GUIGNE Auguste ou GUIGUE Auguste

Par E. L. Newman

Ouvrier cordonnier et chansonnier parisien.

Ouvrier cordonnier et chansonnier parisien, qui publia entre 1848 et 1853 plusieurs numéros de son recueil de chansons, Le Franc goguettier. Égalitaire et démocrate, il nargua le général Cavaignac après les élections présidentielles du 10 décembre 1848 dans sa chanson, Un monsieur su’ l’pot (air : Marie-toi, donc) :
Il a digéré en Afrique
De la panthère et du chameau ;
Maintenant, pour une colique,
Le v’là su l’pot. (4 fois)
Chrétien, il voyait dans l’évangile l’inspiration de la démocratie socialiste. Voici sa chanson de 1848, L’Évangile du peuple, ou les frères en Jésus-Christ (air original) :
Chantons, enfants du peuple, l’Évangile,
Ces saints écrits sont gravés dans nos cœurs.
La religion rend le bonheur facile
En apaisant de cruelles douleurs.
Aimons aussi les sublimes doctrines
Que Jésus-Christ nous légua en mourant.
Qu’un mot sacré, sortant de nos poitrines,
Soit emporté comme l’eau d’un torrent...
Né pauvrement et fils de prolétaire,
Il fut aimé en donnant le pardon.
Pour éclairer les peuples de la terre,
Dieu le chargea d’une sainte mission.
Pour apaiser du pauvre la souffrance,
Il prononça le mot Égalité ;
En lui disant : conserve l’espérance,
En professant amour et charité....
Le Christ a dit à ses divins apôtres :
Allez partout prêcher la liberté,
Aimez-vous bien toujours les uns les autres
C’est le devoir de la fraternité.
Patriote, il voyait dans 1793 et dans La Marseillaise l’exemple à suivre en 1849. Voici Le chant du conscrit, ou la Dette à la Patrie (air : Les Faux Dieux) :
On m’a conté qu’en l’an quatre-vingt-treize,
Quand l’étranger voulait tout envahir,
Au chant sublime de La Marseillaise
Tous les Français criaient « vaincre ou mourir ».
Dans cet élan du cœur plein d’espérance,
Tous soutenaient l’honneur du nom français,
Quand il s’agit de défendre la France,
Ses preux enfants ne reculent jamais.
Il chantait le bonheur du travail et le besoin de l’association des travailleurs dans sa chanson de 1849, Le chant du travailleur (air : Les deux Mules du Basque) :
Amis, vive le travailleur
Qui, de matin et de grand cœur,
Se met à son ouvrage,
Ce qui promet l’Égalité
Lui donne la félicité
Du vrai bonheur le gage. (Bis)
Quand on acquiert ainsi son bien,
Par un travail pur et divin,
Vraiment on n’a besoin de rien, (bis)...
Un bien-être nous est offert,
Nous ne craignons plus le revers ;
Quelle chose plus belle !
Car le but d’association
Fait entrevoir avec passion
L’union fraternelle.
Quand on acquiert, etc.
Dans La fiancée du proscrit de 1849, il plaida la cause des exilés. Dans d’autres chansons de la même année, il célébra les douceurs du mariage et, comme beaucoup de Parisiens, les joies de la vie villageoise.
En 1853, sous l’Empire, Guigne ne chanta plus la politique. Sa chanson préface du recueil de cette année, à l’air de Bon, la fariradondaine, célèbre la goguette :
Je suis goguettier dans l’âme,
La chanson fait mon bonheur :
Un joyeux refrain m’enflamme,
Et fait tressaillir mon cœur.
Arrière l’absurdité, Qui méprise la follette ;
Ma foi, vive la Goguette !
Vive sa franche gaîté !

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article32147, notice GUIGNE Auguste ou GUIGUE Auguste par E. L. Newman, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 24 août 2017.

Par E. L. Newman

ŒUVRES : Citoyen Guigne, ouvrier cordonnier, Les violons de M. Marast, (air : La Mère Godichon), Paris, [1848]. — Auguste Guigne, Passé, présent et avenir, ou le rêve d’un républicain (air nouveau, ou Allez cueillir des bleuets dans les blés), Paris, [1848]. — Auguste Guigne, Un monsieur sur le pot (air : Marie-toi donc), Paris, [1849]. — Auguste Guigne, Le Franc goguettier, recueil de romances et de chansonnettes nouvelles par Auguste Guigue, ouvrier cordonnier, Paris, [1849]. — Auguste Guigne et Gustave Leclair, Le franc goguettier, recueil de romances et chansonnettes nouvelles, Paris, [1850]. — Auguste Guigue, Le goguettier, chansonnettes et romances nouvelles, Paris, [1853].

SOURCE : Voir œuvres.

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