GUISOL François

Né le 3 février 1803 à Brignoles (Var), mort à Nice (Alpes-Maritimes), le 28 décembre 1874. Ouvrier tanneur, pamphlétaire, journaliste.

Homme du peuple, Guisol fut à la fois un socialiste à la mode de 1848 et l’un des chefs du mouvement niçois pour le rattachement de Nice à la France, en 1860. En 1848, il fit imprimer son Pouèma naciounal o discours liberal au pople moun fraire (en dialecte d’Oc du comté de Nice : Poème national ou discours libéral au peuple mon frère) de 36 pages. Il s’y intitulait fièrement : « oubrié » (ouvrier) et se montrait impitoyable adversaire de l’administration de la dynastie de Savoie.
Le grand mérite de cet autodidacte original est d’avoir mis le vocabulaire nissart le plus dru au service des paysans et des artisans niçois, jusque sur la scène théâtrale pour laquelle il écrivit des scènes populaires truculentes de la vieille ville.
Épigrammes et satires abondant en son œuvre, il fut emprisonné maintes fois par la police sarde. Frondeur incorrigible, il composa vers la fin de sa vie son testament politique en 210 vers : Lou Ricordativi dau 1814 au 1871 (Le Mémorial de 1814 à 1871) où il passe en revue les tribulations et les souffrances du peuple niçois sous l’administration piémontaise, fidèle à l’esprit de la Sainte-Alliance.
Il faisait circuler ses libelles en dialecte et en français — il n’utilisa jamais l’italien — par des « piétons » ou colporteurs allant de localité en localité, et son action fut très importante auprès des ouvriers et des bergers, lesquels pratiquaient la transhumance vers le Var et les Bouches-du-Rhône.
Son œuvre journalistique est tout entière contenue dans le journal La Mensoneghiera (La Menteuse), qui parut d’abord de septembre 1854 à février 1855, puis de 1868 à 1873. Le ton en est violemment anticlérical. Il y dénonce en outre l’inertie de la bourgeoisie du comté de Nice et la lamentable situation économique du comté dans les années cinquante. Il s’y préoccupe d’urbanisme, d’hôpitaux, de maisons de santé, d’hygiène, et ce libéral demeura après l’annexion un ferme partisan de Napoléon III qu’il soutint dans la campagne du plébiscite de mai 1870. En fait, il n’y a pas là de quoi surprendre ; même après le 4 septembre 1870, toute la région conserva sa reconnaissance à l’empereur en tant qu’instrument du rattachement de Nice à la France.
L’administration impériale avait entrepris de moderniser le pays niçois. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 5 400 000 F-or investis par les Sardes, en 46 ans, de 1814 à 1860, 64 millions en dix ans de 1861 à 1870 par le gouvernement impérial. Il faut tenir compte de cela pour comprendre qu’un homme comme Guisol ait été favorable à l’Empire.
En face de l’immobilisme désuet du cabinet de Turin, l’effort de Napoléon III dans le comté de Nice pouvait sembler répondre aux premiers vœux des libéraux niçois.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article32248, notice GUISOL François , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 21 juin 2017.

SOURCES : Archives départementales des Alpes-Maritimes ; dossier Annexion, série M. — Archives Municipales Nice, VII-II-B 53/2422. — Archives du Musée Masséna à Nice (Fonds de Cessole). — Archives de Turin : Correspondance des Intendants sardes.
Biographie rédigée pour l’essentiel par M. André Compan.

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