HUART Jules, Alexis

Né le 2 mai 1821 au Chesne (Ardennes), mort le 31 janvier 1871 ; marié avec trois enfants ; journaliste à Charleville ; exilé après le 2 décembre 1851 ; franc-maçon.

Cette photo en Vénérable devrait dater au plus tard de son départ de la loge en 1869

Il avait épousé, le 28 août 1844 à Neuville-Day (Ardennes), Catherine Germain (1817-1875), fille d’un notable, propriétaire-vigneron, juge de paix et maire du village. De ce mariage étaient nées trois filles.

Jules Huart fonda à Charleville, en 1842, un journal radical et anticlérical Le Propagateur, qui devint en 1848 Le Propagateur républicain, feuille démocratique répandue partout, par les soins des cabarets socialistes en particulier, et qui tirait à 3 000 exemplaires. Son journal, victime de la censure judiciaire, collectionna les condamnations. Le 27 septembre 1849, 100 frs d’amende pour refus d’insérer une réponse ; le 18 février 1850, 1 000 frs d’amende pour délit de presse ; le 24 juin 1850, 200 frs d’amende pour diffamation ; le 8 juillet 1850, 500 frs d’amende pour délit de presse ; le 18 juillet 1850, 200 frs d’amende pour délit de presse ; le 3 août 1850 frs d’amende, 1 mois prison pour délit de presse.

Huart soutint, en avril 1848, la candidature à la Constituante du gendre de Michelet, Dumesnil, jeune radical légèrement teinté de socialisme, et en décembre, la candidature du général Cavaignac à la présidence de la République.

Huart mena une active campagne en 1850 contre la loi restrictive du suffrage universel, fit signer des pétitions au siège du Propagateur, et inséra dans ses colonnes le texte même d’une pétition. En mai, Le Propagateur fut saisi. Le parquet entama des poursuites à propos d’une quantité d’articles. Il s’agissait le plus souvent d’emprunts à des publications parisiennes. Aussi Huart fut-il acquitté le 8 juin par la cour d’assises, mais, le 28 octobre, en correctionnelle, les amendes tombèrent dru sur Le Propagateur qui fut obligé de disparaître en 1851.

Inquiété suite au coup d’État du 2 décembre, il fut condamné, par la commission mixte des Ardennes, à la surveillance, motivée par le commentaire suivant : « Opinions très avancées. Ruiné. Assez influent. Tous les individus proposés pour la mise en surveillance appartiennent tous, plus ou moins, à des sociétés secrètes et sont considérés comme les chefs du parti socialiste dans leur commune ».

Il préféra l’exil à la surveillance et se réfugia à Jersey et à Londres. Franc-maçon, il appartint à la loge des proscrits « les Philadelphes ». Il figurait en 1866 sur la liste des membres de la loge en congé. À cette date il était de retour à Paris, où il occupait la dignité de Vénérable de la loge « l’Acacia ».

Il bénéficia, le 23 février 1853, d’une grâce qui lui permit de revenir en France à Paris, où il s’installa secondairement comme imprimeur. En 1865 il résidait 4, rue du roi de Sicile (IVe arr.). En 1870, alors qu’il était toujours imprimeur à Paris, il fut nommé commissaire de police au quartier de l’hôpital Saint-Louis à dater du 28 septembre 1870. Il habitait alors Paris, 35 rue Grange aux Belles (Xe arr.).

Quatre mois plus tard, le 31 janvier 1871, il mourut d’un cancer à l’estomac. Dans le journal Le Rappel du 6 février 1871, n°604, un entrefilet dans la rubrique « Les on-dit du Rempart » signala sa mort :

« On nous annonce la mort d’un citoyen qui fut un instant la terreur de l’empire.
Jules Huart, expulsé par le coup d’État, s’était réfugié à Jersey. Un jour, il quitta l’île. Aussitôt, le préfet de police Maupas trembla de tous ses membres.
 
Il fit un rapport où il signalait Huart comme un homme « capable par son fanatisme démagogique de se porter à tous les crimes ». Il était parti « avec un vieux passeport, et tout portait à penser qu’il pourrait bien être un de ces émissaires chargés d’épier une occasion favorable pour attenter aux jours de l’empereur ». Ce Maupas fit chasser et traquer Huart par toute sa meute. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article32554, notice HUART Jules, Alexis, version mise en ligne le 20 février 2009, dernière modification le 25 novembre 2020.
Cette photo en Vénérable devrait dater au plus tard de son départ de la loge en 1869

SOURCE : Arch. Dép. Ardennes, 1 U 1017. — Bnf, Fichier Bossu fiche 1, Fichier Bossu fiche 2. — André Combes, « Des origines du Rite de Memphis à la Grande loge des Philadelphes, 1838-1870 », Chroniques d’histoire maçonnique, n° 34, 1er semestre 1985. — Jean-Claude Farcy, Rosine Fry, « Huart - Jules », Poursuivis à la suite du coup d’État de décembre 1851, Centre Georges Chevrier - (Université de Bourgogne/CNRS), [En ligne], mis en ligne le 27 août 2013. — Notes de Michel Cordillot, Robert François (dont photos), Jean-Pierre Elie, Gauthier Langlois.

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