GODARD Louis, Edme

Né en 1811 à Saint-Dizier (Haute-Marne). Républicain ; élu maire de Saint-Dizier (Haute-Marne) en avril 1848 ; sous son autorité furent votés des crédits afin d’endiguer un chômage endémique ; démissionnaire après juin 1848.

Demeurant 33, quai de la Rapée à Paris (XIIe ancien), marchand de bois, il fut arrêté pour juin 1832, puis pour avril 1834 et libéré par non-lieu.. Il vint se retirer à Saint-Dizier dans le faubourg de la Noue, peu avant 1848. Il était alors dénommé « propriétaire » sur les recensements de la ville.
« Courageux, intègre, rigide dans ses principes, et inébranlable dans ses convictions républicaines », il apparut bientôt à ses voisins (les mariniers de la Noue) comme l’homme qui prendrait la tête d’une nouvelle municipalité, laquelle remplacerait la municipalité orléaniste impopulaire.
Une pétition de 350 « bragards » fut d’abord lancée, le réclamant comme maire. Puis une émeute suivit, le 22 mars, pour forcer la main au commissaire du Gouvernement provisoire réticent. Finalement des élections furent décrétées et Godard arriva en si bonne place qu’il n’eut pas de peine à être nommé maire, le 7 avril 1848.
Aussitôt, sa préoccupation majeure fut d’organiser le droit au travail, d’élargir les ateliers de travail et de faire voter 20 000 francs qu’il offrit à l’État pour l’engager à commencer la construction de deux voies de chemin de fer qui devaient passer par Saint-Dizier ; il voyait dans ces travaux le seul moyen de soulager la masse des chômeurs... Le projet ayant échoué, Godard n’hésita pas à faire voter à chaque séance du conseil municipal de nouveaux crédits pour venir en aide à la masse grossissante d’ouvriers sans travail, ce qui le fit accuser, au moment de la réaction, d’avoir dilapidé les finances de la ville. Il fut aussi accusé d’avoir été, avec l’avocat Saupique-Dufays*, l’instigateur des nombreuses émeutes ouvrières de Saint-Dizier, notamment de celle du 10 juin 1848, provoquée par le renvoi de 18 ouvriers des ateliers de travail, renvoi demandé et obtenu malgré Godard par l’élément bourgeois de la municipalité. Après les événements parisiens de Juin, n’ayant pas compris le sens de l’insurrection puisqu’il envoya des gardes nationaux au secours de l’armée, il démissionna de ses fonctions de maire, cédant la place à un bourgeois, le notaire Bourdon.
Il resta « suspect » aux yeux de la police tant qu’il demeura à Saint-Dizier, c’est-à-dire jusqu’en 1861, époque à laquelle on perd sa trace. Voir Paquot Jules* et Saupique-Dufays*.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article31786, notice GODARD Louis, Edme, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 23 juin 2021.

SOURCES : Arch. Dép. Haute-Marne, 61 M 26 et 208 U 14. — Cour des pairs. Procès politiques, 1830-1835, Inventaire dressé par J. Charon-Bordas, Paris, Archives Nationales, 1983, CC 609 d 1 n° 254. — Marcel Henriot : « La Révolution de 1848 en Haute-Marne », dans les Cahiers haut-marnais, mars 1948, n° 11.

ICONOGRAPHIE : Portrait conservé à la mairie de Saint-Dizier.

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