HÉNON Jacques, Louis

Médecin d’inspiration saint-simonienne et fouriériste. Député de la 2e circonscription du Rhône de 1857 à 1869. Un des Cinq opposants de la période 1857-1863.

Né à Lyon le 31 mai 1802, Hénon mourut à Montpellier le 31 mars 1872. Il était à la fois praticien et botaniste. À ce second titre, il appartint très tôt à l’Académie des Sciences, Lettres et Arts de Lyon.
Républicain de la veille, mais ennemi de la violence et sans lien avec les organisations populaires après la révolution de Février, Hénon échoua aux élections du 23 avril 1848 à la Constituante.
Le 29 février 1852, au scrutin d’arrondissement, il l’emporta dans la 2e circonscription du Rhône (la Guillotière) avec 10.642 voix sur 21.478 votants et 34.738 inscrits, mais il refusa de prêter serment et ne siégea pas. Le candidat officiel Cabias le remplaça le 26 septembre 1852. Mais, le 22 juin 1857, Hénon prenait sa revanche. Il obtenait 11 969 voix sur 22 593 votants et 38 034 inscrits, contre 10 349 voix à Cabias qui était donc battu. Le 1er juin 1863, Hénon conservait son siège avec 20 844 voix sur 30 177 votants et 44 430 inscrits quand Cabias n’en avait plus que 8 980.
Par contre, le 24 mai 1869, Hénon succombait peu glorieusement avec 6 936 voix devant le républicain Bancel qui en avait 16 953. Et, dans le cadre du département du Rhône, le 8 février 1871, il était battu avec 41 625 voix sur 117 523 votants.
La grandeur et la décadence du médecin Hénon s’expliquent fort bien par les positions des ouvriers lyonnais.
En 1852, Hénon avait pris l’engagement de ne pas prêter le serment ; les socialistes le soutinrent, et dans les ateliers il fut entendu que, pour prévenir toute fraude, on voterait le second jour en fin de journée, et que des hommes de confiance surveilleraient le dépouillement. Les bulletins au nom du Dr Hénon, d’autre part, furent glissés sous les portes, de nuit. Il n’y eut ni réunions ni publicité. Ce fut donc un chef-d’œuvre d’organisation, et la réussite, due aussi à des votes bourgeois que la modération du docteur et botaniste n’effrayait pas, fit grand honneur avant tout au sens de l’action disciplinée chez les ouvriers lyonnais de la circonscription.
Nul ne pensait que le Dr Hénon sortirait victorieux des urnes en 1857. Les ouvriers assurèrent encore son succès, l’usure du régime lui apportant sans doute aussi un contingent renforcé de voix bourgeoises. Mais pour les conservateurs lyonnais et autres, le soutien des ouvriers avait été essentiel. Quand, au Corps législatif où il siégeait après prestation de serment, la tactique des démocrates devant le serment ayant changé, Hénon écrivait une lettre, on supposait que c’était là un des nombreux messages qu’il adressait aux ouvriers révolutionnaires de Lyon et à leur vieille société secrète des Voraces.
L’activité très générale de Hénon au Corps législatif, entre 1857 et 1863, avec Darimon, Jules Favre, Émile Ollivier et Ernest Picard, porta sur l’administration de Paris et surtout sur l’administration de Lyon. Nul doute qu’elle lui conquit des électeurs dans toutes les classes sociales pour son triomphe de 1863. Et l’effondrement de 1869 fut dû au rapprochement de Hénon, et de Darimon plus encore, avec l’Empire, sous les auspices d’Émile Ollivier.
Et en 1869, les ouvriers de la Guillotière firent preuve de moins d’unité, la majorité assurant le succès de Bancel, une minorité soutenant Raspail.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article32407, notice HÉNON Jacques, Louis , version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 20 février 2009.

SOURCES : I. Tchernoff, Le Parti républicain au coup d’État et sous le Second Empire. — Georges Weill, Histoire du Parti républicain. — Robert, Bourloton et Cougny, Dictionnaire des Parlementaires français.

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