GUILLOT René [Deux-Sèvres]

Né le 26 octobre 1832 et mort le 9 avril 1907 à Brion (Deux-Sèvres) ; maréchal-ferrant ; affilié à la Marianne.

Réné Guillot était le troisième fils de Louis Guillot, maréchal-ferrant, et de Louise Pichot. Il devint lui aussi maréchal-ferrant à Brion avec son père et son frère aîné Jean.

Il épousa dans son village natal, le 26 juin 1855, Héloïse Denize, servante, originaire de Oiron (Deux-Sèvres), avec laquelle il eut trois enfants, Héloïse (qui ne vécut que 17 jours en mars-avril 1856), Jules (né le 30 septembre 1862) et Eugène (né le 31 octobre 1864).

Comme son père, René Guillot fut condamné lourdement, le 13 septembre 1856, par le tribunal correctionnel de Bressuire, à deux ans de prison pour affiliation à la société secrète la Marianne et participation à l’émeute de Brion du 22 juillet 1856 (voir Dagot Urbain).

Ayant formé un recours en grâce en juin 1857, il fit l’objet d’un rapport du sous-préfet de Bressuire (10 juillet 1857) : « Ce condamné s’est toujours fait remarquer par l’exagération de ses principes politiques ; on l’a entendu, en plusieurs circonstances, proférer des menaces de mort contre les riches ; il était un des adeptes les plus fervents de la Marianne et le plus ardent propagateur de ses doctrines. Il a été provocateur des actes de rébellion de la commune de Brion, et un des chefs des émeutiers. Son attitude aux audiences du tribunal correctionnel de Bressuire a été très inconvenante ; il a, dans ses réponses, montré un cynisme effronté ; pas une parole de repentir n’est sortie de sa bouche... »

Au sujet de Guillot René et de ses compagnons Millault Pierre-André et Piault François, condamnés comme lui par le tribunal de Bressuire, le sous-préfet de Bressuire écrivait au préfet, le 22 juillet 1858 : « Ces individus ont eu toujours, avant leur condamnation, une détestable conduite. Ils me sont signalés comme très dangereux pour la société. Si, à l’expiration de leur peine, ils sont renvoyés dans leurs foyers, il est à présumer qu’ils ne chercheraient qu’à faire le mal. Piault et Guillot ont été les plus exaltés dans l’affaire de Brion. Ils n’ont aujourd’hui aucune ressource, ils ont dépensé en débauches tout ce qu’ils possédaient. Les renvoyer dans les communes de Thouars et de Brion, aujourd’hui calmes, serait exposer des cultivateurs paisibles à être entraînés par eux... »
Par arrêté ministériel du 9 août 1858, René Guillot fut soumis à la transportation en Algérie, à l’expiration de sa peine d’emprisonnement. Il sollicita alors la commutation de cette mesure en simple internement en Algérie. Dans un rapport au préfet du 27 janvier 1859, le commissaire de police de Thouars écrivait :
« Guillot René est maréchal ; il passait à Brion pour être habile, il avait beaucoup d’ouvrage. Mais, comme il était nouvellement établi, il avait des dettes et, depuis son départ, sa boutique a été vendue pour payer les dettes qu’il avait fait (sic), il ne possède rien à Brion ; il n’a jamais cultivé la terre. Guillot est marié ; il n’a point d’enfant. Sa femme reste à Brion, elle n’a point d’état, elle est journalière, elle ne possède rien ; elle est jeune et forte ; elle dit qu’elle irait rejoindre son mari en Algérie s’il avait une position (une boutique de maréchal). »
La requête de Guillot René fut rejetée (dépêche ministérielle du 7 février 1859) ; il fut transporté pour dix ans à Lambessa (Algérie) par application du décret du 8 décembre 1851.

Mais la décision ne fut probablement pas appliquée, du moins totalement, car il déclara son premier fils en mairie de Brion le 30 septembre 1862, le second en 1864 et ensuite la mort de son père en 1867. Il était alors toujours maréchal dans la commune où ses deux fils déclarèrent son décès en 1907, le second, Eugène, ayant repris la forge familiale.

Voir Arnault Philippe-Auguste pour la liste des « Marianneux » du département, et pour le groupe de Brion : Billon Louis.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article32224, notice GUILLOT René [Deux-Sèvres], version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 29 janvier 2021.

SOURCES : Arch. Dép. Deux-Sèvres, 4 M 15/4, Registre des jugements du tribunal de Bressuire, année 1856 ; état civil et recensements. — Notes d’Alain Dalançon.

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