GIRARD Fulgence [GIRARD Pierre, Fulgence]

Par Jean Risacher

Né le 21 septembre 1807 à Granville (Manche), mort le 11 avril 1873 à Bacilly (Manche) ; avocat et littérateur ; archéologue et grand voyageur ; républicain avancé, proche de Blanqui, membre de diverses sociétés et défenseur inlassable des militants poursuivis, jusqu’au début du Second Empire.

Fulgence Girard fut étudiant en droit à Caen (Calvados) puis à Paris, où il participa à l’agitation du début de la monarchie de Juillet au Quartier Latin avec Blanqui, Plocque, Sambuc, etc. Membre et signataire des divers textes du Comité des Écoles, il fut privé de deux inscriptions par le conseil académique du 22 janvier 1831. Alexandre Dumas l’hébergea une nuit alors qu’il était en fuite et Balzac le prit pour modèle de Fulgence Ridal dans Un grand homme de province à Paris. Il semble avoir été marin quelque temps puis se consacra à la littérature. Il publia en 1833 un ouvrage polémique avec Eugène L’Héritier, Les personnalités, appréciations critiques des contemporains. En décembre 1833, il fut secrétaire du Comité central d’Affiliations républicaines de la Société des Droits de l’homme (SDH), commissaire pour la SDH à la Commission de secours des détenus patriotes et défenseur au grand procès d’avril 1835.

Fulgence Girard semble s’être installé à Avranches (Manche) vers le milieu des années trente, à la fois comme avocat et comme littérateur. Il publia de nombreux ouvrages sur ses voyages et sur la marine et il était rédacteur au Monde illustré, au Navigateur, à La France Maritime. Il écrivit en 1836-1837 des Chroniques de la marine française, des romans, Deux martyrs en 1835, Marceline Vauvert en 1837, etc. C’est en 1836 qu’il épousa Ariane Julie Desfeux dont il eut au moins deux enfants. Puis il devint directeur du Journal d’Avranches.

Quand Armand Barbès, Martin Bernard et d’autres condamnés de la première catégorie du procès de mai 1839 arrivèrent au Mont-Saint-Michel, à partir de juillet 1839, rejoints en février 1840 par Blanqui et d’autres, Fulgence Girard entra tout de suite en relations épistolaires avec eux, à travers des membres de leurs familles et organisa secours et soutiens, notamment en rédigeant en 1841, avec l’accord de l’ensemble des détenus, la Pétition de M. Carles aîné et de Mme Augusta Carles née Barbès, sœur d’Armand Barbès, au sujet du système cellulaire de la prison du Mont-Saint-Michel, 12 octobre 1841, Avranches, imprimerie Tolstein, 1841, qui fut à l’origine de la campagne de presse contre le régime cellulaire. Un peu plus tard, avec le soutien de Mme Blanqui, la mère du détenu qui résidait à Avranches, et de son frère, Gustave, marin, il organisa une tentative d’évasion par la mer, qui échoua dans la nuit du 10 et 11 février 1842. Rapidement, l’administration de la prison intercepta les lettres que Blanqui lui adressa. Il rappela cette période dans Histoire du Mont-Saint-Michel, prison de l’État, avec les correspondances inédites des citoyens A. Barbès, A. Blanqui, Martin-Bernard, Flotte, Mathieu d’Épinal, Béraud, etc., par Fulgence Girard, Paris, P. Permain, 1849. Cet ouvrage constitue un témoignage inestimable sur la vie carcérale du Mont.

Secrétaire de la société archéologique d’Avranches, il fit paraître une unique édition de l’Annuaire historique d’Avranches en 1842 et une Histoire géologique, archéologique ou pittoresque du Mont-Saint-Michel au péril de la Mer en 1843.

Fulgence Girard milita en 1848 dans le club de Blanqui, puis dans le club de la Révolution et Ledru-Rollin lui confia une mission dans la Manche le 27 mars 1848. Il publia une Histoire démocratique de la révolution de février 1848, en particulier dans Les Veillées du Peuple de Blanqui (novembre 1849 et mars 1850). Il s’affilia à la Propagande démocratique et sociale européenne, issue de l’Association de propagande démocratique de 1833 et défendit Blanqui au procès de Bourges.

Fulgence Girard continua la publication de nombreux ouvrages historiques qui gardèrent une connotation progressiste jusqu’au milieu des années 1850 environ pour se modifier quelque peu par la suite. Il publia en 1867 une cosmogonie, Divinité du Christianisme qui réconcilie la raison et la foi. Son neveu, Mgr Deschamps du Manoir, mit l’accent sur la dévotion qui marqua ses dernières années à Bacilly.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article31711, notice GIRARD Fulgence [GIRARD Pierre, Fulgence] par Jean Risacher, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 8 janvier 2021.

Par Jean Risacher

SOURCES : Suzanne Wassermann, Les clubs de Barbès et de Blanqui en 1848, Paris, Cornély et Cie, 1913, réimpression Genève, Mégariotis Reprints, 1978. — M. Dommanget, Auguste Blanqui. Des origines à la Révolution de 1848. Premiers combats et premières prisons, Paris, Mouton, 1969 — M. Dommanget, Auguste Blanqui et la révolution de 1848, Paris, Mouton, 1972. — L.-A. Blanqui, Œuvres I. Des origines à la Révolution de 1848, textes présentés par D. Le Nuz, Nancy, Presses Universitaires, 1993. — L’essentiel des renseignements a été fourni par Pierre Baudrier. — Françoise Guyon Le Bouffy, Baptiste Marcel, Fulgence Girard, entre révolutions et littérature, Association des Amis de la Haute Ville, août 2020.

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