DILLENSEGER José [DILLENSEGER Joseph, Jean, dit]

Par Michel Gorand

Né le 28 juillet 1924 à Alger (Algérie), mort le 2 mars 2018 à Dijon (Côte-d’Or) ; conducteur électricien ; président de l’Union Sud Est des cheminots CFTC en 1963 ; membre du conseil de la Fédération des cheminots CFTC puis CFDT (1956-1967).

Le père de José Dillenseger, syndicaliste de la CGTU, participa à la grande grève de 1920 au dépôt de Constantine. José Dillenseger, d’une famille de quatre enfants, débuta comme apprenti au chemin de fer algérien en 1939 et, à l’issue de son apprentissage, fut affecté à la réparation des locomotives.

En été 1943, il devança l’appel, fut affecté au centre de formation des engins blindés à Constantine puis s’engagea dans le premier bataillon de choc avec qui il débarqua en Corse en octobre 1943 pour la libération de ce département. Débarqué le 15 août 1944 à Sainte-Maxime, José Dillenseger participa à la libération de Toulon (Var) en septembre 1944, à celle de Lyon (Rhône) puis de Dijon (Côte-d’Or) et de Belfort (Territoire-de-Belfort) en novembre 1944. Bloqué par la neige pendant un mois dans les Vosges, il participa à la libération de Colmar (Haut-Rhin) en février 1945. Blessé à Karlsruhe en avril 1945 et évacué en France, il fut démobilisé six mois plus tard. José Dillenseger se maria en octobre 1945 avec Jeanine Spraul ; ils eurent cinq enfants qui seront militants à leur tour.

Ayant demandé sa mutation des chemins de fer algériens, il fut affecté au dépôt de Dijon-Perrigny comme ajusteur, avant d’être nommé chauffeur de route en 1946. En raison des concours passés en Algérie au temps de son apprentissage, il lui fut proposé de suivre l’école de maistrance à la SNCF, ce qu’il refusa en raison de son engagement ouvrier.

Syndiqué à la CGT depuis 1942, il démissionna lors de la scission de 1947 et adhéra à la CFTC, où il milita aussitôt pour l’unité d’action. Il découvrit également l’engagement chrétien et à partir de 1949 milita, avec son épouse, à l’Action catholique ouvrière (ACO). Avec elle, il milita également politiquement au Mouvement populaire des familles (MPF), syndicalement à la Confédération syndicale des familles (CSF) en 1966. José Dillenseger s’engagea également dans le Mouvement de la paix dès 1946, au Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP), à la Ligue des droits de l’Homme (LDH), à l’Union des gauches socialistes (UGS) et au Parti socialiste unifié (PSU), pour lequel il fut candidat aux cantonales de 1967 à Gevrey-Chambertin, puis aux législatives en 1968.

Côté syndical, José Dillenseger fut le responsable CFTC puis CFDT du dépôt de Dijon-Perrigny pendant de nombreuses années, responsable de la commission technique Agents de conduite du secteur de Dijon, membre de la commission technique nationale dans les années 1960-1970. Il siégea au comité fédéral CFTC au titre de la commission technique de 1956 à 1964. Il participa à la réalisation d’un guide Roulants et organisa des sessions spécifiques Roulants sur la solidarité interprofessionnelle pour l’Union Sud-Est dans la période 1958-1960.

Au congrès d’Union à Vichy en octobre 1963 il fut élu président de l’Union Sud Est des syndicats de Cheminots CFTC en remplacement d’André Allanot. Il participa aux actions internes pour la déconfessionnalisation de la CFTC pour que le syndicat prenne position pour la paix en Algérie, puis pour l’indépendance. En 1961, il participa au comité Audin, soutint un jeune militaire dijonnais et manifesta à Dijon contre la torture en Algérie.

Menacé de mort par l’OAS en 1961, il organisa en avril 1962, avec d’autres personnes de religions différentes, une action non violente de quinze jours de jeûne public pour la paix en Algérie. José Dillenseger fut de toutes les batailles syndicales, telles les grandes grèves de 1953 et 1968, mais aussi contre la Veille automatique avec maintien d’appui (VACMA), favorisant la conduite à agent seul.

Élève mécanicien en 1953, il fit toute sa carrière comme conducteur électricien, de 1955 à juillet 1974, au dépôt de Perrigny. Il représenta la CFDT au comité mixte du dépôt mais aussi au comité mixte professionnel régional Matériel et Traction (MT) Sud-Est. Il fut membre du bureau de l’Union départementale CFDT de Dijon de 1966 à 1968. Dans les congrès syndicaux, il se montrait partisan acharné de l’unité d’action mais il intervenait régulièrement sur des sujets pointus : limitation des mandats syndicaux, émancipation de la femme, contre les guerres coloniales, contre le nucléaire, contre le pouvoir personnel, etc.

José Dillenseger fut élu au conseil fédéral des cheminots CFDT lors du congrès de janvier 1965. À la retraite, il fut élu, en janvier 1977, secrétaire général de l’Union régionale des cheminots retraités CFDT de la région Bourgogne-Franche-Comté. Il milita, dès 1974, à l’Union fédérale des cheminots retraités (UFR) et fut réélu conseiller UFR lors du congrès de mai 1978.

Il il fut membre du PS et candidat aux municipales de Dijon en 1989 et 1995. Mais surtout, il s’engagea, à partir de 1956, dans le combat contre le proxénétisme, l’esclavage sexuel et la prostitution, créant dès 1975 un comité de liaison des associations abolitionnistes qui devint association internationale en 1999, regroupant une vingtaine d’associations et dont José Dillenseger devint le président au début de 2002.

Titulaire de la croix de guerre 1939-1945, il renvoya son livret militaire au président de la République en 1980 en solidarité avec les objecteurs de conscience qui procédèrent alors à cette action.

José Dillenseger est mort le 2 mars 2018 à Dijon, son épouse était morte le 21 mai 2017.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article3268, notice DILLENSEGER José [DILLENSEGER Joseph, Jean, dit] par Michel Gorand, version mise en ligne le 7 mars 2018, dernière modification le 15 septembre 2021.

Par Michel Gorand

SOURCES : Arch. CFDT. — Fichier adhérents PSU. — Les élections législatives de 1958, La Documentation française. — Notes de Gilles Morin. — Correspondance avec le militant, 2002. — Déclaration effectuée le 26 janvier 1977 à la mairie de Dijon.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable