DISSERT Joseph

Par Jean-Pierre Kintz

Né le 24 décembre 1893 à Uhlweiler (Bas-Rhin) dans une famille de cultivateurs, mort le 30 septembre 1975 à Strasbourg (Bas-Rhin) ; militant UPR et syndicaliste chrétien.

Après la mort des parents laissant quatre petits orphelins qui furent élevés à Dauendorf par la famille, Joseph Dissert fréquenta l’école communale de Dauendorf (Bas-Rhin). Apprenti-serrurier à Reichshoffen de 14 à 17 ans, il fut alors engagé dans une entreprise de construction métallique de Strasbourg-Koenigshoffen. Un accident le contraignit à abandonner son emploi après un an et il travailla à Fribourg-en-Brisgau chez un serrurier, puis chez un constructeur d’appareils médicaux jusqu’au début de la guerre. Célibataire, il logeait au Foyer du jeune ouvrier de l’association Kolping et il y découvrit le catholicisme social. Il revint alors à Dauendorf travailler à la ferme et s’y maria le 9 octobre 1918.
Réformé à cause de son accident, il ne fut incorporé qu’en 1915. Blessé au poumon la même année sur le front des Carpathes, il fut libéré et vécut à Dauendorf. En 1917, il entra dans les chemins de fer du pays de Bade à Fribourg comme tourneur sur fer puis fut engagé aux ateliers de Bischheim (Bas-Rhin) le 3 janvier 1918 et y exerça le métier de tourneur pendant trente-sept ans et cela lui valut la médaille d’or de la SNCF. En 1939, les ateliers de Bischheim furent évacués à Périgueux (Dordogne), certaines machines furent démontées : les ouvriers fabriquèrent de l’armement et Joseph Dissert des grenades.
En 1919-1920, Joseph Dissert fut l’un des fondateurs du syndicat indépendant des cheminots d’Alsace et de Lorraine d’inspiration chrétienne et il participa aux premières réunions du comité. Le registre des procès-verbaux du syndicat en témoigne : le premier comité, celui du 20 décembre 1919 atteste la présence de Joseph Dissert à la réunion. Lors de l’assemblée des délégués du 21 janvier 1920 qui adopta les statuts du syndicat, Joseph Dissert fut élu trésorier ainsi que deux autres camarades et il demeura caissier pendant quelques années. En mars 1920, il fut l’un des treize travailleurs qui refusèrent de participer à la grève lancée par la CGT et suivie par près de 3 000 ouvriers. Les militants indépendants furent alors considérés comme des « jaunes » par leurs adversaires et, après la grève, les anciens grévistes leur interdirent pendant plusieurs jours le retour sur les lieux de travail. À la fin de 1920, la section était composée de cinquante à soixante adhérents et elle se développa alors. Joseph Dissert fut son président à l’époque où François Schlaudecker présidait aux destinées du syndicat sur le plan régional. Dissert resta à la CFTC après 1964.
Sur le plan politique, Dissert soutint l’UPR Union Populaire Républicaine et participa aux réunions du parti organisées à Strasbourg, Haguenau, Thionville, etc. Il militait aussi dans les rangs de l’Action catholique. Le gouvernement d’Édouard Herriot ayant manifesté son intention de réaliser le programme de laïcité défendu par le Cartel des gauches, les catholiques alsaciens réagirent de diverses façons et Joseph Dissert fut l’un des fondateurs de l’Association de charité et d’éducation populaire créée en 1924 dans la paroisse Saint-Laurent de Bischheim. Elle géra les biens du foyer Saint-laurent dont Joseph Dissert fut le trésorier. C’est en 1939 qu’il emporta dans sa valise les dossiers de la comptabilité à Périgueux, mais non pas ceux du syndicat comme cela a été affirmé par la Revue des Cheminots en 1973. Joseph Dissert était également membre de la conférence Saint-Vincent de Paul et de l’Union catholique des Cheminots.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article3280, notice DISSERT Joseph par Jean-Pierre Kintz, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 21 avril 2012.

Par Jean-Pierre Kintz

SOURCES : Procès-verbaux du syndicat indépendant des cheminots d’Alsace et de Lorraine. Section Strasbourg (conservés par l’Union régional CFTC cheminots, 14, rue de la Course, Strasbourg). — Revue des Cheminots, organe de l’Union des syndicats chrétiens des cheminots d’Alsace et de Lorraine, 50e année, décembre 1969, n° 12 (liste des anciens membres du syndicat). — Revue des Cheminots, organe de l’Union des cheminots CFTC des régions de Strasbourg et Metz, 55e année, décembre 1973, janvier 1974, n° 12 et 1, Édition bilingue. — L’Huillier Fernand : « Remarques sur les grèves de 1920 et de 1936 en Alsace », Bulletin de la Société d’Histoire Moderne, 1972, 15e série n° 3, 71e année.

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