GRANGER Charles, Pierre, Louis

Né le 13 mars 1812 à Neufchâtel-en-Saosnois, canton de Mamers (Sarthe), mort le 15 novembre 1886 à Mamers ; libraire lors d’un premier exil en Suisse, puis pharmacien à Mamers, déporté en Algérie, puis exilé à Jersey. Républicain intransigeant, membre de la Société des Droits de l’Homme, participa aux diverses luttes de la monarchie de Juillet à la Troisième République. Franc-maçon

Charles Granger photographié à Jersey entre 1853 et 1855
Charles Granger photographié à Jersey entre 1853 et 1855
(Source : Album Asplet, folio 31. Maison de Victor Hugo - Hauteville House à Guernesey)

Étudiant en pharmacie à Paris en 1834, sectionnaire de la Société des Droits de l’Homme, demeurant place Cambray (XIIe arr. ancien, maintenant place Marcelin Berthelot, Ve), Granger prit part aux combats du 13 avril dans le quartier Saint-Martin et fut arrêté le jour même. Inculpé, il demanda en vain la défense de Robert (d’Auxerre). Il s’évada de Sainte-Pélagie le 12 juillet 1835 avec vingt-six autres détenus, dont Armand Marrast, Godefroy Cavaignac et Jean-Jacques Vignerte. Armand Barbès, Étienne Arago et Fulgence Girard avaient organisé l’évasion de l’extérieur. Il fut condamné par contumace à 15 ans de détention et à la surveillance à vie, le 23 janvier 1836 par la Cour des pairs.

Réfugié à Mamers, Granger passa d’une cache à l’autre. Un ami, Demazy, maire et conseiller général de Tuffé, lui offrit son aide et celle de la franc-maçonnerie pour quitter la France. Or Granger n’était pas franc-maçon. On l’initia dans la maison de Demazy, en présence du vénérable de la loge « Les Trinisophes » du Mans. Voyageant alors de loge en loge, Granger gagna la Suisse le 5 août 1834. Il s’installa sur les bords du lac de Genève, à Nyon, et y ouvrit un commerce de librairie. Il se maria à l’ambassade de France à Berne en février 1838, avec une jeune fille venue tout exprès de Mamers, Zoé Chalaux-Desjardin.

Amnistié le 27 avril 1840, à l’occasion du mariage du duc de Nemours, il rentra à Paris, acheva ses études et ouvrit une pharmacie à Mamers.

Nommé, le 28 février 1848, sous-commissaire du Gouvernement provisoire pour l’arrondissement de Mamers et révoqué le 16 juillet, Granger fut élu le 6 août conseiller municipal de Mamers, puis, en septembre, conseiller d’arrondissement du canton de Fresnay-sur-Sarthe, et commandant de la garde nationale de Mamers.

Il échoua aux élections à la Législative, le 13 mai 1849, comme il avait échoué aux élections à la Constituante le 23 avril 1848. Le 14 septembre 1850, il fut condamné à cinquante francs d’amende pour distribution de journaux interdits. Arrêté le 4 décembre 1851, il fut déporté en Algérie par la Commission mixte du Mans en janvier 1852. Il s’évada d’Algérie, atteignit Melilla au Maroc, d’où il se rendit à Jersey. Il revint en France et à Mamers, après la loi d’amnistie du 16 août 1859.

Granger, qui sera candidat aux élections du 8 février 1871, à celles de 1877 et de 1885, ne parviendra pas à entrer à la Chambre des députés sur son programme républicain intransigeant. Il fut en revanche élu maire de Mamers en 1881.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article31945, notice GRANGER Charles, Pierre, Louis, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 23 décembre 2020.
Charles Granger photographié à Jersey entre 1853 et 1855
Charles Granger photographié à Jersey entre 1853 et 1855
(Source : Album Asplet, folio 31. Maison de Victor Hugo - Hauteville House à Guernesey)

SOURCES : Maison de Victor Hugo-Hauteville House à Guernesey, Album Asplet folio 31. — Tableau synoptique des accusés d’avril jugés par la cour des pairs établi par Marc Caussidière, Lyon, imprimerie de Boursy fils, 1837, Arch. Nat. BB 30/294, Bibl. Nat. in-4° Lb 51/24984. — Cour des pairs. Procès politiques, 1830-1835, Inventaire dressé par J. Charon-Bordas, Paris, Archives Nationales, 1983, CC 591 d 1 n° 188. — Louis Saillant, Histoire du Maine. — Jean-Claude Caron, La Jeunesse des Écoles, Paris 1815-1848, thèse de doctorat, sous la direction de Maurice Agulhon, Paris I, 1989. — Christiane Lamoussière, Patrick Laharie, « GRANGER (Charles, Pierre, Louis) », Le personnel de l’administration préfectorale, 1800-1880 : répertoire nominatif : répertoire territorial et introduction, Paris : Centre historique des Archives nationales, 1998. — Jean-Claude Farcy, Rosine Fry, « Granger - Charles », Poursuivis à la suite du coup d’État de décembre 1851, Centre Georges Chevrier - (Université de Bourgogne/CNRS), [En ligne], mis en ligne le 27 août 2013. — Notes de Jean Risacher et Gauthier Langlois.

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