales les associations composées de sections nombreuses ayant chacune moins de vingt membres. Miran prit la parole et prêcha l’union des républicains. C’en était trop.
À partir de là, les sources divergent quelque peu. D’après celles qui concernent le procès des accusés d’avril, Miran dirigeait aussi une association républicaine locale, affiliée selon lui à l’association pour la liberté de la presse. Cette association, toujours selon lui, cessa d’exister au début d’avril 1834, et n’a jamais eu de correspondance avec d’autres associations. Il fut arrêté dès le 15 avril 1834 et, après s’être vu refuser la défense d’Eugène L’Héritier et obtenu celle de Chevalier (de Dôle), il fut condamné par la Cour des pairs le 28 décembre 1835 à 5 ans de détention et à la surveillance à vie. D’après d’autres, il s’agit d’une affaire compliquée, mais qui aurait dû normalement être montée en procès de presse et pour laquelle Miran fut condamné à la fin de l’année 1834 comme faussaire, à vingt ans de travaux forcés. À partir de ce moment, Le Patriote franc-comtois ayant cessé de paraître, le procureur général de Besançon put faire au garde des Sceaux des rapports très rassurants sur l’esprit public dans le Doubs. Voir Regnault d’Épercy*, Froidevaux Auguste*. Il est vraisemblable que la première soit la plus plausible.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article31663, notice GILBERT Antoine, Martin, Raphaël, dit Miran, dit aussi Gilbert MIRAN, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 février 2009.

SOURCES : Arch. Nat., BB 18/1361. — Cour des pairs, Affaire du mois d’avril 1834. Rapport fait à la Cour des pairs par M. Girod (de l’Ain), Imprimerie royale, Paris, 1834-1836, vol. 6,11. — Tableau synoptique des accusés d’avril jugés par la cour des pairs établi par Marc Caussidière, Lyon, imprimerie de Boursy fils, 1837, Arch. Nat. BB 30/294, Bibl. Nat. in-4° Lb 51/24984. — Cour des pairs. Procès politiques, 1830-1835, Inventaire dressé par J. Charon-Bordas, Paris, Archives Nationales, 1983, CC 572 ; CC 582 D 4 ; CC 617 D 6. — Louis Blanc, Histoire de Dix ans (1830-1840), Paris, Pagnerre, 1841-1844, 5 vol., diverses rééditions, 1846 à 1877. — Gabriel Perreux, Au temps des Sociétés secrètes. La Propagande républicaine au début de la monarchie de Juillet, Paris, 1931. — Notes de J. Risacher et R. Shapira.

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