GUILLERMAIN Vincent

Cordonnier à Lyon ; conseiller municipal de la Croix-Rousse en juillet 1848 ; co-fondateur de la Société des Travailleurs unis, coopérative ouvrière, qu’il quitta en 1850 pour adhérer à la Société française, organisation concurrente.

Né vers 1815. Cordonnier à Lyon, habitant Petite-Rue de Cuire ou Grande-Rue de la Croix-Rousse. Il était extrêmement populaire à la Croix-Rousse. À la veille de la Révolution de Février 1848, il était membre du compagnonnage réformé par Pierre Moreau*, la Société de l’Union, à laquelle appartenaient également de nombreux communistes lyonnais. En février 1848, il devint membre de la Commission municipale, puis délégué de la Croix-Rousse au Comité central exécutif de la mairie de Lyon. Un journal conservateur, Le Salut public, disait qu’il votait toujours avec « les plus ardents démagogues » (13 juin 1848). En juillet 1848, il fut élu conseiller municipal de la Croix-Rousse. Il fut aussi à la tête du Club central qui se constitua comme « l’organe du socialisme et des revendications prolétariennes », qui chercha à coordonner et à centraliser l’activité des autres clubs et qui joua un grand rôle dans la désignation des candidats aux élections.
Il fut un des 24 fondateurs de la Société des Travailleurs unis, coopérative exclusivement ouvrière (1849) et se risqua le premier à assumer la gérance centrale. Voir Démard Louis* Il fut compromis dans l’émeute du 15 juin 1849. Voir Chardonnet Jean-Claude* Son dossier de police porte, à ce sujet, la mention suivante : « Homme dangereux, 1793 pur sang, il y a mandat. » Arrêté le 27 juin 1849, il fut triomphalement réélu en juillet conseiller municipal de la Croix-Rousse.
Sa gestion de la Société des Travailleurs unis, entre le 13 décembre 1848 et la date de son arrestation, fut sévèrement jugée par ses compagnons, car il se montra, semble-t-il, un piètre comptable. À la fin de l’année 1849, il quitta la société et, le 15 février 1850, adhéra à une organisation concurrente, la Société française, qui avait son siège, 8, rue des Fossés, à la Croix-Rousse, et qui ne différait des Travailleurs unis que sur un point : les bénéfices sociaux, au lieu d’être incorporés chaque année dans le fonds social à raison des deux tiers, ne l’étaient que dans la proportion de la moitié, qui devait alors être consacrée aux œuvres sociales d’éducation et de solidarité.
Cette association disparut lors du coup d’État. Guillermain fut, à nouveau, l’objet d’un mandat d’arrêt, pour motifs politiques. Le 9 janvier 1852, la police ne l’avait toujours pas retrouvé. Voir Léculier Pierre*

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article32201, notice GUILLERMAIN Vincent , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 février 2009.

SOURCE : J. Gaumont, Histoire générale de la coopération en France, t. I. — Mary Lynn Stewart-McDougall, The Artisan Republic. Revolution, Reaction, and Resistance in Lyon, 1848-1851, Montreal/Kingston, McGill-Queens University Press, 1984. — Note de M. Cordillot.

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